trente-cinq • trente-six

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trente-cinq.

dimanche vingt-sept novembre
deux mille vingt-deux.

C'est sous le soleil de plomb d'Abu Dabi que Louise en termine avec la dernière course d'une saison qui a bien trop duré. Elle s'écroule sur le tapis bleu, son corps qu'elle n'a cessé de maltraiter et de ne pas écouter vient de lâcher.

Les visages et le paysage tournent autour d'elle tandis qu'elle essaye de se relever, aidée par un bénévole chargé de libérer la ligne d'arrivée. Tous les bruits environnants grésillent à ses oreilles. La jeune femme n'a plus vraiment conscience du lieu où elle se trouve. Son champ de vision s'assombrit.

Et elle s'effondre sur le sol. Elle sombre dans l'inconscient, cédant à cette douce sensation de se sentir bien pour la première fois depuis des semaines.

Autour d'elle, les athlètes s'agitent, appelant un médecin à l'aide et lui soulevant les jambes pour faire passer le malaise. On lui apporte de l'eau et des serviettes glacées pour réguler la température de son corps soumis à la chaleur.

Les commentateurs sont sans voix. Jamais ils n'auraient pensé voir la grande Louise Leroy tomber. Des contre-performances et des résultats décevants sur les trois dernières courses de la saison qui lui ont coûté son quatrième titre consécutif de championne du monde. Alors, les deux journalistes cherchent des explications. Ils en ont besoin. Parce que tous pensaient qu'elle viendrait écrire encore un peu plus son nom en lettres d'or au palmarès du triathlon mondial.

Quatre titres de championnats du monde.
Personne ne l'a fait. Elle non plus, n'y est pas parvenue.

La française se réveille à l'infirmerie, encore groggy. Elle a froid et aimerait retrouver ce monde qu'elle vient de quitter alors qu'il était rempli de chaleur et qu'il lui procurait tant de bien-être. A ses côtés, un membre du staff français qui échange sur son état de santé avec Vincent et Léo, tous deux soucieux. D'un même geste, ils se retournent sur elle en poussant un profond soupir, soulagés de la voir éveillée.

« T'es pas en train de chanter la Marseillaise ? demande-t-elle d'une voix rauque et déshydratée alors que le référent de l'équipe tricolore s'éclipse après lui avoir adressé un sourire chaleureux.

- Je voulais que tu sois là pour m'applaudir, sourit le benjamin qui vient de gagner la course, remportant au passage son premier titre mondial.

- J'aurais manqué ça pour rien au monde. »

Elle tente de se redresser mais une grimace se dessine immédiatement sur son visage. Louise porte sa main à son front douloureux et migraineux.

« Hey, vas-y doucement la belle aux bois dormant, la stoppe Vincent en lui tendant un verre d'eau. Elle le remercie d'un regard et boit de petites gorgées fraîches. Tu ne nous referas pas la même quand tu seras perchée sur le podium ? »

Louise fronce les sourcils. Elle a tout donné pour sauver l'honneur. Un effort qui l'a menée aux portes du top dix et qui est bien insuffisant pour conserver son titre.

« T'es troisième au général, explique le plus jeune. Tout le monde t'attend pour la cérémonie. Les athlètes ont refusé de commencer sans toi. »

Malgré son immense déception, un léger sourire naît sur le visage de la blonde. Ils sont concurrents. Mais ils ont tous un profond respect les uns pour les autres. Chacun d'entre eux connaît le prix à payer pour arriver à ce niveau dans cette discipline qui demande tant de sacrifices et d'heures d'entraînement que peu sont prêts à faire. C'est même pour cela qu'ils font des groupes d'entraînement et vivent ensemble. Leur compétitivité n'est pas un frein. Au contraire, c'est quelque chose qui les pousse à progresser, à s'améliorer, à travailler, et à devenir meilleur.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant