Chapitre 21

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Je l'aide à descendre, il tient à peine debout, c'est de l'inconscience. Je suis doublement en colère. Il se moque de moi et se met en danger, c'est affligeant. Dans l'ascenseur, l'ambiance est électrique. Je regrette d'avoir posé mes yeux sur lui dans ce bar étudiant. Il a tout de suite suscité mon intérêt, il est tout le contraire de ce que je suis. Il est provocateur, je suis calme. Il est dépravé, je suis honnête. Je ne comprends pas ce qui a pu attirer mon attention. Peut-être bien sa façon de me regarder comme si j'étais une merveille du monde. Quand il me fixe de ses magnifiques yeux bleus, je m'abandonne totalement à lui.

J'ouvre la porte de son appartement, c'est le bazar. Je l'aide à rejoindre le canapé. Je range le désordre ambiant.

— Une femme de ménage s'en occupe. Viens-là bébé.
— Elle ne mérite pas de nettoyer ta porcherie. Pauvre femme.
Il éclate de rire.

— J'oubliais que j'étais avec Bella l'âme charitable.
— C'est le respect des autres. Visiblement tes parents ont oublié de te l'enseigner.
— La ferme Bel!

Il se redresse dans une colère noire. J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas. C'est la deuxième fois qu'il a ce genre de comportement. Il crie et se met à tout saccager dans l'appartement. J'assiste à cette scène ahurissante, je suis incapable de bouger.

— Ne parle pas d'eux. Tu ne sais rien de moi!
— Parle-moi!
— Dégage de chez moi!
— Quoi?
— Sors de chez moi!
— Bien, mais c'est la dernière fois que je te portais un tant soit peu d'intérêt.

J'appelle un taxi qui me dépose chez moi. A peine ai-je franchi le seuil de ma chambre, j'éclate en sanglots. Je me sens tellement sotte d'avoir bu ses paroles. Je pensais qu'il s'intéressait vraiment à moi. Je suis pitoyable de rechercher une marque d'affection de la part d'un démon. Je me tourne vers ma foi, je prie de tout cœur pour effacer cette douleur lancinante au coeur. C'est douloureux, l'air se raréfie dans mes poumons. Je me jette dans mon lit en sanglotant.

Deux jours que je vis comme une loque, je me rends au cours et je travaille avec peine.
Ce soir, j'ai une maraude avec Bryan. Je vais pouvoir penser aux autres et arrêter de me focaliser sur mes problèmes de cœur.

J'enfile une tenue chaude, en novembre les nuits sont assez froides à San Francisco. J'enfile mes bottes. Bryan m'attend dans la voiture. Quand je monte dans la voiture, il affiche un sourire communicatif. La maraude se fera dans un coin très défavorisé. Je remplis mon sac du nécessaire de premier soin, de la nourriture et des duvets. Nous sommes par équipe de deux. On longe un pont sombre, plusieurs sans-abris sont allongés sur des cartons. On s'arrête, je leur propose une soupe chaude, des chaussettes rembourrées. On prend le temps de discuter avec les démunis, de leur apporter un peu de chaleur humaine. Nous sommes en maraude depuis une heure. On s'arrête 2 minutes pour faire une pause.

— Comment s'est passé ta semaine?
— La course. Et toi Bryan?
— Pareil. A cette période, les consultations des urgences explosent.
— J'imagine. Tu aimes ce que tu fais?
— Si je n'aimais pas, je n'aurais pas tenu tout ce temps.

Il rit. Il a beaucoup de charme. Je n'avais pas prêté attention aux garçons avant Ex. Je me contentais de leur parler de choses en lien avec la paroisse.
On reprend la marche, on continue d'apporter notre aide, tout en discutant de nos vies. C'est quelqu'un de calme, doux, rassurant, mais impossible de me sortir Exton de la tête. Son venin a envahi mes pensées, pourtant je sais pertinemment qu'il n'est pas fait pour moi. Mais mes pensées me ramènent à lui.
La maraude se termine, il me dépose chez moi. Avant de descendre, il me propose de revoir dans un autre contexte. J'ai accepté, c'est quelqu'un de bien.
Je dois le revoir dans quelques jours, il semblait ravi, je préfère rester dans la retenue.

En me dirigeant vers le hall de ma résidence, Exton est adossé à la porte. Je l'ignore, je sors mon badge, la porte s'ouvre, mais il ne se décale pas. Il me provoque.

— Tu pourrais me laisser passer.
— On doit discuter!
— Non, j'ai été claire avec toi. Tu m'as jeté dehors!
— Mais j'étais bourré, je ne savais pas ce que je disais.
— Oh ne met pas la faute sur l'alcool. Tu as l'air d'être un habitué à sa consommation.
— Je ne suis qu'un connard. Je t'ai dit que j'allais te faire souffrir.
— Je n'ai pas de temps à perdre.

Il me ramène à lui et pose ses lèvres sur les miennes, c'est doux, exquis, je perds pied. On se détache l'un de l'autre.

— Essayant d'être amis!
— Quoi? Je ne comprends pas.
— Des amis avec extras.
— Seigneur! Tu as perdu la tête.

Je le plante et je monte chez moi, interloquée.

La fleur du malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant