quarante-neuf

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quarante-neuf.

lundi vingt-et-un août
deux mille vingt-trois.

Le ciel est déjà d'un bleu immaculé à cette heure de la journée. Sous les pins landais, Pierre et Louise profitent de la légère brise matinale pour courir quelques kilomètres. Un entraînement léger qu'ils se doivent de maintenir même pendant cette courte période de vacances qui leur a été accordée.

Ils sont arrivés la veille. Bien qu'évincée du relais pour être préservée de sa fatigue toujours présente, la normande a tenu à rester jusqu'au bout pour soutenir ses coéquipiers. Après une séance de dédicaces mettant en avant le collectif français, les deux ont pris la route pour rejoindre leurs amis de Normandie, dans une maison louée pour une semaine.

Le réveil aux aurores s'est rapidement imposé pour pouvoir profiter au maximum du petit groupe qu'ils ne voient pas assez à cause de leur emploi du temps chargé. Mais c'est bien loin de les déranger. Les deux athlètes profitent de ce moment pour se retrouver, échanger sur leurs sensations et sur la suite de leur saison avant de clore le sujet pour la journée.

Alors qu'ils atteignent la moitié du parcours défini pour aujourd'hui, Pierre note que la jeune femme ne cesse de jeter des coups d'œil inquiets à la montre qu'elle porte à son poignet gauche. Ses lèvres sont pincées. Son visage crispé. Tant de signes que son corps ne devrait pas adopter lors d'un jogging de récupération.

« Qu'est-ce qui se passe Loulou ? T'as oublié de déclencher ta montre ? demande-t-il en tentant l'ironie. Ou tu n'as plus de batterie ?

- On peut... on peut juste ralentir un peu ? demande-t-elle dans une grimace.

- T'es sûre que ça va ? se préoccupe le pilote en s'arrêtant net.

- Mais oui, ne t'inquiète pas. »

Ils reprennent quelques foulées mais Louise sent le regard du normand peser sur elle. Alors elle enfonce ses ongles dans les paumes de sa main, et tente de plaquer un sourire sur son visage.

« Pierre, je te jure, c'est bon ! On peut juste rentrer.

- Tu oublies vite que je te connais par cœur, souffle-t-il.

- Et toi, tu oublies vite que je cours plus vite que toi, renchérit-elle avant d'accélérer pour le distancer. »

Pierre s'empresse de répliquer. Elle est meilleure que lui. Ce n'est plus à prouver. Mais cela n'empêche pas son esprit compétitif de s'efforcer de vouloir relever le défi qu'elle vient de lui proposer.

« J'ai failli t'attendre, lance la blonde alors qu'il arrive finalement à son niveau.

- T'es certaine de vouloir me provoquer ?

- Toujours. »

Ils maintiennent le rythme, l'augmentant progressivement jusqu'à arriver à un sprint final qu'aucun des deux ne veut perdre. Ils fixent l'horizon, puisant dans leur détermination pour remporter un point de plus dans cette compétition qui les anime depuis leur plus tendre enfance. Au bout de quelques mètres, le normand entend les foulées de la jeune femme ralentir. Pendant quelques secondes, l'idée lui vient que c'est une manigance pour le déconcentrer et prendre le dessus. Mais il sait qu'elle est loin d'en avoir besoin. Alors il ralentit, avant de se tourner vers elle. Il note immédiatement ses traits grimaçants.

« Hey Lou', t'as mal quelque part ? demande-t-il légèrement inquiet.

- Non, dit-elle en portant sa main à sa tempe, juste un début de crampe et... et un début de mal de tête.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant