soixante

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soixante.

samedi neuf février
deux mille vingt-quatre.

La douce mélodie du réveil flotte dans la chambre pour indiquer les sept heures. À contre-cœur, Louise s'éloigne du corps chaud de Pierre pour attraper son téléphone posé sur la table de chevet. Elle éteint la sonnerie avant de retrouver la chaleur de son lit et du corps de son compagnon.

« Qu'est-ce que tu fais ? grogne ce dernier.

- Je me rendors dans tes bras, dit-elle en déposant un tendre baiser sur sa barbe piquante.

- Et ta séance matinale ?

- J'ai le droit de faire l'impasse aujourd'hui, soupire-t-elle en se blottissant un peu plus fort contre lui pour l'inviter à retrouver le sommeil.

- Et en quel honneur ? »

D'un air vexé, la jeune femme se redresse, cherchant à déchiffrer le regard de Pierre dans la pénombre. Elle le dévisage. Et s'il ne peut pas le voir, il sait pertinemment que ses sourcils sont froncés en se demandant pourquoi il tient tant à la provoquer de si bon matin.

« Je t'ai déjà fait loupé l'entraînement hier, s'explique-t-il.

- C'est pas vraiment comme si j'avais un planning à respecter, soupire-t-elle. Et puis, je croyais que je forçais trop.

- Justement, je vais t'accompagner pour m'assurer que tu sois raisonnable. »

Louise se fige un instant. Elle n'arrive pas à y croire. Elle est obligée de chercher à tâtons la lampe de chevet pour s'assurer qu'il ne lui fait pas une mauvaise blague. Elle râle, sans-y parvenir. Alors, elle se rabat sur l'interrupteur qu'elle actionne pour plonger la pièce dans une lumière aveuglante sous les plaintes du pilote.

« T'es sérieux ? demande-t-elle en examinant son visage pour détecter toute once de mensonge.

- Bien sûr, c'est ta journée chat.

- Tu sais que tu vas devoir mettre un slip de bain ?

- Tout compte fait... Non, il repousse le doute qu'elle vient d'insinuer dans ses pensées. Mais t'es sûre qu'on ne peut pas trouver une autre solution que la piscine municipale ? Un établissement privé par exemple ? suggère-t-il. Tu sais, ça peut être gênant si on me demande des photos.

- Ne t'inquiète pas chaton, souffle-t-elle, personne ne te reconnaîtra avec un bonnet et des lunettes sur la tête. »

Elle ponctue son affirmation par un chaste baiser planté sur ses lèvres avant de délaisser de lit et de rejoindre la salle de bain pour se changer. Alors qu'elle finit de coiffer ses mèches en une rapide et unique tresse, Pierre la rejoint, se collant à son dos. Ses mains glissent sur ses hanches pour se nouer sur sa taille. Leurs yeux bleus se fixent dans le miroir.

« Bon anniversaire chat, il murmure en l'attirant dans un tendre baiser. »

...

Leurs cheveux humides sont cachés sous des bonnets épais, leurs membres frigorifiés emmitouflés dans de gros manteaux. La température avoisine les cinq degrés. Mais malgré le froid, Pierre et Louise ont insisté pour s'installer en extérieur et profiter du soleil et du ciel éclatants qui représentent un vrai petit bonheur en ce mois de février.

Le couple savoure ce brunch italien amplement mérité après leur effort matinal où la technique de Pierre a été maintes et maintes fois remise en doute. Et face à ses réactions, la triathlète ne se souvient pas avoir autant ri pendant un entraînement. Mais c'est dans cette bonne humeur qu'ils se délectent de chaque bouchée des piadina garnies aux œufs brouillés et au miel d'acacia qu'ils ont commandées. Ils se laissent ensuite aller à la dégustation d'une salade de jambon de pays surmontée de sa burrata crémeuse avant de terminer par une salade de fruits d'hiver pour la note sucrée.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant