quarante-et-un

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TW : Dans ce chapitre, on parle d'IVG. Si le sujet vous touche, n'hésitez pas à passer directement au suivant. À tou·tes, gardez en tête que ce n'est qu'un témoignage parmi tant d'autres et que l'intervention peut être vécue très différemment d'un·e patient·e à l'autre. Chaque corps et chaque esprit réagissent à leur manière.

quarante-et-un.

jeudi neuf février
deux mille vingt-trois.

« Tu as pris les anti-douleurs ? demande le pilote en déposant un verre d'eau sur la table basse.

- Oui, dès qu'on est rentré, affirme Louise.

- Tu veux qu'on mette un film ou une série, il jette un coup d'œil à la jeune femme, assise en tailleur sur le canapé. Ou tu veux peut-être rester tranquille ?

- Je... Je crois que j'ai besoin de penser à autre chose. Je veux bien que tu mettes un film. »

Pierre se contente d'acquiescer. Il s'installe à ses côtés sur le sofa et pianote sur la télécommande à la recherche de quelque chose pour les occuper. Il attrape ensuite une couverture pour s'assurer que la triathlète soit à l'aise. Cette dernière se saisit de la gélule et du gobelet, puis prend une grande inspiration.

« Me regarde pas comme ça.

- Je suis là, c'est tout. »

A son tour, elle hoche la tête avant d'avaler le comprimé à l'aide d'une gorgée d'eau fraîche. Son visage s'étire en une légère grimace et elle se laisse tomber contre les épais coussins.

« T'es pas obligé de rester tu sais, souffle-t-elle.

- J'ai dit que je serai là pour te soutenir.

- Ça peut prendre jusqu'à trois jours.

- Si c'est le cas, tu crois que je vais te laisser souffrir toute seule dans ton coin ? réplique-t-il un sourcil interrogateur. Et dans la majorité des cas, le médecin a dit qu'il fallait attendre quatre heures. »

Elle ne répond rien. Elle se contente de retenir ses larmes et de trouver la paume du pilote. Louise n'est pas capable d'exprimer à quel point elle lui est reconnaissante d'avoir chamboulé son planning pour rester à ses côtés. Ces derniers jours ont été des plus étranges. Ils ont tous les deux fait comme si de rien était, vivant l'un auprès de l'autre, sans jamais évoquer ce sujet tabou qui leur brûle les lèvres mais qui passe au second plan devant leurs préoccupations actuelles.

« Pierre, tu pourrais... »

Alors que le second film touche à sa fin, elle se redresse pour croiser ses yeux bleutés qui la regardent intensément.

« Non, laisse tomber, dit-elle en se blottissant à nouveau contre lui et en ramenant l'orque en peluche tout près de sa poitrine.

- Dis-moi.

- Tu veux bien me faire des tresses ?

- Tu vois que les miennes sont si jolies que tu les réclames, se moque le châtain. Ne bouge pas, je vais chercher le matériel. »

Il ressort rapidement de la salle de bain, une brosse et des élastiques dans les mains. Louise s'est déjà installée sur le tapis épais et le normand prend place dans son dos. Il prend grand soin de coiffer sa longue chevelure blonde avant de s'appliquer à réaliser cette tradition qui les a toujours apaisés. Il n'a pas tout à fait terminé lorsque Louise commence à ressentir les premières crampes dans son bas ventre. Elle sert les poings tant qu'elle le peut, désirant repousser l'échéance encore un peu.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant