Après tous ces mois passé dans la rue et sans pouvoir prendre la moindre douche, sentir l'eau couler sur ma peau me fait énormément de bien et le fait qu'elle soit chaude amplifie cette sensation de bien-être.
Je prends le temps qu'il faut pour me laver les cheveux et frotter mon corps afin que toute la crasse qui s'est accumulée puisse s'y déloger.
Pour être sûre d'être bien propre, j'ai répété mes gestes plusieurs fois. Ce n'est que lorsqu'une sensation de brûlure me parcourt la peau et le cuir chevelu que je décide d'arrêter.En sortant de la cabine de la douche, je m'essuie le corps avec l'une des serviettes avant de l'enrouler autour de mes cheveux d'où s'échappent quelques gouttes d'eau. D'un mouvement de main, j'efface la buée qui s'est formée sur le miroir.
Je m'observe pendant quelques minutes et l'image que je vois ne me plaît absolument pas. J'ai tellement fondu que j'ai la peau sur les os à présent. C'est vrai qu'avant, je n'avais pas vraiment de formes mais là c'est abusé,on dirait un cure-dent. Je passe ma main sur mes clavicules qui se voient comme jamais. Je me retourne pour me regarder sur tous les angles tellement je n'en reviens pas de cette transformation. Je peux également voir que quelques cicatrices sont encore présentes sur mon corps.
Ne voulant plus rien voir de tout ça, je m'habille pour cacher mon corps avec les vêtements que Nathaniel nous a apporté tout à l'heure. Un pull over et un jogging qui sont beaucoup trop grand pour moi mais je force quand même.Je soupire en prenant une brosse à dents sur laquelle je mets du dentifrice. Vu l'état de ma dentition, il faudra plus que ça pour que je puisse à nouveau retrouver mon beau sourire. Tchuiipps vie de merde!!!
Pour mes cheveux, j'essaie de me faire des nattes mais ils sont trop emmêlés. Je pensais que le shampooing allait faire l'affaire mais malheureusement ça n'a pas marché, en plus je n'ai pas de peigne. L'envie de pleurer me submerge et je me demande si c'est même une bonne idée de les garder et pourtant je tiens à eux. Ils sont tout abîmés en plus. C'est énervée, lassée et découragée que je finis par abandonner l'idée de sauver mes cheveux, je vais les couper, c'est mieux et ils repousseront en bonne santé.
Je finis par ressortir de la salle de bain eh Safia m'y remplace._ Au fait, dit-elle en revenant sur ses pas. Monsieur HUSSEIN est passé tout à l'heure pour dire qu'il nous attendait en bas.
_ Okay, dis-je en me jetant sur le lit.
Alors que j'ai la tête enfouie dans l'oreiller, j'entends la porte de la salle de bain se refermer. Je me retourne pour m'allonger sur le dos et contrairement à hier encore, je fais face à un plafond plutôt qu'à un ciel étoilé. Le lit sur lequel je me trouve en ce moment est doux et moelleux tout le contraire du sol froid et dur dans la rue.
Plus je réfléchis et plus je réalise ce qui est en train de m'arriver. On dirait que mon ange gardien a repris son travail au sérieux, sinon, comment expliquer le fait qu'un inconnu s'intéresse subitement à nous au point de faire ça. Je ne connais pas la personne avec qui il a discuté mais je la remercie infiniment grâce à elle on a la possibilité de repartir de zéro.
De longues minutes plus tard, Safia ressort toute propre.
_ Je me sens bieennnn, dit-elle en venant se jeter à mes côtes sur le lit.
_ Comment ne pas? Nous sommes propres, nous sentons la rose, nous sommes au chaud et la chance semble être de notre côté pour une fois.
_ Oh mais, fait-elle en se redressant brusquement. Il est sûrement encore en train de nous attendre et nous nous sommes là en train de rêvasser.
_Ah oui c'est vrai.
Je me lève à mon tour et me dirige vers la porte, suivie de près par Safia qui me colle toujours comme une enfant. Nous sortons de notre chambre pour nous retrouver dans le couloir que nous longions quelques instants plus tôt. Depuis le haut des escaliers, nous pouvons apercevoir notre hôte dans le salon qui se trouve juste en face de la porte d'entrée.
Il était assis sur un canapé place unique en feuilletant un livre.
Il relève la tête dans notre direction sûrement après avoir entendu nos pas._Ah, enfin! S'exclame-t-il.
Il nous fait signe de nous asseoir sur le canapé en face de lui et comme les petites filles obéissantes que nous sommes, nous nous exécutons. Il referme son livre et le pose sur son accoudoir.
Il nous regarde à tour de rôle pendant quelques minutes avant de recommencer à parler._ Pour commencer j'aimerais clarifier une petite chose. C'est vrai je veux bien être ouvert d'esprit mais c'est pas pour autant qu'il faut me prendre pour un idiot. Ça se voit comme le nez sur la figure que vous ne venez pas de la même famille.
Il nous parlait à toutes les deux mais c'est moi qu'il regardait, normal vu que c'est moi qui lui ai menti.
_ Pour ma défense, je n'ai jamais préciser qu'on était sœur de sang.
_ Alors c'est moi le problème, je n'ai pas poussé la réflexion assez loin, dit-il avec ironie.
_ Écoutez, Safia et moi ne sommes peut-être pas de la même famille ça n'empêche pas le fait que je la considère comme ma petite soeur. Et c'était juste impossible pour moi de vous suivre comme ça et la laisser dans la rue et le froid toute seule. Si ce mensonge vous dérange tant,on peut toujours s'en aller. On vous remerciera juste pour la douche et les vêtements propres.
_ Je ne vous ai pas ramené jusqu'ici pour vous mettre à la porte une nouvelle fois. Je voulais juste entendre la vérité c'est tout. Et on va continuer sur cette lancée, racontez-moi à présent pourquoi deux jeunes filles comme vous, se sont retrouvées dans des conditions aussi déplorables.
Je tourne la tête vers Safia pour qu'elle fasse quelque chose mais elle reste muette comme une carpe, elle préfère jouer avec ses doigts et nous écouter parler.
_ Nous nous sommes échappées d'une maison close, finis-je par dire en me mordant la lèvre et m'enfonçant un peu plus dans le canapé. Leur méthode de recrutement était différente de celle des autres. Eux ils n'attendent pas que les filles viennent à eux, consentante ou pas, une fois qu'ils ont mis la main sur toi tu leur appartient...
Je continue mon petit monologue en racontant comment les choses se sont passées jusqu'à maintenant.
Je n'ose même pas relever la tête et le regarder par peur de voir du dégoût ou un autre sentiment s'y rapprochant, dans ses yeux. C'est toujours un sujet très sensible, surtout qu'on ne peut pas toujours savoir ce que la personne en face de nous pourra penser après avoir entendu une histoire de ce genre.
N'obtenant pas de réaction de sa part , je prends mon courage à deux mains pour affronter son regard et j'y lis tout sauf ce que je retoude.
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Mon Aventure Tome I : Le Voyage De L'espoir
RandomPour offrir une vie décente à sa famille, Danielle quitte tout et entreprend un voyage clandestin à travers des territoires inconnus. Mais les chemins de l'espoir sont souvent pavés de dangers insoupçonnés. Que fera-t-elle lorsque son rêve prendra u...