deux

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Dans la chaos, elle ne perçoit que son pilier. Celui-là même qui lui a toujours promis d'être présent, à ses côtés, pour l'éternité.

...

deux.
vendredi six avril
deux mille un.

5 & 4 ans.

La cour de récréation de l'école maternelle grouille de rires et de cris. Sous l'œil attentif des enseignants, les enfants laissent libre cours à leur imagination en s'adonnant à des jeux tout droits sortis de leur esprit. Le problème avec ces divertissements, c'est que personne n'en connaît vraiment les règles.

« À vos marques. Un. Trois. Dix. Partez ! s'époumone un élève au sourire édenté. »

À l'entente du signal de départ, deux gamins aux starting-blocks se redressent et se lancent dans une course effrénée sous les encouragements de leurs camarades euphoriques. À la surprise générale, la fillette prend de l'avance sur le châtain, ravivant les cris et les applaudissements de quelques-unes de ses copines de classe.

Mais alors que le demi-tour s'annonce, elle perd du temps à contourner l'arbre qui sert de point de repère alors que le garçon se contente de le frôler du bout des doigts pour repartir de plus belle. La petite à la chevelure dorée s'emploie à accélérer pour tenter de le rattraper. Elle a l'impression d'y parvenir, plongeant sur la ligne d'arrivée pour être certaine de la franchir avant lui, quitte à se prendre une belle gamelle.

Louise se redresse sans verser la moindre larme suite à sa chute. Elle soupire en contemplant son jean troué mais sourit, jugeant que la victoire valait bien une petite réprimande de sa maman.

« Et le vainqueur est... Pierre ! proclame à la suite d'un suspens insoutenable l'enfant qui s'est improvisé arbitre, incitant le petit groupe à aller ovationner le châtain.

- N'importe quoi ! hurle la perdante désignée. J'l'ai rattrapé ! Et puis d'abord, t'as triché ! Elle crie à l'injustice en pointant son adversaire du doigt. T'as pas fait le tour de l'arbre.

- C'était pas dans les règles, réplique le garçonnet en adoptant un air fier.

- Il a raison ! C'est lui qui a gagné. T'es nulle de toute façon, renchérit une petite qui répond au prénom de Sarah.

- Tu dis ça juste parce que t'es amoureuse de lui ! lance la blonde pour se défendre.

- N'importe quoi !

- On recommence, déclare Louise.

- Non, j'ai gagné, affirme le châtain.

- T'as peur ?

- Il a pas peur d'une fille, réplique un élève en se moquant d'elle. »

La blonde platine serre ses petits poings. Elle déborde d'énergie et a parfois du mal à contenir toutes ses émotions, ce qui entraîne quelques débordements. Elle a gagné, elle en est persuadée. Elle est prête à éventuellement concéder un match nul pour prendre sa revanche maintenant que les règles sont clairement établies mais Louise ne supporte pas de s'être fait ravir la victoire alors qu'elle la tenait. L'injustice lui est insupportable, d'autant plus qu'elle a l'impression de la subir au quotidien avec ses trois grands frères.

« T'es qu'une poule mouillée ! provoque-t-elle.

- T'as dis quoi ?

- Poule. Mouillée, répète-t-elle en appuyant sur chaque mot. »

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant