— Allez, avec un peu plus d'enthousiasme je suis sûre que vous pouvez faire mieux, Madame, crié-je depuis le balcon qui trône au-dessus du salon principal de la maison.
Mr Ousmane, Nathaniel et Irène lèvent tous les trois les yeux dans ma direction. Cette dernière me fusille du regard mais cela ne me fait ni chaud ni froid. C'est donc avec le plus grand plaisir que je continue de me foutre d'elle.
— Elle viendra s'excuser au près de nous aussi j'espère parce que je rappelle qu'elle nous a offensé plus d'une fois.
— Toi ferme-la, sinon je t'assure que tu vas le regretter, lance-t-elle.
— Oh mais la grande je blaguais seulement, répondis-je en faisant ressortir mon accent gabonais. La nervosité là peut te donner l'AVC oh, donc fais attention.
J'ai envie de continuer de l'embêter mais Nathaniel me lance un regard qui me pousse, malgré moi, à mettre fin à mes petites plaisanteries. On ne peut même plus s'amuser dans cette maison.
Vu que je ne peux plus embêter personne, je retourne dans ma chambre. Lorsque j'ouvre la porte de celle-ci, Safia assise près de la coiffeuse défait les tresses que je lui ai faites il y a cinq jours. Elle me regarde pendant quelques secondes avant de tirer la tronche. Comme elle le fait depuis hier, lorsque je lui ai annoncé qu'elle ne fera finalement pas partie du plan et qu'elle devra s'en aller dans quelques jours. J'ai bien précisé que c'était pour sa sécurité mais elle n'a pas apprécié que je l'écarte de la situation. Que je la prenne pour une faible qui a toujours besoin d'aide ,qui ne peut pas gérer les moments de crises et qui n'est pas capable de faire les choses par elle-même. Bref. Elle délire.Je lève les yeux au ciel tout en soufflant tandis que je me dirige vers le lit et saisis un oreiller. Je remarque qu'elle m'observe à travers le miroir. Me connaissant, elle sait sûrement ce que je m'apprête à faire. C'est pour cela qu'elle se lève immédiatement pour prendre le second oreiller de l'autre côté du lit.
— Si jamais tu oses me frapper, je n'hésiterai pas à te rendre.
— Que la plus forte gagne dans ce cas, lancé-je avant de monter sur le lit et de m'avancer vers son côté pour porter un premier coup sur sa tête.
C'est ainsi qu'avec l'aide de mon oreiller je lui assène une série de coups sans qu'elle n'arrive à m'atteindre. Ce n'est que lorsqu'elle monte sur le lit à son tour que je reçois son oreiller en plein visage. Elle y a mis tellement d'énergie que je suis sonnée pendant un moment et qu'il me faut quelques minutes pour me ressaisir. Ce court instant de faiblesse lui permet de prendre le dessus dans notre petite bataille. J'essaie tant bien que mal de me défendre et de renverser la situation en ma faveur mais Safia est plus forte que d'habitude.
Au bout d'un moment, je perds l'équilibre et tombe sur le lit, ce fut l'erreur de trop. Elle a le champ libre pour faire tout ce qu'elle veut de moi. Elle se place au dessus de mon corps et continue de me frapper.
Nos rires et mes cris emplissent la pièce.
Nous ne nous rendons compte d'une intrusion dans notre chambre qu'au moment où une voix, autre que les nôtres, résonne dans la pièce.— Eh bien c'est nouveau ça.
Nous arrêtons tout mouvement et nous tournons vers Nathaniel qui nous observe, le sourire aux lèvres.
— Safia a enfin décidé de ne plus se laisser faire, demande-t-il d'une voix espiègle.
— Pas du tout. Je l'ai laissé gagné.
Je reçois un autre coup d'oreiller en plein visage pour me punir de mon mensonge.
Safia quitte au-dessus de moi et s'assoit sur le lit en essayant de remettre un peu d'ordre dans ses cheveux. Moi je me redresse juste et m'appuie contre la tête du lit.— Vous avez besoin de quelque chose ? demandé-je d'une voix essoufflée.
— J'étais juste venu vous dire que j'ai suivi vos conseils mais cela n'a pas servi à grand chose. Hier soir, pendant qu'elle dormait, j'ai vérifié tous les appels qu'elle reçu en fin de journée. Et le fameux appel n'y était pas.
— Elle l'a peut-être supprimé ou je ne sais pas moi, vous avez regardé ses messages aussi ?
— Oui c'est une possibilité, dit-il peu convaincu. Et oui, j'ai aussi consulté ses messages et il n'y a toujours rien à signaler.
—Mais je n'ai pas inventé tout ce que je vous ai dit, ça au moins vous le croyez non?
J'ai l'impression de revivre la même scène qu'hier dans un tout autre décor. Je prends sur moi une fois de plus. L'excuse du « j'essaie de le comprendre », je l'ai déjà utilisée. Peut-être que si je lui mettais une vraie claque, il intègrera mieux les choses. J'aurais peut-être dû enregistrer cette conversation comme ça, il n'aurait rien eu à redire.
— Oui mais c'est juste que...
— C'est juste que quoi, Nathaniel ? demandé-je excédée de devoir avoir encore cette conversation. Vous avez toujours été intelligent, ne faites pas l'idiot maintenant. Safia était témoin aussi vous pouvez lui demander.
— Elle dit la vérité, je n'ai peut-être pas entendu un traître mot de ce qui s'est dit mais je peux affirmer qu'il y a bien eu un appel et qu'elle a mentionné son nom à haute voix.
— Ce que l'on dit est vrai, répétè-je. Vous êtes notre meilleur atout pour découvrir ce qu'ils manigancent mais vous perdez un temps précieux avec vos doutes. Si vous voulez persister cela n'engage que vous mais avant j'aimerais que vous teniez votre promesse et envoyiez Safia loin d'ici.
— Je t'ai déjà dit que je n'ai pas envie de partir, répond-t-elle d'un ton révoltant, d'être renvoyée comme une malpropre. Je veux rester là et vous aidez.
— Safia, soufflè-je agacée d'entendre le même discours depuis hier. On ne te renvoie pas comme une malpropre. La situation devient de plus en plus compliquée, il ne nous croît même pas et si ça continue nous n'avons aucune chance de nous en sortir.
— Oui, je comprends mais...
— Non tu ne comprends pas, la coupé-je. Si tu comprenais vraiment, tu ne serais pas en train de faire cette petite scène.
Je marque une courte pause pour essayer de me calmer sans succès. Ils se sont sûrement entendu pour me mettre sur les nerfs, c'est obligé.
—Je t'ai répété plusieurs fois que c'était pour ta sécurité. Tu écoutes ? TA SÉ-CU-RI-TÉ. Mais si tu tiens tant à rester, pas de soucis c'est à tes risques et périls.
Je n'en peux plus, si je reste une minute de plus avec eux, je vais en prendre un pour assommer l'autre.Ils ne comprennent rien. Ils ne m'écoutent pas. C'est comme si je parlais avec des murs.
— Entre l'un qui a la tête dure qui ne veut pas voir les choses en face et l'autre qui se rebelle alors que ce n'est clairement pas le moment, je ne sais plus où donner de la tête. Je sors d'ici sinon l'un de vous y passera.
Je me lève du lit et saisi mon téléphone sur la table de chevet. Je claque la porte derrière moi et les ignore lorsqu'ils tentent de m'arrêter.
Je suis tellement pressée que je ne fais pas attention et bouscule Irène qui montait les escaliers.— Tu ...
— Ah pardon, dégage, craché-je avant de continuer mon chemin.
Une fois de plus, la porte paie les frais de ceux qui m'ont agacé. J'ai besoin de souffler et de prendre l'air pendant deux bonnes heures avant de revoir leurs têtes à claques...
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Avoir la tête dure : être têtu, ne pas comprendre facilement les choses.
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Mon Aventure Tome I : Le Voyage De L'espoir
RastgelePour offrir une vie décente à sa famille, Danielle quitte tout et entreprend un voyage clandestin à travers des territoires inconnus. Mais les chemins de l'espoir sont souvent pavés de dangers insoupçonnés. Que fera-t-elle lorsque son rêve prendra u...