Chapitre 46

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**Irène SANCHEZ RODRIGUEZ**

À contre cœur, je me décide à avancer et suivre mon frère à l'intérieur de mon appartement. Mille et une questions tournent actuellement dans ma tête sur la raison de sa venue ici. Je peux déjà éliminer le fait qu'il veuille me soutirer de l'argent car habituellement il n'a pas besoin de se déplacer pour cela, un simple coup de fil ou un message suffisent largement.
N'arrivant pas à trouver la raison exacte, je finis par abandonner mon questionnement intérieur. Il me le dira de toutes façons et je suis sûre que cela ne me plaira pas du tout vu le risque qu'il a pris en revenant ici.

Alors que nous venions de franchir le couloir qui mène directement au salon de mon appart,je me fige sur place, constatant la présence de l'abruti qui s'est allié avec l'autre sauvage afin de gâcher la soirée de Nathaniel. Il était tranquillement assis sur l'un de mes canapés en cuir noir, un pied sur l'autre, le visage taché de bleus résultants de la raclée qu'il s'est prise hier soir.

— Je peux savoir ce que ce type fiche chez moi ? Demandé-je en dévisageant le concerné sans retenue.

— C'est mon associé, répond tout simplement mon frère.

Sans que je ne puisse le contrôler, un rire s'échappe de mes lèvres.

— Des associés ? Dis-je en essayant de me calmer sans succès. Je ne savais pas que tu avais repris ta vie en main, Lorenzo.

— Ta sœur est très drôle.

— Moi je dirai plutôt qu'elle est casse-pieds. Bon, et si tu venais t'asseoir pour qu'on discute plus sérieusement.

Curieuse de savoir ce qu'ils me veulent et surtout impatiente de pouvoir les foutre à la porte, je prends place sans rechigner. Plus vite  Lorenzo me dira ce qu'il veut de moi, plus vite je pourrais l'envoyer balader car il est hors de question que je sois impliquée une fois de plus dans ses magouilles. Son histoire avec Mia me donne déjà des sueurs froides et des angoisses car, Nathaniel ne me pardonnerai jamais s'il venait un jour à apprendre que je suis la sœur de l'homme qu'il déteste sûrement le plus sur cette terre. Injustement, il me considérerait comme une traîtresse alors que je ne suis pas responsable des actes posés par mon frère. Je tiens à lui et le perdre à cause d'une histoire qui ne me concerne pas et dont je n'ai été que spectatrice, me rendrait malade.

— Ton mec, commence mon frère à l'instant où je me suis posée dans le canapé, il a quelque chose qui nous appartient et on aimerait bien le récupérer.

Dans l'incompréhension, mes sourcils se froncent. Qu'est-ce qu'il raconte encore. Les goûts de Nathaniel sont à des années-lumières  et bien meilleurs de ce qu'aiment Lorenzo et l'autre clochard, j'en suis la preuve vivante. Nathaniel préfère le raffinement et la classe d'une femme comme moi alors que les deux idiots ici présents,eux, tirent sur tout ce qui porte une jupe.
M'apprêtant à prendre la parole pour en savoir plus sur cette fameuse chose, je me fais devancer par Aziz.

— La petite pétasse pour laquelle il s'en est pris à moi hier soir. C'est d'elle dont il s'agit.

— Ah Danielle, soufflé-je exaspérée que cette fille soit depuis hier celle qui sème autant de pagaille.

— Ton mec et elle se connaissent bien apparemment, devine mon frère. Sinon pourquoi une fille aussi insignifiante qu'elle serait invitée à un évènement aussi sélectif.

— Mouais, c'est une petite opportuniste qu'il a recueilli alors qu'elle vivait dans la rue avec son amie. Cela fait quelques mois déjà qu'elles vivent chez lui. Mais comment vous la connaissez ?

— Elle et son amie sont deux petites catins qui ont travaillé pour ma défunte patronne, m'apprend mon frère.

— Catins ? demandé-je car je ne suis pas sûre d'avoir bien compris le sens de ce mot.

— Des prostituées, quoi.

— Non jure, fais-je avec étonnement. Ces deux petites pestes ont l'air si innocentes pourtant. J'ai toujours su qu'il ne fallait pas se fier à leurs petits visages d'ange.

Une question me vient en tête directement après cette découverte. Nathaniel le sait-il ? Je ne pense pas car si cela avait été le cas, il n'aurait jamais ouvert sa porte à des filles de joie et surtout, il m'en aurait parler.
Toujours choquée, je reste bouche bée, elles se sont bien foutu de nous, ces deux là. Je m'imagine déjà jubiler lorsque cette histoire sera connue de tous, ils auront la haine de savoir qu'ils se sont faits berner par ces deux clochardes.

— Le problème est que ces petites pestes ont foutu un bordel inimaginable dans nos affaires avant de prendre le large et depuis c'est la merde.

— Je n'aimerais pas être à leur place, s'il arrivait à mettre la main sur elles, rigole Aziz.

Il a bien raison, vu la façon dont il serre ses points depuis tout à l'heure, il ne faut absolument pas le chercher.

— Bon, fais-je après avoir retrouvé mes esprits. C'est bien beau tout ça mais qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Vos histoires ne me concernent pas.

— Si, cette histoire te concerne car ma très chère sœur, tu vas nous aider à les attraper.

— Hors de questions que je vous apporte un quelconque soutien, débrouillez-vous seuls et régler cela entre vous.

— Je ne te demandais pas ton avis mais vu que tu veux avoir le choix je vais te faire plaisir. Soit tu nous aides, soit je me ferai un plaisir de raconter à ton petit chéri ton implication dans mon histoire avec sa sœur.

— À part être ta sœur, je n'ai rien à me reprocher, répondis-je en le regardant droit dans les yeux.

S'il pense pouvoir m'intimider avec son chantage, il se fourre le doigt dans l'œil. Sa fourberie m'étonnera toujours, vouloir me faire chanter moi sa propre sœur, jumelle de surcroît.

— Ah bon, tu crois ? En plus d'être ma sœur, tu es celle qui savait parfaitement l'endroit exact où se trouvait Mia, si tu avais parlé peut-être que cette pauvre fille serait toujours parmi nous, un peu perturbée comme sa mère mais en vie . Ma très chère sœur tu aurais tout aussi pu me dénoncer pour que justice lui soit rendu mais une fois de plus tu n'as rien dit, tu as préféré te taire.

— Je suis sûr que si ce bouffon venait à apprendre ça, il ferait moins le malin, dit l'autre imbécile en riant comme un débile.

— Toi, ta gueule cette histoire ne te concerne pas. Et toi espèce d'ingrat, si je n'ai pas ouvert ma bouche pour te dénoncer, c'est tout simplement parce que malgré que tu sois la pire ordure que la terre ait jamais porté, tu restes mon frère et je ne veux pas être celle qui trahit sa famille.

— Je te remercie pour ton soutien indéfectible Reina, mais ton ingrat de frère a encore besoin de ton aide. Tu sais que sans toi je ne serais pas là aujourd'hui.

— Vas te faire foutre, dis-je en me levant brusquement outrée par le fait qu'il se moque ouvertement de moi.

Mon Aventure Tome I : Le Voyage De L'espoir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant