soixante-et-un

221 24 64
                                    

soixante-et-un.

dimanche dix mars
deux mille vingt-quatre.

Un sac de course sous le bras, Louise s'engouffre dans l'ascenseur d'un air jovial. Pierre ne doit pas tarder à rentrer d'Arabie saoudite, et elle a hâte de le retrouver après avoir passé plus de deux semaines séparés.

Le dimanche est normalement son jour de repos. Mais réveillée à l'aube, la jeune femme ne supportait plus de tourner en rond dans l'appartement et elle s'est donc décidée à se vider la tête par le seul moyen qu'elle connaît. Elle est allée nager. Puis, déterminée, elle a enchaîné avec une séance de renforcement musculaire. Elle sourit en s'imaginant s'accorder dans la semaine une grasse-matinée supplémentaire dans les bras de son pilote.

Louise pénètre dans l'appartement. Les baskets au milieu de l'entrée lui indiquent clairement que Pierre est déjà arrivé. Elle laisse ses affaires derrière elle et guidée par le bruit, elle se dirige dans la cuisine où il s'affaire à préparer le déjeuner. Elle vient coller son corps à son dos et laisse glisser ses mains autour de ses hanches pour l'attirer contre sa poitrine. Enfin, elle se hisse sur la pointe des pieds pour planter un baiser sur son épaule et dans sa nuque.

« Tu m'as manqué chaton, souffle-t-elle.

- Ça fait du bien d'être de retour à la maison. »

Pierre est heureux depuis qu'il a déménagé à Milan, il y a quatre ans, pour se rapprocher du siège de son écurie. C'est une ville où il se plaît bien que, jusqu'à présent, il n'y passait que peu de temps, à cause de son emploi du temps chargé, des échéances de Louise qu'il rejoignait aussi souvent que possible et des autres contraintes liées à ses sponsors. Mais depuis que la normande a emménagé avec lui, c'est un sentiment différent qui l'habite à chaque fois qu'il regagne la ville italienne. L'impression d'être véritablement à la maison. Et l'envie de s'y réfugier dès qu'il en s'éloigne parce qu'il sait que quelqu'un l'y attend, même s'il aimerait qu'elle puisse être ailleurs, en train de réaliser ses rêves.

« T'es rentré depuis longtemps ? murmure Louise.

- Assez pour te préparer un petit poulet curry coco pour que tu récupères de ton entraînement supplémentaire. »

Il pivote et passe son bras libre autour de son épaule pour l'amener à lui. Il embrasse le sommet de son crâne alors que la caractéristique odeur de chlore s'infiltre dans ses narines. De son autre main, il lui tend une cuillère pleine de sauce pour l'inviter à goûter ce qu'il vient de cuisiner.

« Bah... grimace-t-elle, c'est pas du curry ça Pierrot.

- Bien sûr que si ! »

Il porte à son tour le couvert à sa bouche et, constatant son erreur, se saisit du pot encore présent sur le comptoir. Curcuma. Dans un long soupir d'exaspération, le normand lève les yeux au ciel en reposant la seule épice que Louise déteste.

« Tu crois qu'un jour, je saurais cuisiner ?

- C'est pas faute d'avoir essayé de t'apprendre. Allez, pousse-toi, intervient-elle en lui donnant un petit coup de coude, laisse-moi réparer tes bêtises. J'ai laissé des courses dans l'entrée, tu peux t'en occuper ? lui demande-t-elle en le remerciant d'un chaste baiser. »

Elle attache ses cheveux détachés dans un rapide chignon. Quelques mèches humides témoignant de sa séance matinale s'échappent de sa coiffure. Louise se lave consciencieusement les mains avant de se hisser sur la pointe des pieds pour sortir plusieurs épices du placard. Elle tire même la langue pour accompagner son effort. Puis elle ajoute quelques ingrédients au plat, en remuant avec attention.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant