quarante-trois

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quarante-trois.

samedi quatre mars
deux mille vingt-trois.

Dans la chaleur étouffante de Baïhren, Louise s'extirpe de l'aéroport avec une médaille supplémentaire dans ses bagages. Elle interpelle un taxi pour rejoindre son hôtel puis le circuit automobile aux côtés de Vincent, invité lui-aussi par l'écurie française.

Elle a hâte de retrouver Pierre et de lui montrer sa breloque de bronze acquise au prix de nombreux efforts douloureux pendant la course de la veille. Elle voit cette troisième place comme une victoire après des mois compliqués et elle veut lui dédier avec plaisir parce qu'elle est persuadée qu'il était avec elle par la pensée. Le fait que le parcours reprenne le tracé de Formule 1 d'Abu Dabi lui a permis de se sentir en parfaite communion avec le pilote qui veillait sur elle, à quelques centaines de kilomètres de là.

Et malgré sa joie, elle tente de se contenir. Elle est avant tout présente pour le soutenir pour cette première course de la saison. Dans quelques heures, le normand partira bon dernier, suite à des résultats décevants en qualification. Et s'ils ont échangé quelques messages pressés la veille, la jeune femme a hâte de le serrer dans ses bras pour lui souhaiter bonne chance.

« Je suis content de voir que ça va mieux entre vous, souffle le triathlète qui l'accompagne.

- Tu m'as toujours encouragée à maintenir le lien.

- Parce que je pensais que ce vous aviez méritait vraiment d'être sauvé.

- Merci de m'avoir aidée à voir qu'il y avait des braises qui pouvaient encore être ravivées. C'est juste que des fois, je me dis que s'il n'y avait pas eu le... enfin si je n'étais pas tombée enceinte, on n'en serait pas là, soupire-t-elle.

- Vous vous étiez retrouvés avant ça, glisse le brun dans un sourire malicieux. Il vous restait des trucs à régler, mais-

- Il nous en reste toujours, le coupe-t-elle.

- Mais il est présent pour toi. Et heureusement, ajoute-t-il sous le regard noir de son amie. De toute façon, si j'avais eu, ou que j'ai encore le moindre doute, je peux faire appel à ma botte secrète.

- Tu m'en diras tant... Et en quoi ça consiste ?

- Léo a élaboré un plan, expose sérieusement le brun.

- Un plan ? Elle lève un sourcil, dubitative.

- Pour faire comprendre à Pierre qu'on ne fait pas du mal à notre petite sœur. »

Si elle a envie de protester pour la forme face à ses pratiques archaïques et de clamer haut et fort qu'elle est très bien en mesure de se défendre par elle-même, Louise n'en est pas moins extrêmement touchée. Son cœur se sert et elle reste sans voix face à ce terme employé par le français. Elle les considère comme tels, c'est une certitude. Depuis qu'elle a rejoint le collectif France, elle a noué des liens très forts avec les deux cadors de l'équipe qu'elle estime énormément et qu'elle voit plus que ses propres parents. C'est paradoxal dans un lieu réservé à la compétition. Et pourtant il y a des exception.

Vincent, Léo et elle.
Charles et Pierre.

La triathlète est persuadée qu'elle ne pourra jamais être assez reconnaissante pour tout ce que la vie lui a donné jusqu'à présent. Elle est la benjamine de trois frères. Et comme si cela n'était pas déjà assez pénible, quatre autres se sont mis sur son chemin. Aujourd'hui, elle en compte deux de plus et Louise est heureuse de faire partie de cette grande famille qui lui prouve tous les jours qu'elle tient à elle.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant