vingt-trois

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« Elle va avoir besoin d'être entourée de toute la famille. De notre famille, se corrige-t-il. »

...

vingt-trois.

lundi quatre décembre
deux mille dix-sept.

21 & 20 ans.

« T'es sûr qu'il va tenir dans le salon ? doute Louise en portant à bout de bras un imposant sapin.

- Mais bien sûr que oui ! réplique son compagnon qui le tient quant à lui par le pied. Fais attention à la marche, indique-t-il en pénétrant dans la maison familiale.

- Je te rappelle que j'ai grandi ici. »

Dans un soupir de soulagement, ils posent délicatement l'arbre sur le sol de la pièce à vivre. La fin de saison a été mouvementée et ils ont tous les deux décidé de rentrer dans leur ville natale de Rouen pour profiter de quelques jours de repos bien mérités chez leurs parents.

Après un jogging à l'aube et un petit-déjeuner tout aussi copieux que délicieux, le couple s'est décidé à décorer la maison des parents de Louise pour les fêtes. Ils sont donc partis en quête d'un vrai sapin qui sent, selon les critères de la jeune femme, la forêt et la nature, et pas l'année passée à la cave. Et puis, ils ont poussé leur sortie jusqu'à aller faire quelques courses pour préparer un petit dîner et fêter leurs retrouvailles.
Se réunir.
Faire plaisir.

« Chaton, tu peux venir m'aider s'il-te-plaît ? crie la blonde depuis le garage. »

Le pilote ne peut réprimer un rictus en débarquant dans la pièce où se trouve sa compagne. Elle est hissée sur la pointe des pieds, les bras tendus vers une étagère qui ne lui est pas atteignable à cause de sa petite taille. Son visage s'étire en une grimace ridicule dans laquelle sa langue tirée trahie toute l'application qu'elle met dans cet effort.

« Pousse-toi Minimoys.

- Hey, je ne fais que dix centimètres de moins que toi, râle-t-elle.

- Douze, et ça fait toute la différence, la provoque-t-il. »

À son tour, il lève les bras pour attraper le carton qui contient toutes les décorations de Noël en la regardant d'un air moqueur. Il se stoppe net quand il constate que ses phalanges buttent contre le bois de l'étagère, laissant la boîte hors d'atteinte. Si elle tente de le retenir face au visage vexé du pilote, Louise ne tarde pas à laisser éclater un rire cristallin.

« J'aurais du prendre un mec un peu plus grand, sourit-elle. Pas grand chose hein, mais deux centimètres, ça fait toute la différence.

- Mon chat ? l'interpelle-t-il d'un air sérieux. Tu le saurais s'il me manquait deux centimètres. »

Et le sourire malicieux qu'elle lui connaît si bien s'étire sur son visage pendant qu'elle, se mord la lèvre inférieure, essayant de garder un air neutre. Elle est rapidement trahie par ses joues qui prennent une douce teinte rosée.

« Voilà, je le savais, conclut Pierre en attrapant un petit escabeau pour atteindre finalement le carton. Un point de plus pour moi, dit-il en redescendant, le trésor dans les bras et en s'approchant de sa belle pour déposer un baiser sur front. »

Louise ne bouge pas. Elle le regarde s'éloigner et monter les escaliers en sifflotant, ce qui a le don particulier de l'agacer. Ces joutes verbales sont récurrentes et incessantes et s'ils ne tiennent pas vraiment le classement à jour, ils sont tous les deux assez compétiteurs et rancuniers pour ne pas laisser passer leur chance de revanche.

GLORIOUS - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant