chapitre trente

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— MANCHESTER
1990

AGATHA TOQUA à la porte d'entrée de l'immense maison de William Hamilton. Elle avait toujours le sentiment d'être un nain de jardin en comparé à cette demeure.

  Jane lui ouvrit la porte. Elle arborait un faux sourire qu'Agatha analysait comme un sourire sincère. Elle était si naïve.

  — William est là ?

  — Il est chez sa petite-amie.

  En réalité, il était dans la salle de sport de la maison. Il n'allait plus à son école d'ingénieur alors il avait énormément de temps pour lui. Tellement qu'il ne savait même plus quoi en faire.

  — Il revient quand ?

  — Ce n'est guère vos affaires.

  Son cœur se mit à battre un peu plus vite. Elle pensait que Jane et elle s'entendaient bien mais cette simple affirmation avait réussi à prouver le contraire.

  — Désolée pour le dérangement alors.

  Sans un mot, Jane ferma la porte au nez de la jeune femme. Agatha fit demi-tour, prête à rejoindre sa voiture, garée dans la rue à côté. Elle avait préféré ne pas entrer dans la propriété. A vrai dire, elle avait sonné au portail et il s'était ouvert. Jane avait suspecté que ce soit Courtney mais avait été très déçue en voyant Agatha.

  La salle de sport était au sous-sol, seule deux petites fenêtres permettaient de donner sur l'allée. Et William fut de suite interpelé par la silhouette mince d'une jeune femme qui semblait quitter l'allée. Il fut d'autant plus surpris quand il reconnut la démarche d'Agatha. Sans attendre une seconde de plus, il monta jusqu'au rez-de-chaussée avant de courir jusqu'à la porte d'entrée. Il avait un haut gris, légèrement humide à cause de la transpiration et un simple short bleu clair à l'effigie de Manchester City. Ce n'était pas une façon digne d'accueillir la femme qu'il aimait mais il avait absolument envie de la voir. Il ne lui avait encore rien dit pour la Royal Navy.

  Agatha se retourna en entendant la porte d'entrée s'ouvrir brusquement. Son esprit s'emplit de questions en voyant William, surtout dans cette tenue.

  — Ta mère m'a dit que tu étais chez Courtney.

  — Elle aime rembarrer les gens, répondit-il avec un grand sourire.

  Il était légèrement essoufflé mais il essayait de ne pas le paraitre devant Agatha.

  — T'as couru un marathon ?

  Raté. Elle l'avait remarqué. En même temps, ses auréoles le trahissaient.

  — J'étais dans la salle de sport.

  — Bizarre, je pensais que tu étais dans le home cinéma, plaisanta-t-elle en faisant allusion à son essoufflement.

  Il pouffa de rire.

  — Je t'aurais bien dit d'entrer mais ça me paraît compromis.

  — J'ai la même impression.

  — Suis-moi.

  Ils la conduisit jusqu'à l'arrière de la demeure. Le jardin était tellement grand. Une grande fontaine était posée au milieu de plusieurs chemins qui bifurquaient chacun vers un côté du jardin. Il y en avait quatre en tout : un vers le Sud, le Nord, l'Ouest et l'Est.

  William s'arrêta devant une vitre.

  — J'ai dû déverrouiller plusieurs fois la fenêtre de ma chambre.

  — Pourquoi ?

  — Tu es trop jeune pour le savoir, répliqua-t-il sur un ton amusé.

  — Dégueu, fit-elle en grimaçant.

𝐀𝐆𝐀𝐓𝐇𝐀'𝐒 𝐋𝐎𝐕𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant