trente-sept

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trente-sept.

samedi vingt-quatre décembre
deux mille vingt-deux.

« Lou', tu peux mettre la table s'il-te-plaît ? demande sa mère en lui tendant une pile d'assiettes tandis que la jeune femme acquiesce d'un signe de tête.

- Noah vient finalement ? Marie balance la tête de gauche à droite. Tu m'as donné deux assiettes de trop alors.

- J'ai invité Jean-Jacques et Pascale, explique-t-elle. Ils étaient tout seuls, les garçons sont chez leurs belles-familles. Ils n'arrivent que dans deux jours. »

La blonde acquiesce et s'exécute. Elle met les différents éléments sur la table, essayant d'oublier le goût amer qu'apporte ce Noël. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle n'a jamais passé les fêtes sans lui. Et ce sentiment de solitude est exacerbé par le fait que ses propres frères n'arriveront que le lendemain.

Satisfaite de sa tablée soigneusement décorée, Louise laisse échapper un profond soupir. Elle se dirige ensuite vers la cuisine dans laquelle sa maman s'affaire depuis le début de l'après-midi. N'ayant pas besoin de son aide, la triathlète regagne sa chambre afin de se préparer pour la soirée de festivités. Elle jette un dernier coup d'œil à son reflet dans le miroir en effaçant d'un geste de main la buée condensée sur la glace lorsqu'elle entend la sonnerie retentir dans la maison et s'apprête à aller saluer les invités.

« Bonsoir. »

La jeune femme se fige en entendant cette voix rauque. Elle est au milieu des escaliers. Quelques marches ont grincé sous son passage et ses parents se tournent vers elle alors qu'elle se trouve incapable de bouger. Les doigts de sa main droite se serrent autour du bois de la rambarde tandis que la gauche est plaquée contre le mur pour maintenir son équilibre.

« Entrez, invite finalement Gilles, le père de famille, en reculant de quelques pas pour dissiper le malaise. Tu viens dire bonjour Loupiotte ? »

La blonde a l'impression d'être de retour à une époque où elle avait six ans à peine. Mais la vérité, c'est que même à cet âge-là, elle n'a jamais été désemparée face à Pascale et Jean-Jacques. Et encore moins face au jeune homme qui se tient entre eux.

Pierre.

« Je vais ajouter une assiette, ajoute Marie face au manque de réaction de sa fille puis elle se dirige vers la salle à manger, son mari et le couple d'amis à sa suite. »

Les yeux de Pierre se posent sur la jeune femme qui se mord la lèvre inférieure alors qu'elle se trouve encore au milieu des escaliers. Elle finit par descendre les marches avec une extrême lenteur, comme si elle avait peur de s'écrouler à chacun de ses nouveaux pas. Elle sent le regard du pilote parcourir son corps et elle cherche une différence. Parce que depuis six ans, il y a dans ses pupilles du désir, de l'amour, de la fierté. Avant cela, il y avait plein de choses, mais surtout de l'amitié.

Et aujourd'hui, elle ne sait plus lire à travers ses pupilles bleutées. Elle n'a aucune idée de ce qu'il pense de sa robe fluide et noire à paillettes, des manches transparentes qui laissent apparaître ses bras et du dos nu plongeant qui l'a fait craquer pour cette tenue. Elle est incapable de dire comment il trouve sa nouvelle coupe regroupant ses mèches blondes dans une longue tresse qui constitue un chignon sophistiqué. Elle ne saurait dire s'il voit ses cernes sous son maquillage qui met en valeur ses yeux océans.

« Salut, dit finalement Pierre en rompant maladroitement ce silence pesant qui s'est installé entre eux. Désolé, je... je... Je pensais que tu étais au courant.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant