vingt-neuf

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« Dis-moi seulement qu'on va franchir cette ligne d'arrivée et qu'on va aller chercher cette nouvelle victoire ensemble.
- Tous les deux, main dans la main. »

...

vingt-neuf.

dimanche six septembre
deux-mille vingt.

24 & 23 ans.

Une libération. Accompagnée d'une immense frustration.

Il n'existe aucun mot pour décrire ce que la française ressent en franchissant cette ligne d'arrivée en première position, sous de maigres applaudissements. Au vu des circonstances, le public allemand n'est pas venu nombreux. Et sans être autorisée à prendre ses concurrentes dans ses bras pour les féliciter, la triathlète est rapidement conduite dans la zone réservée aux interviews.

Les larmes coulent sur ses joues mais elles sont loin d'avoir la même saveur que celles de ses précédentes victoires ou que celles de son précédent titre. C'est la fin d'une année compliquée qui s'est jouée en une seule course pour l'obtention du titre de championne du monde.

Une pandémie qui a plongé le monde dans le silence, le laissant à l'arrêt. Des Jeux olympiques reportés. Si ce n'était pas l'objectif d'une vie, c'était au moins celui de ces quatre dernières années.

Lorsque la nouvelle est tombée, Louise n'a pas hésité longtemps avant d'acheter un billet d'avion pour suivre Pierre, parti se confiner à Dubaï avec son préparateur physique. S'entraîner. Se concentrer sur ce qu'il était possible de faire, dans l'espoir que la saison 2020 reprenne.

Mais dans cette période troublée, le sport était loin d'être l'élément le plus important.

Et face à l'incertitude, le couple s'est retrouvé. Ils ont passé du temps ensemble, comme jamais cela ne leur avait pas été accordé depuis de nombreuses années. Des journées entières passées l'un à côté de l'autre, à partager des séances de sport, à découvrir les exercices de l'autre, à faire des jeux de société, à lire, à regarder des films, à se concentrer sur ce qui comptait. Se concentrer sur eux. Rien que sur eux.

Profiter d'une vie à deux.

Puis, reprendre leurs vies en Europe, sans voir leurs proches pour ne pas risquer d'être contaminés. Se séparer pour s'entraîner. Pour la triathlète, garder la motivation sans échéance ou objectifs concrets. Pour Pierre, repartir sur les circuits, enchaîner les Grands Prix.

Évidemment Louise est déçue. C'est un tout autre titre qu'elle aurait espéré gagner sur une course sèche. Celui de championne olympique. Mais elle doit se réjouir. Aujourd'hui, pour la deuxième fois de sa carrière, pour la deuxième année consécutive, elle remporte le titre de championne du monde. Une victoire qui fait du bien au moral après cette année chargée en rebondissements et en difficultés.

Alors, elle tente de se réjouir. La veille, elle passait déjà une médaille d'or autour du cou de ses copains de l'équipe de France avec lesquels elle venait de remporter le relais. Et puis aujourd'hui, il y a eu ce nouveau miracle et cette performance incroyable. Léo, son copain d'entraînement à Saint-Raphaël, signe une troisième place, pour son premier podium en championnat. Et dans quelques minutes, deux Marseillaises retentiront dans le parc olympique de Hambourg. Vincent a une nouvelle fois réalisé, lui aussi, une performance d'anthologie. Et elle a hâte de serrer son meilleur ami dans ses bras pour ce moment historique qu'ils partagent à nouveau tous les deux.

Ce sont ces émotions là qu'elle confie au journaliste qui lui demande ses sensations et son bilan de ces deux jours de compétition. Elle répond aux différents média, souriant derrière son masque pour montrer sa satisfaction après une course réussie.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant