***** MENGUE MBA DANIELLE******
Contrairement aux autres jours et à ce matin, je regagne notre abri avec le sourire et le cœur rempli de joie.
Jusqu'à présent je me demande encore si je suis en train de rêver parceque je trouve que c'est trop beau pour être vrai.
Lorsque cet homme m'a rattrapé, je pensais qu'il allait me faire vivre un sale quart d'heure mais au lieu de ça, il m'a aidé. Il m'a aidé et ce n'est pas tout, il m'a aussi défendu. Il m'a défendue comme personne ne l'avait fait auparavant, pour une fois depuis des mois quelqu'un m'a traité comme un être humain et pas comme un déchet ou un objet.
Je suis tellement heureuse et sur un petit nuage que je ne sens même pas le poids lourd des deux grands sacs que je trimballe. Je suis encore surprise du fait qu'il m'ait laissé prendre absolument tout ce que je voulais, sans se soucier du prix que cela aurait coûté alors que je n'étais qu'une inconnue, une inconnue qui en plus a essayé de le voler. Je ne pensais pas que dans ce monde il existait encore des personnes comme ça.
Lorsque je suis de retour à l'abri, je constate que Safia n'est pas encore revenue alors que la nuit est déjà tombée. Je range les sacs dans un coin et je retourne la chercher. Je prends le chemin qu'elle a emprunté au moment où nous nous sommes séparées et je finis par la retrouver allongée dans un coin sombre.
En la voyant comme ça, mon cœur s'affole et commence à battre très rapidement, je cours jusqu'à son niveau et je m'agenouille à côté d'elle._Safia, ça va ? Je demande en lui donnant quelques claques qui heureusement pour moi la poussent à réagir.
_Hum, fait-elle en étant dans les vapes, ça va, c'est juste que je n'ai plus la force de tenir debout.
_J'ai une surprise pour toi, tu seras ravie. Allez, on rentre.
_ Tu me soulèves ? Demande-t-elle avec une petite vraiment affaiblie et à peine audible.
Je secoue ma tête de gauche à droite, amusée par la situation. Elle fait l'effort de se redresser pour que je puisse la mettre sur mon dos. Lentement mais sûrement je marche jusqu'à notre abri. Elle s'assoit en s'adossant contre un mur tandis que moi je me dirige vers nos courses afin de lui prendre un truc à manger. Je me débrouille comme je peux pour effectuer mes mouvements dans l'obscurité, notre seule source de lumière étant clair de lune. Je prends une brioche que je fends pour étaler du fromage à l'intérieur. J'en fais une pour moi aussi, puis je prends une bouteille de jus et je vais m'asseoir près d'elle en lui tendant son bout de pain.
_ Où est-ce tu as eu ça ? Demande-t-elle surprise de voir ce qui se trouve entre mes mains.
_ Manges d'abord et prend des forces, tu risques de mourir avant que je ne finisse de te raconter ce qui m'est arrivée.
Sans se faire prier, elle me prend la brioche des mains et commence à la dévorer avec voracité. Moi même je me mets à manger de la même façon qu'elle, et en finissant je ne suis même pas rassasiée, je me relève donc et je vais prendre un paquet de gâteaux.
_ Aujourd'hui, je suis tombée sur un ange, dis-je en lui tendant une madeleine.
Je continue en lui racontant tout ce qui m'est arrivée, de ma rencontre avec cet homme et de la façon dont il m'a traitée et défendue._ Il existe encore des personnes comme ça de nos jours ?
_ Je t'assure que moi-même j'étais surprise, répondis-je, je ne sais même pas si j'aurai la chance de le recroiser un jour, j'ai l'impression de ne pas avoir assez remercier cet homme.
_ J'espère que je serai avec toi pour le remercier aussi, grâce à lui, la faim ne m'a pas emportée ce soir.
Face à sa remarque je me mets à rire en me rappelant de l'état dans lequel je l'ai retrouvée tout à l'heure, et maintenant mademoiselle semble aller mieux.
_ On parle plus des cancers et autres mais la famine aussi c'est quelque chose hein, dis-je toujours en riant alors que Safia vient de me donner un coup sur l'épaule.
_ C'est pas drôle, boude-t-elle .
Elle veut s'éloigner mais je la retiens par le bras et l'attire vers moi pour lui faire pleins de bisous et des chatouilles.
Nous passons le reste de notre soirée à nous goinfrer, après trois jours sans manger, nous avons besoin de retrouver des forces. Ce n'est que quand mon estomac menace d'exploser que je m'allonge sur le sol qui est toujours aussi froid que d'habitude.Le lendemain matin, je me lève pour aller faire les cent pas, j'en ai marre de rester cachée à ne rien faire. Il faut que je bouge sinon je vais devenir folle.
_Tu es sûre que tu ne veux pas venir avec moi ? Demandé-je à Safia.
_Oui et puis de toutes façons, je ne veux pas prendre le risque de laisser nos affaires sans surveillance. On pourrait se faire voler.
_C'est vrai, tu n'as pas tort . Bon j'y vais.
_Fais attention à toi.
_ T'inquiètes.
Après ces derniers mots, je sors de notre abri et me retrouve sur le trottoir où l'air est plus frais et plus respirable.
Je commence à marcher, tout en étant perdue dans mes pensées même si certains passants me dévisagent.
Je suis consciente de l'image que je renvoie et je comprends que les gens soient dégoûtés ou qu'ils aient peur de moi. Moi-même j'ai souvent honte de ce que je suis devenue lorsque je me regarde à chaque fois que je passe devant les vitrines de certains magasins. En plus de ne ressembler à rien, je pue et l'odeur est insoutenable.
Malgré tout, cela n'a pas empêché à cet homme de se rapprocher de moi, il n'a pas eu peur de me tenir la main, il n'était même pas gêner du fait que je sois à côté de lui. Je souris en secouant ma tête de gauche à droite, j'aimerais bien avoir l'occasion de le revoir.Je marche jusqu'à un Park où je décide de m'asseoir sur un banc et de regarder les enfants qui y jouent. Leur insouciance me fait sourire, j'aimerais retrouver cette époque où je n'était qu'une enfant, où la seule chose qui me préoccupait était le fait d'avoir de bonnes notes en classe pour que mes parents soient fiers de moi. Toute ma vie a toujours tourné autour d'eux, les choix que j'ai fait, les décisions que j'ai prises, tout était toujours pour leur bien-être à eux. Leur bonheur faisait le mien, tant qu'ils étaient heureux, je l'étais aussi et vice-versa...
Je suis tirée de mes pensées par un petite fille qui me donne de petites tapes sur la cuisse en pleurant.
_Oh mais où sont tes parents mon petit cœur, dis-je en la prenant dans mes bras pour la faire asseoir sur les jambes.
J'essaie de faire en sorte qu'elle se calme et arrête de pleurer.
_Voilà une jolie fille ne pleure pas, c'est elle qui doit faire pleurer les autres. C'est compris ?
Elle me fait oui de la tête avant de me faire un beau sourire. Pour ne pas avoir de problème, je la renvoie vite d'où elle vient. Un adulte «conscient» pourrait venir me faire un scandale juste parce-que la petite me sourit
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Mon Aventure Tome I : Le Voyage De L'espoir
RandomPour offrir une vie décente à sa famille, Danielle quitte tout et entreprend un voyage clandestin à travers des territoires inconnus. Mais les chemins de l'espoir sont souvent pavés de dangers insoupçonnés. Que fera-t-elle lorsque son rêve prendra u...