dix-neuf

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« Je te veux toi. Je t'ai toujours voulu toi. »

...

dix-neuf.

samedi dix décembre
deux mille seize.

20 & 19 ans.

Les épaisses couches de neige craquent sous leurs pieds. Ils contemplent le paysage immaculé, dépourvus de mots qui pourraient exprimer la beauté qui s'étend sous leurs yeux.

« T'es prête ? demande Pierre en laissant tomber ses skis au sol.

- On y va doucement hein ? murmure la jeune femme en l'imitant. Pas de chute, pas de ligaments croisés et pas de journée qui se termine a l'hôpital.

- Que des pistes vertes et quelques bleues, affirme-t-il en ajustant ses lunettes. Je ne ferai rien qui puisse gâcher notre premier week-end en amoureux. »

Le cœur de Louise s'accélère à l'entente de ces mots. Ils ont échangé leur premier baiser il y a deux semaines à peine. Peut-être que ça va beaucoup trop vite. Peut-être que c'est simplement l'explosion de ce doux sentiment qui a mûri avec les années. Et peut-être que ce ne sont que des mots qui reprennent ce surnom que leurs frères se plaisent à leur donner.

Avant de chausser ses skis, Pierre s'approche de sa belle tout en ôtant l'un de ses gants. Ses doigts effleurent les mèches blondes entremêlées en deux tresses qui reposent sur ses épaules. Ses mains remontent jusqu'à ses joues rougies. Il la sent frémir au contact de ses paumes encore chaudes sur la peau fraîche. Il fixe ses pupilles bleutées qui s'ancrent dans les siennes. Mon Dieu, ce qu'elle est belle !

« Je te l'avais bien dit. Elle l'interroge du regard. Que ce serait à moi de dire que j'étais amoureux. »

Et il dépose chastement ses lèvres sur les siennes. Ce geste anodin suffit à allumer un brasier au creux de la poitrine de la triathlète, faisant taire toutes ses pensées. Elle ne répond rien, elle n'en a pas besoin. Son copain est aussi son meilleur ami, et il sait qu'elle a simplement besoin d'un plus de temps pour exprimer ce qu'elle ressent. Et peut-être qu'elle le fait juste différemment en se contentant de laisser glisser son nez sur celui du châtain dans une tendre caresse.

« Premier arrivé en bas, s'écrit-elle en chaussant ses skis d'un air déterminé.

- T'avais dit doucement, reproche Pierre en s'empressant de se lancer à sa poursuite. »

Il entend le rire de la jeune femme qui se concentre pour descendre la piste le plus proprement possible. Le tout jeune couple s'est accordé un week-end à la montagne pour se retrouver et s'évader à la suite d'une saison particulièrement chargée. Ce n'est pas pour autant qu'ils doivent en oublier les risques de se blesser. Leurs entraîneurs les tueraient.

Le normand sait que Louise est angoissée par cette idée. Alors, au lieu de se lancer à vive allure et de faire la course comme il en aurait l'habitude, il réfrène sa soif de compétition et reste docilement dans les lacets que la blonde trace dans la neige fraîche. Et si Pierre devait se justifier, il raconterait qu'il n'a pas changé mais qu'il lui laisse simplement le temps de reprendre ses marques pour pimenter le défi qu'ils se sont lancé.

Et il ne doit pas attendre bien longtemps avant que Louise se prête au jeu, retrouvant cette sensation de glisse qu'ils aiment tant. La vitesse, l'adrénaline. Des éléments qui les galvanisent toute l'année. Et qu'ils ne peuvent simplement pas taire une fois la saison terminée.

Le normand voit une nouvelle fois la victoire lui échapper lorsque la blonde le double après un magnifique dérapage sur sa droite. Déconcentré, le pilote perd l'équilibre à cause d'une bosse non anticipée. Il tente vainement de rattraper la situation avant de se laisser tomber lourdement dans la neige. Ses lèvres laissent échapper un cri de surprise et il a le temps d'apercevoir la jeune femme inquiète tourner soudainement la tête vers lui. Ce geste brusque la déstabilise à son tour et voilà qu'elle chute brutalement, roulant dans la neige fraîche.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant