Mon Aventure Tome I : Le Voyage De L'espoir

Chapitre 44

** Irène SANCHEZ RODRIGUEZ **

Pour la énième fois depuis ce matin, je scrute mon téléphone dans l'attente d'un message ou d'un appel de Nathaniel. À un moment donné, il finira par réaliser qu'il a eu tort et que j'avais raison.
Je ne sais pas ce qui ne tourne pas rond dans la tête de ce type. Depuis un moment il fait les choses sans réfléchir et quand j'essaie de le lui faire comprendre je passe pour la méchante pendant que tout le monde le soutient dans sa bêtise.
Oser foutre le bordel à un évènement aussi important à cause de cette sauvage qui ne sait pas tenir sa langue dans sa poche. Ça m'énerve d'autant plus que je sais à quel point il a toujours travaillé dur pour le succès de ses œuvres.

Je suis tirée de mes pensées par mon assistante qui vient de faire irruption dans mon bureau sans même frapper à la porte. À mon regard, elle comprend aussitôt sa gaffe.

— Je suis désolée madame, S'empresse-t-elle de dire, Mike m'a chargée de vous dire que l'on va bientôt commencer le tournage du prochain épisode et que vous avez cinq minutes pour rejoindre le plateau pas une de plus.

Je souffle bruyamment, ce type et ce travail commencent à me taper sur le système. Je réfléchis sérieusement à la question de prendre une année sabbatique et me tirer loin d'ici.

— J'arrive.

— Il a dit...

— Quelle partie de «j'arrive» tu n'as pas compris?

— Je suis désolée mais il a vraiment insisté sur le fait que vous veniez maintenant sinon une autre prendra votre place sur le plateau.

Un rire s'échappe de mes lèvres sans que je ne puisse faire quelque chose pour le contrôler, d'ailleurs je n'en ai pas envie. C'est vraiment ce qu'il a trouvé de mieux comme menace ? Sérieusement?

— Bonne chance à lui pour trouver quelqu'un qui m'arrive ne serait-ce qu'au petit orteil. La tâche sera difficile avec toute cette bande de plouc qui nous entoure, toi y compris. Tu lui diras que je n'ai pas d'ordre à recevoir de lui et que je prendrais le temps qu'il me faudra pour rejoindre le plateau. Maintenant sors d'ici, tu pollues l'air que je respire.

Sans un mot de plus, elle sort de mon bureau en fermant la porte derrière elle. Je me masse énergiquement les tempes, ils vont tous me rendre folle un de ces jours.
Ce n'est que trente minutes plus tard que je décide d'enfin me rendre sur le plateau pour le tournage d'un énième épisode de Jeune talent, une émission de télé qui met en vedette de jeunes entrepreneurs ou travailleurs qui ont su se démarquer du lot et se faire connaître. C'est d'ailleurs dans ce cadre là que j'ai rencontré l'homme qui partage ma vie en ce moment. Au premier regard, nous avons eu le coup de foudre l'un pour l'autre et il a été celui qui a fait le premier pas en m'invitant à dîner. Contrairement à maintenant, il était plus dévoué et adorable. Un soupir s'échappe de mes lèvres en repensant à cette belle époque.

Mes sourcils se froncent  lorsqu'en arrivant devant la porte vitrée de la salle de tournage, j'aperçois qu'ils ont déjà commencé a enregistré. Il a vraiment mis sa menace à exécution, une pimbêche est actuellement à ma place, en train d'interviewer l'invité de la semaine dont le nom m'échappe. J'entre en trombe dans l'espace de tournage et me dirige droit vers Mike qui se trouve aux côté d'un des caméramans présents dans la salle.

— Tu peux m'expliquer tout ce cirque ? Demandé-je à Mike.

Je fais un effort surhumain pour ne pas tout casser sur le plateau mais à l'intérieur je bous littéralement de rage et le fait qu'il m'ignore délibérément ne fait rien pour arranger mon état.

— Tu vas me répondre quand je te parle?

— Je te conseille de retourner d'où tu viens et de ne pas oublier à qui tu t'adresses, répond-t-il avec le plus grand des calmes.

— Non mais...

— Sors d'ici Irène, la prochaine que je te le répéterai une lettre de licenciement y sera associée.

Mes yeux s'écarquillent de stupeur. Me licencier moi ? Impossible, je suis trop importante à ses yeux pour qu'il puisse faire une telle folie.

— Tu bluffes, tu as trop besoin de moi pour que ce soit le cas.

— Je n'ai pas besoin d'une personne égocentrique dans mes rangs et qui risque de foutre en l'air tout ce que j'ai réussi à construire. Avec tes caprices de diva à la con, nous avons failli perdre tout un tas d'invités importants et je ne tolèrerai plus aucun écart de ta part. Soit tu suis mes règles soit tu vas chercher ailleurs d'autres personnes qui voudront t'obéir au doigt et à l'œil. Maintenant sors d'ici et laisse nous continuer de travailler.

Il détourne son attention de moi et le reporte sur son travail. Je reste là à ruminer ma colère puis au bout d'un moment à rester debout sans rien faire je décide de m'en aller.
Arrivée dans mon bureau, je rassemble toutes mes affaires et je fous le camp de cet endroit.
Dans ma voiture, je frappe plusieurs coups sur le volant pour laisser échapper ma frustration.
Non mais quel con, il regrettera amèrement son geste lorsqu'il se rendra compte de son erreur. À ce moment là il viendra ramper à mes pieds et me suppliera pour me redonner ma place.

Cette enflure m'a mise sur les nerfs et a bousillé mon humeur qui n'était déjà pas super. J'ai besoin de décompresser, de décolérer sinon les rides deviendront permanentes sur mon visage. Je démarre et prends la route du meilleur institut de beauté de la ville où j'ai un abonnement offert par Nath le jour de mon anniversaire. C'est dans ces moments là que je me dis que c'était une merveilleuse idée.

§§§

De retour chez moi, je suis plus détendue et plus calme que ce matin, cette petite remise en beauté m'aura  vraiment fait du bien et j'en ai profité pour faire quelques achats.

En voulant ouvrir la porte d'entrée de mon appart, je constate que celle-ci est déjà ouverte.
Mon cœur commence à s'affoler à l'idée que quelqu'un s'est introduit chez moi pour me cambrioler et qu'il m'attend peut-être encore.
Alors que je reculais, la porte de mon appartement s'ouvre sur un homme qui au premier abord m'est  inconnu.

— Mi querida hermana te estábamos esperando (Ma sœur chérie nous t'attendions justement).

Mes yeux s'arrondissent à l'entente de cette voix familière, celle de mon frère. Je me demande bien par quelle embrouille il a dû passé pour avoir la moitié inférieure du visage défigurée par une affreuse cicatrice de brûlure.

— Lorenzo mon cher frère, répondis-je avec un sourire plus que forcé. Je pensais pourtant t'avoir déjà répété de ne plus mettre les pieds chez moi. Tu ne m'entraîneras pas dans ta chute donc fous le camp d'ici. D'ailleurs je ne sais même pas pourquoi tu as pris le risque de revenir, si Nathaniel apprend que tu es ici il va...

— Ouais je tremble de peur en imaginant la colère noire dans laquelle il entrera lorsqu'il saura que je suis en ville.

— Tu penses que c'est une blague peut-être ?

— Je t'en prie, ne commence pas à me saouler, j'ai des choses plus importantes à te dire donc entre.