vingt-deux

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« Ils ont, tous les deux, des rêves à accomplir. »

...

vingt-deux.

mercredi vingt-sept septembre
deux-mille dix-sept.

21 & 20 ans.

Louise a arrêté de compter les sonneries. L'attente lui semble interminable. Alors dès que son appel est décliné, elle s'empresse de raccrocher pour appuyer à nouveau immédiatement sur le nom de la personne qu'elle tente vainement de joindre. Elle n'a que faire de laisser un message vocal. Ça ne lui donnera pas les réponses à ses questions.

Elle est à nouveau sur messagerie. Elle s'énerve toute seule, jetant des coups d'œil à sa valise à moitié défaite et à son compteur de vélo d'appartement qui ne fait que la notifier d'une accélération de son rythme habituel. Elle tente sa dernière chance. Après, elle sera dans l'obligation de prendre une décision.

« Treize appels manqués ? résonne une voix dans le combiné. Je sais que tu m'aimes chat mais il y a des limites... C'est presque du harcèl-

- Ça vient de toi, n'est-ce pas ? le coupe-t-elle d'une voix implacable.

- De quoi tu parles ?

- Pierre ?!

- Louise ? réplique-t-il. »

Elle devine son sourire et son air malicieux à son ton. Et elle sait aussi pertinemment que ce petit jeu peut s'éterniser dans le temps. Or, elle n'en a aucunement la patience.

« Tu peux me dire pourquoi j'ai reçu un billet pour la Malaisie dans mes mails ?

- C'est plutôt bien la Malaisie, tu ne trouves pas ? la provoque le châtain.

- Ça a l'air super chouette ! dit-elle ironiquement. Mais je n'avais pas prévu de prendre l'avion dans trois heures.

- T'es pas chez toi ?

- Si mais-

- Je serais toi, je me dépêcherais de faire ma valise. Tu as une correspondance à Paris, précise-t-il, si mes parents ne te retrouvent pas à l'aéroport, ils risquent de prendre un autre vol ou de venir te chercher et de te coller de force dans un avion.

- Ma valise est presque prête, l'informe la jeune femme. Tes parents vien-

- Alors pourquoi je devine que t'es en train de pédaler sur ton home traîner ? »

C'est une habitude. Un vieux réflexe que Louise adopte dès qu'un sentiment de panique s'éprend d'elle. Elle a alors trois solutions pour évacuer ce stress. Aller nager. Courir. Ou pédaler. Dans tous les cas, se dépenser et forcer son esprit à se concentrer sur autre chose pour éloigner le problème, ou au contraire, prendre du recul et y voir un peu plus clair.

« C'est pas une blague ? s'assure-t-elle d'une petite voix en arrêtant son effort.

- Pourquoi ça le serait ?

- Pourquoi tu veux que je vienne soudainement en Malaisie ?

- J'ai besoin d'une raison pour avoir envie de voir ma copine ? l'interroge-t-il.

- Et t'étais obligé de prendre la Business ?

- Tu mérites le meilleur.

- Pierre, qu'est-ce qu'il se passe à la fin ? soupire-t-elle.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant