Chapitre 10

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Deux jours plus tard, je suis dans la cuisine de la Confrérie. Ce soir, la maison est vide, la plupart repartent dans leur famille le week-end. J'entends du bruit, ma camarade de cours entre dans la cuisine, se fait une tasse de thé et me rejoint à table. Elle semble attristée, elle a une mine déconfite.

— Ça va Laura?

Elle hoche les épaules en guise de réponse. Je n'insiste pas, je continue de manger mon encas.

— Mes parents sont des bobos qui m'en font baver!

Je souris légèrement, elle répond à mon sourire. Elle se détend.

— Qu'est-ce qu'ils t'ont fait?
— Ça par exemple.
En me montrant la pièce des mains.

— Qu'est-ce que tu reproches à cet endroit ?
— Ne me dit pas que tu prêches leur bonne parole.
— Je ne vois pas où est le problème.
— Mais tu sors de quelle planète Bella?
— Je ne vois pas où tu veux en venir?
— Tu crois vraiment que « nos soeurs » sont gentiment à l'église le week-end?
— Bien évidemment. Je les ai vus prendre leur valise.

Elle explose de rire, je la fixe l'air de ne pas comprendre.

— Elles sont en train d'étudier le Kamasutra pour que tu comprennes mieux !
— Seigneur! Comment peux-tu calomnier « nos soeurs »!
— Ouvre les yeux, tu verras que tout ceci n'est qu'une illusion.

Elle se lève et quitte la pièce. Je reste abasourdie par ses accusations. Je rejoins ma chambre pour étudier le reste de la soirée, mais impossible de me concentrer. Je repense à Ex, deux jours que je ne l'ai pas croisé, il me manquerait presque, puis je me ressaisis, je repense à ce qu'il représente. Je rejoins mon lit, je m'allonge et m'endors. Je suis réveillée tard dans la nuit par mon téléphone qui sonne.

— Allo.
D'une voix enrouée.

— Bel! Ramène-toi à la confrérie. Ton frère est intenable!
— Ex? J'arrive!

Me voilà habillée de mon pyjama en route vers la confrérie à 2 heures du matin. Je ne comprends pas où ils trouvent le temps de faire des fêtes et d'étudier. La musique résonne jusque dans la rue.
Je rejoins la porte qui est laissée grand ouverte, tout le monde pouffe de rire en me voyant en pyjama. Je continue de progresser dans la maison quand quelqu'un me saisit. Je pose mes yeux sur Exton. Il me reluque et sourit en hochant la tête.

— Quoi? Tu m'as fait comprendre que c'était urgent!
— Mais en pyjama Bel?

Il m'attire à lui, un groupe de jeunes hommes torse nu bouscule tout sur leur passage. Le temps semble s'être arrêté, on se fixe mon corps collé au sien. Il reprend ses esprits, me conduit vers la cuisine. Je marche sur des canettes, des paquets de chips. C'est un bazar sans nom. On sort par la porte de la cuisine qui donne sur une terrasse, Chad est en train de vider une bouteille de vodka. Je suis envahie par la rage. Je lui arrache des mains, il se lève et titube pour la récupérer. Exton se pose devant moi et le repousse, il retombe sur sa chaise.

— Tu ne touches pas à ma sœur!
— Dans l'état dans lequel tu es, tu n'es pas en position d'exiger quoi que ce soit.

Chad pose les yeux sur moi, choqué par ma remarque.

— Tu as changé, soeurette.

Exton l'aide à se relever, Chad lui donne un coup de poing, je suis choquée par sa violence. Exton se redresse et se jette sur Chad, je tente de les séparer. Des garçons de la confrérie se ruent sur les deux amis et les séparent. Un des garçons m'aide à coucher Chad, je referme la porte de sa chambre. Je retrouve Ex adossé au mur, sa lèvre est fendue.

— Tu as une trousse de secours?
— Je dois avoir ça.
— Tu me montres?

Il me conduit devant une autre porte, il ouvre sur une chambre spacieuse, bien rangée. Je suis surprise, je m'attendais à la trouver en bazar. Il se dirige vers une salle d'eau, il en ressort avec une trousse à la main et me la tend.

— Assieds-toi, je vais désinfecter ta blessure.

Il sourit et hoche la tête.

— Je peux me débrouiller, Bel.
— Je ne t'ai pas demandé ton avis.

Il s'adosse sur son bureau, je me saisis du désinfectant. Il pose ses mains sur ma taille et me ramène à lui. Il me fixe avec une intensité que j'en frissonne, mes joues sont brûlantes. J'ai l'impression de sentir mes genoux trembler. Je n'avais jamais éprouvé ce genre de sensation. Je lève le bras en direction de sa lèvre fendue, je ressens une telle tension dans l'air, que ma main tremble quand elle se pose sur ses magnifiques lèvres. La blessure n'enlève rien à sa beauté. Je suis envahie d'images que je ne comprends pas. Je retire ma main et il la retient, je ressens une telle connexion. Cette bulle se dissipe quand quelqu'un frappe à la porte, je m'éloigne de lui. Olivia ouvre la porte et passe de l'un à l'autre et referme en claquant la porte. Il m'accompagne à la voiture, j'en regrette même de ne pas être restée plus longtemps.

La fleur du malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant