« Pendant quelques secondes, il se demande comment il aurait surmonté ce week-end sans elle. Et il s'aperçoit qu'elle a toujours fait le déplacement. »
...
vingt-sept.
samedi trente-et-un août
deux mille dix-neuf.23 & 22 ans.
Les cloches de l'église sonnent, indiquant quatorze heures. La chaleur est insoutenable dans la ville suisse alors que Louise tente de faire redescendre son rythme cardiaque et de détendre chacun de ses muscles avant le départ. Elle a encore des frissons en repensant aux cris de joie du clan français lorsque son ami, Vincent Luis, a franchi la ligne d'arrivée, offrant pour la première fois le titre de champion du monde à son pays.
Aujourd'hui, il a marqué l'histoire.
Et en tant que leadeuse au championnat, on s'attend à ce qu'elle fasse la même chose.
Le doublé français qui écrirait leurs noms en lettres d'or dans le palmarès de la discipline, à un an des Jeux olympiques.Mais la jeune athlète ne peut se permettre de se laisser gagner par la pression. Alors pour s'apaiser, elle porte son regard sur l'eau du lac de Lausanne qui scintille sous les rayons du soleil. C'est le calme avant la tempête. C'est tout ce qu'elle aime.
Elle prend une grande inspiration et se concentre sur les ordres du starter. Dès que son corps entre en contact avec l'eau, toutes ses craintes sont oubliées. Elle nage pour se faire plaisir. Elle pédale pour ne rien regretter malgré le parcours exigeant. Et elle court comme si sa vie en dépendait.
Le mauvais pressentiment qui l'a empêchée de trouver un sommeil paisible cette nuit s'est envolé. La peur de la panne mécanique disparue. Parce que si cela devait arriver, elle aurait la satisfaction d'avoir tout donné.
Depuis qu'elle a partagé à ses entraîneurs son appréhension née au creux de son estomac à la veille de la course, on lui parle de points et de classement. On calcule son avance. On lui donne les positions qu'elle doit tenir si telle ou telle concurrente vient à la devancer.
Mais alors qu'elle entame cette dernière boucle de course à pied et qu'on lui donne les écarts, Louise sait que la victoire ne peut lui échapper. Et elle n'a pas perdu une seule seconde à réaliser des calculs faramineux. Elle voulait juste courir ; donner le meilleur d'elle-même. Se faire plaisir. Terminer sa saison sur une victoire pour décrocher le titre.
Elle efface la dernière difficulté du parcours avec une facilite déconcertante. La foule s'affole. Les commentateurs sont à court d'adjectifs pour décrire sa performance bluffante. Le tapis bleu est là, déroulé à ses pieds. Elle attrape un drapeau tricolore qu'un bras lui tend dans la foule. Elle le place sur ses épaules et s'arrête devant ce ruban qu'elle prend le temps de soulever au-dessus de sa tête, avant de tomber à genoux, en pleurs.
Elle l'a fait.
Louise Leroy vient de remporter le titre de championne du monde.
Une première pour une française dans sa discipline.Son corps tremble. Tout le stress et l'adrénaline de cette journée viennent d'éclater. Elle n'est pas sûre de vraiment réaliser la prouesse qu'elle vient d'exécuter. Elle cache son visage dans ses mains, avant de les faire glisser le long de ses tresses et de prendre une grande inspiration. Elle se murmure des mots pour elle-même.
Incroyable.
Je l'ai fait.
J'ai réussi.
J'ai couru plus vite qu'elles.Elle se redresse pour accueillir ses concurrentes avec tout le respect et la modestie qui la caractérisent. Il n'y a que ces femmes qui peuvent mesurer les sacrifices consentis pour parvenir à un tel niveau. Mais la normande sait que ça en vaut terriblement la peine. Surtout quand, dans quelques instants, deux Marseillaises se succéderont.
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GLORIOUS - PIERRE GASLY
FanfictionIl y a les coups de foudre. Et il y a les amours qui naissent et qui s'étoffent. Le doux balancement des années, l'épanouissement d'une amitié vers une profondeur inégalée. Des rires partagés. Des souvenirs créés dans l'intimité. Des rêves formulés...