More than friends

#1. Vie de merde

— Nico ? Réveille-toi, tu vas être en retard !

Ces mots de Sophie me tirent brusquement du sommeil. Résignée, je finis par sortir de mon lit. Sans enthousiasme, je me rends à la salle de bain, où je prends une longue douche, bercée par la musique qui résonne dans la pièce. Une vingtaine de minutes plus tard, je sors, toujours aussi peu motivée.

Face à mon armoire, je me contente de saisir les premiers vêtements qui me tombent sous la main : un jean noir, un T-shirt assorti et un sweat à capuche, lui aussi noir. Je coiffe rapidement mes cheveux, que je cache sous un bonnet, puis j'enfile mes bottes. Enfin, je prends mon sac et descends.

— Bonjour, dis-je d'un ton neutre en entrant dans la pièce.

Sophie, qui s'affaire dans la cuisine, se retourne aussitôt et pousse un profond soupir, comme à chaque fois qu'elle découvre mes tenues.

— Oh, Nico ! Qu'est-ce que c'est que cet accoutrement ? s'écrie-t-elle, une main posée sur son cœur.

— Mon style habituel, répondis-je simplement, sans me donner la peine d'expliquer davantage.

— Mais que vais-je bien pouvoir faire de toi ? murmure-t-elle, l'air exaspéré.

— On pourrait lui raser la tête, non ? Elle aurait enfin l'air d'un garçon, lance Franck en entrant dans la pièce, visiblement satisfait de sa pique.

— Je t'aurais bien répondu, mais comme le dit le proverbe, "on répond aux imbéciles par le silence", répliquai-je avec calme, mais non sans une pointe de défi dans la voix.

— Nicole ! proteste Sophie, indignée.

Je l'ignore et traverse la pièce pour rejoindre la salle à manger.

C'est à ce moment-là que Samantha, surnommée la Barbie du ghetto dans mes pensées, fait son entrée théâtrale. Fidèle à elle-même, elle descend les escaliers vêtue de rose de la tête aux pieds.

— Bonjour, la famille ! s'exclame-t-elle d'une voix enjouée.

— Bonjour, ma puce, répond Sophie avec un sourire.

— Bonjour, ma chérie. Bien dormi ? demande Franck avec tendresse.

— Oui, merci, répond-elle avant de leur offrir à chacun un câlin.

Puis, elle se dirige vers moi, comme si elle s'apprêtait à en faire autant.

— N'y pense même pas, la coupai-je sèchement.

— Toujours aussi aimable, riposte-t-elle avec un sourire sarcastique.

— Et toi, toujours aussi hypocrite, rétorquai-je du tac au tac.

Elle ouvre la bouche pour répondre, mais Sophie intervient pour calmer le jeu. Nous finissons par nous installer à table pour le petit-déjeuner.

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Je m'appelle Nicole Parks. J'ai 16 ans et je suis en terminale. J'ai une année d'avance, ce qui fait dire à mes professeurs que je suis une élève brillante. Moi, je n'en suis pas si sûre.

Il y a trois ans, mon père est mort dans un accident de voiture. Ce jour-là, une partie de moi s'est brisée.

Un an plus tard, ma mère, Sophie, s'est remariée avec Franck Sprink. Depuis, je ne lui pardonne pas. Ce remariage a bouleversé ma vie de manière irréparable.

Franck a emménagé avec sa fille de 17 ans, Samantha, et depuis, ma maison est devenue un champ de bataille. Franck a d'abord tenté de jouer au père de substitution, mais je l'ai vite remis à sa place. Nous vivons désormais dans une guerre froide permanente. Quant à Samantha, elle est aussi insupportable que son père, voire pire. Comme on dit, les chiens ne font pas des chats.

En résumé, ma vie est un véritable cauchemar.
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— Hum, ces pancakes sont délicieux ! Merci, maman, s'extasie Samantha, son sourire factice bien en place.

— De rien, ma chérie, répond Sophie avec douceur.

C'en est trop pour moi. Je me lève brusquement, attrape mon sac et lance :

— À ce soir.

— Attends, Nico, je vais te déposer, propose Franck d'un ton faussement bienveillant.

Je me retourne et lui adresse un regard glacial.

— Non merci. Je préfère éviter de passer le trajet avec un hypocrite. Ça risquerait de déclencher une allergie, répondis-je avec un sourire aussi faux que celui de sa précieuse fille.

Il reste interdit, mais je soutiens son regard sans ciller. Puis je tourne les talons et quitte la maison.

Alors que je marche en direction de l'arrêt de bus, une voix familière m'interpelle.

— Tiens donc, ne serait-ce pas ma princesse obscure ?

Je me retourne, un sourire éclairant mon visage.

— Milo !

— Pour te servir, répond-il avec un clin d'œil.

Milo, c'est mon meilleur ami, mon pilier dans ce monde chaotique. Il a 17 ans, un an de plus que moi, et en plus d'être mon voisin, il est mon inséparable compagnon de classe.

Il s'installe à mes côtés.

— Comment tu vas ? demande-t-il.

— Mal, comme toujours, répondis-je, exagérant volontairement ma mine sombre.

Il rit et passe un bras autour de mes épaules. Nous marchons ainsi, en silence, jusqu'à l'arrêt de bus.

— Pourquoi tu n'es pas venue hier à l'anniversaire de Cassidy ? demande-t-il soudain.

— Oh, tu me connais. Je préfère éviter les soirées où je risque de servir de bouc émissaire.

— Mais non ! Cassidy t'apprécie beaucoup, tu sais.

— Toi, peut-être. Moi, pas du tout.

Cassidy, c'est la fille qui ferait n'importe quoi pour attirer l'attention de Milo. Elle me déteste, mais devant lui, elle joue les amies modèles.

Dans le bus, je trébuche soudain sur un pied tendu délibérément. Je manque de tomber, mais Milo me rattrape juste à temps.

Évidemment, ce pied appartient à Cassidy.

— Oups ! Désolée, Nico. Je ne t'avais pas vue, lance-t-elle d'un ton faussement innocent.

— Oh, ne t'inquiète pas, Cassidy. Ce n'est pas comme si ma tenue était voyante, répondis-je avec ironie.

— Exactement, réplique-t-elle, satisfaite.

Je serre les poings pour ne pas exploser et vais m'asseoir à ma place habituelle, suivie de Milo.

— Milo ! Viens t'asseoir à côté de moi, minaude Cassidy.

— Non merci, je reste avec Nico, répond-il, sans détour.

Cassidy me dévisage un instant avant de répondre à Milo avec un sourire pincé :

— Oh, je vois... Pas de problème.

Bien sûr. Comme si elle en pensait un mot.

Le bus démarre, et je m'installe à ma place habituelle. Sans un mot, je pose ma tête sur l'épaule de Milo, un geste devenu une routine entre nous. C'est ma façon de me détendre et d'oublier, ne serait-ce qu'un instant, le chaos de ma vie.

*