chapitre trente-et-un

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— MANCHESTER
1990

COURTNEY PASSA sa main sur le dos de William, le frottant légèrement dans le but de le réconforter. Malheureusement, ça ne lui était d'aucune aide.

— Elle ne voudra plus me parler, soupira-t-il.

— Tu as tellement d'autres filles qui seraient prête à tuer pour toi, pourquoi fais-tu un blocage sur elle ?

— Parce qu'elle n'est pas comme les autres.

Il s'affala contre sa tête de lit. Trois jours étaient passés et il n'avait plus eu de nouvelles d'Agatha. Il pensait à elle dès qu'il se réveillait, à longueur de journée et c'était sa dernière pensée avant de s'endormir. Il ne pouvait plus penser à autre chose qu'à elle. Et ce n'était pas faute d'avoir essayé. Il avait regardé plein de films en espérant se changer les idées mais rien n'y faisait, il ne suivait même pas le film. S'il pouvait, il aurait remonté le temps et fait en sorte de ranger ses affaires pour qu'elle soit fière de lui. Il avait perdu la reconnaissance de la personne qui tenait sans doute le plus à lui. La plupart des autres gens tenaient à son image, mais pas à la personne qu'il était. Même ses amis. Mais il faisait avec, il n'avait pas le choix.

— Elle me fait rire. Elle me rend heureux. Elle m'écoute parler. J'ai besoin d'elle comme j'ai besoin d'oxygène.

— C'est ridicule, tu la connais à peine.

Il secoua négativement la tête.

— Tu ne peux pas comprendre tant que tu ne l'as pas vécu.

— Tu étais cette personne pour moi, William. Tu étais mon Agatha Landry.

Désarçonné, il tourna la tête vers la blonde, qui le regardait déjà.

— Tu pouvais m'écouter parler de moi pendant des heures. On rigolait jusqu'à ce que la fatigue nous emporte. Tu me rendais puissante, comme si j'étais la seule étoile brillante de ton ciel. Tu montrais au monde entier que j'étais la seule fille qui pouvait avoir ton cœur entre ses mains. Et du jour au lendemain, tu m'as remplacé, comme s'il n'y avait jamais rien eu entre nous. Agatha est arrivée et tu m'as délaissé. Peut-être que tu comprends un peu mieux ce que je ressens.

Il ne répondit pas.

— Une relation n'est pas éternelle, ce sont les souvenirs qui sont éternels. Mes souvenirs avec toi sont éternels mais notre relation est un échec. Pourtant, je ne peux m'empêcher de ressentir de l'affection pour toi. Tu m'as rendu heureuse pendant quelques mois et je me dis que toute les bonnes choses ont une fin. Mais c'est douloureux de se faire remplacer. Peu importe par qui, peu importe la raison, mais quand tu as passé autant de temps avec quelqu'un, ça fait mal. Tu m'as rendue heureuse comme tu m'as rendue malheureuse.

— Je... Je ne savais pas.

— Parce que tu n'as pas essayé de le savoir. Tu t'es contenté de passer à autre chose. Et moi, je suis restée.

Il baissa de nouveau la tête, brisant à nouveau le cœur de Courtney. C'était tout ce qu'il avait trouvé à dire après ses aveux. Et c'était blessant qu'il lui porte si peu d'attention après ce qu'elle avait fait pour lui.

— C'est tout ce que tu trouves à dire ? demanda-t-elle.

Il hocha la tête.

— Merci de m'avoir dit ça, reprit-il finalement en plongeant son regard dans le sien. Désolé.

Courtney haussa les épaules.

— Nous allons devoir mettre fin à notre supercherie, lâcha-t-elle.

William détourna le regard vers elle, surpris par ses dires. Non, ce n'était pas le bon moment. Elle ne pouvait pas le laisser tomber comme cela. Mais elle avait aussi ses devoirs et sa vie ne pouvait pas dépendre de son ex-copain.

— Peux-tu développer le pourquoi de tes propos ?

— Je vais en France. On m'a proposé un rôle avec des acteurs connus et ça pourrait vraiment m'aider à faire décoller ma carrière. Le film deviendra sans doute célèbre dans les pays européens, et ça s'étalera aux Etats-Unis, et tout ce qui s'en suit. C'est peut-être la chance de ma vie.

— Mais enfin, tu es déjà connue.

— En Angleterre et en France. Les gens me connaissent parce que je vais chaque année au festival de Cannes. Mais en réalité, nombreux sont les gens qui me connaissent parce qu'ils te connaissent. Et je veux leur montrer qui est Courtney Morreti, l'actrice britannique et non pas la copine de William Hamilton.

— Et pourquoi devrais-tu rompre notre contrat ?

— Parce qu'on n'a rien à faire ensemble.

Le blond se leva du lit, agacé par cette conversation déplaisante.

— Tu ne peux pas me laisser tomber, Courtney. C'est grâce à moi que tu as ce rôle !

Courtney se leva à son tour. Encore une fois, il ne pensait qu'à ses intérêts personnels.

— Ecoute-moi bien. Tu n'es pas le centre du monde, déclara-t-elle d'un ton méprisant. Et je n'aurais jamais dû m'attacher à toi. Je n'aurais pas dû penser que sortir avec toi était la meilleure chose qui pourrait m'arriver. Tu ne vois même pas à quel point tu me fais souffrir ! Tu t'en fiches tellement de ce qu'on peut bien ressentir, tant que ton intérêt personnel est protégé. Je ne veux pas jouer à ce petit jeu plus longtemps. Je pense qu'on va s'arrêter là et qu'on va divaguer chacun de notre côté. J'ai une carrière à pousser vers le haut.

— J'aurais pu t'aider.

— T'aurais dû être content pour moi, sale idiot !

Elle ouvrit brusquement la porte de la chambre avant de la claquer, détalant d'un pas rapide de cette maison qu'elle ne voulait plus jamais revoir. Deux femmes qui claquaient sa porte dans la même journée. Il commençait à croire qu'il n'était vraiment qu'un imbécile.

Publié le 27/09/23

𝐀𝐆𝐀𝐓𝐇𝐀'𝐒 𝐋𝐎𝐕𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant