chapitre quarante-six

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— MANCHESTER
1991

AGATHA PASSA les portes de la gare. Voilà deux mois que William était en mission, et la brune avait pu réfléchir à tout ce qu'elle ressentait pour lui.

  En l'aimant, elle avait l'impression de trahir tout ce qu'elle avait pu ressentir pour Kingsley. Mais même lui était déjà passé à autre chose alors il était temps pour elle qu'elle fasse la même chose.

  Elle avait repensé à l'émeute et à ce qu'elle avait ressenti ce jour-là. Et ce n'était pas anodin. A chaque fois qu'elle avait pensé à lui après ce jour-là, elle avait eu un sourire aux lèvres. Elle s'était rendu compte que son absence ces dernières semaines avait été comme un fardeau. Elle ne pouvait plus se passer de sa présence. Elle ne voulait plus se passer de sa présence. Il était temps qu'elle assume ce qu'elle ressentait.

  Quand elle était avec lui, la vie était différente. Et elle aimait cette sensation. Même si elle n'avait pas envie de vivre une relation cachée de la population, elle le ferait pour lui. Même si elle avait peur de la presse à scandale, elle l'affronterait par amour. Et pour ce qui était de ses études, être la copine de William Hamilton serait comme un point bonus. Bien-sûr, elle devrait toujours se tenir à carreaux pour ne pas apparaître dans des articles compromettants. Des couvertures comme « la nouvelle copine de William Hamilton » lui suffisait amplement.

  Agatha s'était donc plutôt bien habillée. Mieux que d'habitude. En entrant dans la base, elle guetta si elle voyait Lydia quelque part. Elle écarquilla les yeux en voyant Jane et Édouard Hamilton, à côté de leur aînée.

  Elle allait les éviter mais trop tard, Lydia venait de la repérer en train de se faufiler à l'opposé d'eux. Ça commençait bien. Lydia rejoint d'un pas rapide Agatha.

  La brune se tourna vers la sœur de William, un sourire amical au coin des lèvres.

  — Viens avec nous, si tu veux.

  — Je ne préférais pas. Tes parents me détestent.

  — Ils ne te détestent pas, Agatha.

  — On n'a qu'à aller voir ça de plus près, répliqua-t-elle en suivant Lydia.

  Maintenant, elle n'allait pas oser avouer ses sentiments à William avec ses parents à lui à côté.

  Jane toisa du regard Agatha, qui arrivait derrière Lydia. Édouard, lui, restait neutre. Il se contentait de regard sa femme dévisager la jeune femme.

  — Je crois que nous ne nous sommes jamais rencontrés, commença Édouard, voyant Agatha pour la première fois.

  — Je ne crois pas. Agatha Landry, enchantée.

  Ils se serrèrent la main. Edouard n'avait pas l'air d'être comme sa femme aux premiers abords. Puis Agatha tendit sa main à Jane, qui ne daigna pas la serrer. La brune lança donc un regard à Lydia, qui lui adressa un regard compatissant.

  Agatha venait toujours retrouver William à la fin de ses missions. Elle savait que c'était aussi important pour lui que ça l'était pour elle. Et c'était bien la première fois que ses parents venaient. Pourquoi étaient-ils ici ? 

  — Vous venez d'où, alors ? William ne nous a jamais parlé de vous, fit Edouard.

  — En fait, je suis née à Manchester, aussi.

  — A combien s'élève votre fortune ?

  Agatha entre-ouvra la bouche. Elle savait très bien que dire la vérité la mènerait à être davantage détestée de cette famille. Elle ne cochait pas les bonnes cases pour sortir avec leur fils.

𝐀𝐆𝐀𝐓𝐇𝐀'𝐒 𝐋𝐎𝐕𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant