chapitre cinquante-trois

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— MANCHESTER
1991

AGATHA ETEIGNIT la télé après avoir terminé le troisième téléfilm de Noël depuis le début de semaine. Et ce n'était que mercredi.

  Elle avait terminé les cours à midi. Elle avait fait quelques uns de ses devoirs et gardait les autres à faire avant de dormir. Elle arrivait davantage à se concentrer le soir.

  En même temps qu'elle se leva, la sonnette retentit. A ce moment précis, elle avait envie de tout, sauf voir du monde. D'autant plus que William était parti en mission avec la Royal Navy deux jours auparavant. Peut-être était-ce ses parents à elle ?

  Elle ouvrit la porte, se retrouvant face à Kingsley.

  — Salut, commença-t-elle en lui souriant.

  Plus rien ne serait jamais pareil entre eux et ça lui brisait le cœur. Quelque chose s'était fissuré quand ils s'étaient séparés. Et malheureusement, cette fissure était inévitable.

  — Salut, répondit-il, affichant ce même sourire.

  — Entre.

  Elle se décala pour qu'il puisse entrer dans l'appartement. Elle ferma la porte derrière lui. Il était là, debout devant le canapé, les mains dans les poches et l'air mal à l'aise.

  — Tout va bien ? demanda-t-elle en voyant la mine qu'il affichait.

  — J'ai besoin que tu me rendes un service, avoua-t-il.

  Elle lui fit signe de continuer.

  — Je n'ai pas dit à ma mère que j'aimais Antony. Elle pense qu'on fait juste une longue pause dans notre relation, toi et moi. Je me disais que tu pourrais sûrement m'aider à lui dire que c'est fini. Tu as toujours les mots justes.

  Elle resta muette, réfléchissant à ce qu'elle devrait faire ou non dans ce cas précis. L'aider, c'était sûr, mais ce n'était pas tellement à elle d'avouer cela aux parents de Kingsley. Elle allait l'aider à avouer devant sa mère.

  — Je l'ai déjà dit à mon père. Parler de ses sentiments devant une pierre tombale, c'est tellement plus simple.

  Son autodérision la peinait. Elle devait être là pour lui.

...

  Une bonne demi-heure plus tard, Agatha et Kingsley arrivèrent chez ce dernier. Il entra dans la maison et emmena son amie jusqu'au salon. Victor semblait être dans sa chambre.

— Anton et ma mère ne sont pas encore rentrés. On a une bonne dizaine de minutes avant qu'elle ne rentre. Anton il est là dans cinq minutes, lâcha-t-il tellement vite qu'il en perdit sa respiration.

— Respire, suggéra-t-elle.

Il prit une grande inspiration.

— Ça va bien se passer. Je suis là et je ne te lâcherai pas. Tu vas réussir. J'en suis sûr.

— Et s'ils voulaient que je quitte la maison ?

— Tu irais vivre avec Antony.

Il haussa les épaules.

Soudain, la porte de la maison s'ouvrît. Anton entra. Il sourit en voyant Agatha dans la cuisine, accompagnée du métis.

— Qu'est-ce qui t'emmène ici, Agatha ? Je croyais que...

Elle hocha la tête.

— Oui, tu ne t'es pas trompé. On n'est plus ensemble. Mais ce n'est pas pour autant qu'on a coupé les ponts, tu vois. Il restera toujours une partie de ma vie pour moi.

𝐀𝐆𝐀𝐓𝐇𝐀'𝐒 𝐋𝐎𝐕𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant