Chapitre 8

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Je ne sais pas combien de temps j'ai passé là assise dans cette baignoire, l'eau qui était chaude il y a quelques minutes est maintenant froide mais ce n'est pas ce qui me dérange le plus. Comme toujours je pense à ma situation et au temps qui ne fait que s'écouler, à cette envie de mourir qui jour après jour devient de plus en plus grande.

Cela fait déjà quatre mois que je suis ici mais j'ai toujours l'impression que ça ne fait que quelques heures que j'ai mis les pieds dans cette maison. Je n'arrive pas à comprendre comment les autres ont fait pour s'habituer à cette vie tandis que moi je n'y arrive pas, c'est au dessus de mes forces. Ma place n'est pas dans cet enfer, je ne peux pas prendre plaisir à participer à toutes les horreurs qu'on nous fait subir ici, en plus on ne gagne même pas un sous alors que c'est nous qui nous torturons le plus.

Au bout d'un moment, je suis fatiguée d'être dans le bain donc je me rince et je sors de la douche . Après m'être essuyé le corps et après avoir étalé un peu de crème sur ma peau, je décide de ne mettre que des sous-vêtements même s'il fait plutôt froid. Je vais ensuite me réfugier sous la couette en soupirant.

Depuis quelques temps c'est comme ça que je passe mes journées....enfin la partie de mes journées où je ne suis pas en train d'assouvir les désirs de tous ces porcs. Déprimer est devenu mon activité favorite ici, je reste enfermer dans ma chambre,  ma grande gueule et mon égo ont pris un coup de savoir que malgré tous mes efforts ces gens font de moi ce qu'ils veulent.

Je suis tourmentée par les regrets et la culpabilité, si j'étais tranquillement restée chez moi rien de tout ça ne se serait passé, j'aurais pu trouver une autre solution à mes problèmes mais j'ai préféré me lancer tête la première dans ce périple et maintenant je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. En ce moment je m'en veux énormément de m'être laissée aveugler par cette stupide obsession. Je me sens coupable pour mes parents parce que je suis sûre qu'ils sont en train de se faire un sang d'encre à se demander où je suis et ce que je suis en train de vivre. Tout à l'heure en voyant la date du jour sur le calendrier accroché à la porte de ma chambre, j'ai constaté avec amertume qu'aujourd'hui c'est l'anniversaire de ma petite sœur Magui, elle va souffler sa treizième bougie et je ne suis même pas là pour vivre ce moment avec elle. J'ai toujours été la première personne à lui offrir un cadeau et à lui souhaiter un joyeux anniversaire mais cette année je n'aurai pas cette chance. Ils me manquent tous tellement, j'aimerais écouter leurs voix, les entendre rire, même les moments où mes parents me grondaient me manquent. Je me sens tellement mal sans eux et je ne sais pas si je vais tenir longtemps encore.

Lorsque la porte de ma chambre s'ouvre, j'essaie d'essuyer les larmes qui ont coulé sur mon visage.

_Aujourd'hui aussi tu vas rester enfermée ici ? Me demande Safia.

Je ne lui répond pas, j'ai presqu'envie de lui demander de s'en aller et de me laisser seule mais je me retiens de lui dire ça sinon elle sera vexée. Sans rien dire, elle se dirige vers la fenêtre et l'ouvre. Vu que la chambre était plongée dans le noir, les rayons de soleil qui pénètrent dans la chambre me font mal aux yeux.

_Safia! Refermes immédiatement cette fenêtre ! Dis-je en remontant la couverture sur mon visage afin de protéger mes yeux.

_ Il faut aérer un peu ça ne sent pas très bon ici. Lève-toi et viens avec moi, je t'ai concocté un délicieux petit-déj qui te remontera le moral.

_ Je n'ai pas faim.

_ Mais ça va faire deux jours que tu n'as rien avalé , ce n'est pas bon.

_ Pas bon? Pas bon pour qui ? Pour Maria et ses affaires? Parce que si l'une d'entre nous est incapable de recevoir des clients son business prend un coup...

Mon Aventure Tome I : Le Voyage De L'espoir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant