dix-sept

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« J'étais certaine d'aller décrocher cette putain de médaille aux JO. [...] Il ne peut pas l'abandonner. Il a déjà eu trop d'occasions manquées. »

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dix-sept.

samedi vingt août
deux mille seize.

20 & 19 ans.

Sur la plage de Copacabana, le soleil ne va pas tarder à atteindre son point culminant. C'est sûrement le pire horaire de départ que l'organisation des Jeux olympiques de Rio pouvait mettre en place. Louise ne peut s'empêcher de piétiner le sable déjà brûlant sous ses pieds en attendant de rejoindre la ligne de départ. Sa gorge est sèche et elle sait qu'il lui faudra attendre d'être sur son vélo pour s'hydrater intelligemment.

Le coup de pistolet sonne comme une libération. Son corps se met spontanément en mouvement dans une danse qu'il connaît par cœur. Et dès lors qu'elle plonge dans l'océan, il n'y a plus de place ni pour la peur, ni pour l'appréhension. Elle sait pertinemment ce qu'elle a à faire. Prendre du plaisir pour tenter de faire la meilleure course possible.

Plus jeune athlète de la compétition, la française n'a aucun objectif de médaille, elle qui a réalisé seulement quelques mois plus tôt ses premiers exploits dans la cour des grands. Participer est déjà sa victoire. Mais en tant que compétitrice, il est évident que son rêve de tutoyer les étoiles est toujours présent, même si elle sait qu'elle n'est pas prête à faire la différence face aux géantes de son sport.

Alors qu'elle enchaîne les coups de bras pour rester au contact, Louise voit la plage se rapprocher. Son enfer personnel va commencer. Alors, elle tente de calmer son rythme cardiaque. Faire une bonne natation. Réaliser une belle course à pied. Et ne pas chuter à vélo. C'est simplement ce qu'on lui a demandé.

Elle essaye de mettre de côté tout le stress qui a entouré cette dernière semaine et de chasser les ondes négatives qui ont fait suite à la déception de Vincent de ne pas accrocher un podium olympique. Le cador de l'équipe de France a longtemps été aux avant-postes avant de manquer d'explosivité pour boucler la fin du parcours de course à pied. Une septième place amère et une désillusion immense.

Et si Louise a laissé son mentor digérer son échec, elle l'observe de loin, curieuse de voir comment le champion qui était l'un des favoris de la course se relèvera. C'est une certitude, il reviendra plus fort. Alors elle attend patiemment qu'il éprouve le besoin de venir lui en parler, se tenant prête à l'écouter. Elle a, avec Vincent, cette relation particulière, où l'aîné de l'équipe de France a pris sous son aile la benjamine.

Il a veillé à l'intégrer et désormais c'est très régulièrement qu'ils s'appellent pour échanger et programmer des entraînements ensemble. Et si leurs premières conversations tournaient essentiellement autour de leur sport, ils se sont très vite liés d'amitié, évoquant tous les sujets pouvant le plus s'éloigner du triathlon.
Une échappatoire à la pression grandissante de ces derniers mois.

Mais les mains de la blonde s'appuient déjà dans le sable pour se redresser. Alors elle abandonne ses pensées dans l'océan. Il est temps de se concentrer.

Elle connaît ses faiblesses. Louise a fait une très bonne natation, accrochant facilement le groupe de tête. Mais lorsque le peloton amorce l'imposante côte de la boucle avant de plonger dans une descente raide et technique, elle sait déjà que le mince espoir de titre ou de médaille s'est envolé. Elle n'a pas les capacités de suivre le rythme imposé et à des milliers de kilomètres de là, Pierre se ronge les ongles devant sa télé en voyant son amie se faire distancer.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant