cinquante-et-un

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cinquante-et-un.

lundi vingt-huit août
deux mille vingt-trois.

Pierre fixe le gobelet en carton d'un air de dégoût avant d'en avaler son contenu d'un trait. Il grimace face à l'amertume du café, mais il en a besoin pour rester éveillé. Il soupire en se laissant tomber sur une chaise en fer forgé présente dans la salle d'attente.

Il regarde autour de lui. Le personnel est pressé, traversant les couloirs au pas de course. Les patients ont l'air abattus, fatigués d'avoir attendu une nuit entière. L'odeur de l'aseptisant pique ses narines. Les néons grésillant diffusent une lumière désagréable pour ses yeux qui n'ont pas assez dormi. Ses mains passent sur son visage alors qu'il pousse un profond soupir, comme s'il essayait de comprendre les événements qui l'ont conduit à se retrouver ici.

Les vomissements de Louise ne s'arrêtaient pas. Ses vagues de spasmes non plus. Elle a toujours tout minimisé, allant jusqu'à dire qu'elle ne souffrait pas. Mais le pilote la connaît. Et c'est ce qui l'a conduit à la traîner jusque dans un taxi pour se rendre à l'hôpital où ils ont patienté un long moment avant d'être pris en charge. Ils attendent les résultats de la batterie d'examens que la jeune femme a subie.

Le pilote ne tarde pas à rejoindre la chambre qu'on lui a attribuée. Il est soulagé de constater qu'elle dort à poings fermés grâce aux médicaments que les soignants lui ont administrés. Alors à son tour, il se laisse tomber sur le large fauteuil, s'autorisant à fermer les yeux quelques instants. Il se promet d'être présent. Mais pour cela, il doit récupérer dès qu'il en a la possibilité.

Ses paupières papillonnent une demi-heure plus tard alors qu'il sent de l'agitation dans la chambre. Une armée de médecins en blouse blanche quittent la pièce, visages fermés, laissant la jeune femme en sanglots qu'elle peine à retenir. De façon précipitée, Pierre la rejoint, se faisant une place sur le lit pour l'attirer contre lui. Il prend le temps de la bercer et de la consoler, l'intimant de sécher ses larmes.

Il voudrait prendre toute sa douleur. La porter à sa place. Mais il est impuissant. Alors il fait du mieux qu'il peut pour être à ses côtés.

« Pierre... souffle-t-elle.

- Je suis là. Je te promets que ça va aller. On va trouver, affirme-t-il en tentant d'être positif.

- Qu'est-ce qui va pas chez moi ? demande la jeune femme en fixant ses mains tremblantes, comme si elle pouvait y trouver une réponse. »

Le normand place deux doigts sous son menton pour croiser son regard bleuté. Il semble brisé, désemparé. Et ça lui fend le cœur. Parce qu'il la connaît si joyeuse. Si légère. Si heureuse.

« Ne dis pas de bêtises, oppose-t-il en écrasant ses lèvres sur sa tempe, t'es parfaite.

- T'en sais rien.

- Je te connais Louise. Je te vois.

- Ils disent que le problème vient de là, dit-elle en frappant son front de son index.

- Quoi ? »

Il a un mouvement de recul incontrôlé, sous le choc de ce qu'elle vient d'avancer. Il a imaginé bien des scénario. Cette nuit à attendre, il l'a consacré à chercher tous les diagnostics possibles sur internet en sachant très bien que ce n'était ni sain, ni productif. Mais voilà, Pierre a besoin de réponses. Il a besoin de garder le contrôle, de savoir ce qu'il se passe pour se préparer à la suite.

« Ils disent que c'est psychiatrique.

- Mais... Enfin, ils ne connaissent pas ton dossier.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant