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« Elle a de la chance de t'avoir. »

...

sept.

vendredi trois avril
deux mille neuf.

13 & 12 ans.

Il fait encore frais en ce matin de printemps. Les deux adolescents accélèrent le pas. Ils sont en retard pour se rendre au collège en cette dernière journée avant les vacances de Pâques. De sa main, Pierre cache un long bâillement qui trahit sa fatigue due à l'accumulation des entraînements et des premières compétitions. Louise est dans le même état que lui et ils ont tous les deux hâte de pouvoir se reposer bien qu'ils sont tous les deux conscients qu'ils vont surtout profiter des deux semaines suivantes pour s'adonner complètement à leur passion.

S'entraîner. Se perfectionner. Parce qu'ils veulent voir leurs chances optimisées.

Ils ont compris que désormais, seul le travail compte. Ils sont talentueux, on ne cesse de leur répéter. Mais ils ont à l'esprit que c'est loin d'être assez parce qu'un jour, la motivation seule ne fera plus la différence.

C'est à ça qu'on reconnait les grands champions.

Et ça ne leur pose aucun problème. Parce qu'ils savent pourquoi ils cherchent toujours à se dépasser. Et parce qu'ils mettent un point d'honneur à aimer s'entraîner. C'est là la clef de la performance et de l'efficacité.

« Allez Pierre... se plaint la jeune fille. Dépêche-toi ! On va vraiment être en retard. »

Elle s'en veut déjà assez de l'avoir mis dans cette situation. Elle n'a que très peu dormi, elle s'est sentie barbouillée une partie de la nuit et malgré ses supplications, Pierre a refusé de partir sans elle sur le chemin du collège. C'est leur tradition matinale, faire le trajet ensemble pour échanger et se retrouver. Ils parlent de tout, de rien. De leurs objectifs, du contenu de leurs séances, des filles qui courent après Pierre, des garçons que Louise prend un malin plaisir à continuer de provoquer. C'est leur moment, celui où ils peuvent tout partager.

« J'arrive, grommelle-t-il en terminant de refaire son lacet. »

Louise a déjà avancé de quelques pas quand il s'apprête à se redresser. Il lève les yeux et se stoppe net dans son geste, la bouche bée, sans savoir quoi faire. La blonde se retourne vers lui et pousse un long soupir.

« T'as besoin d'aide ? demande-t-elle.

- Lou' tu...

- Je quoi ?

- Tu saignes, l'informe-t-il.

- De quoi tu parles ?

- T'as une... Il se pince les lèvres, maladroit. Une tâche au... au niveau des fesses, répète-t-il gêné. »

C'est au tour de la jeune femme de rester sans voix. Elle pose soudainement ses mains sur son postérieur, comme si elle pouvait le cacher. Sa respiration se fait plus rapide et ses yeux commencent doucement à briller. Pierre panique à son tour, choquée de voir son amie se mettre dans cet état sans vraiment comprendre pourquoi.

« Non... Non... Non... répète Louise en se retenant de sangloter. Pas maintenant !

- Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- J'ai mes règles, Pierre ! lâche-t-elle en éclatant en pleurs.

- Tes quoi ?

- Mes règles. »

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant