Chapitre 42

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Je me réveille dans le canapé, je refais la soirée de la veille, tout est un peu confus. Je me redresse, je cherche Ex, j'ai besoin de voir qu'il n'est pas parti cette fois-ci. J'entends du bruit dans sa chambre. Je frappe à la porte, il m'ouvre, il s'habille.

— Tu vas quelque part?
— Au travail.

Et je réalise que je suis en retard pour aller au mien, je panique, il me regarde chercher mon téléphone. J'ai plusieurs appels du bureau et d'Allan. Je le rappelle.

— Où es-tu?
— Je suis chez moi, un peu barbouillée.
— Bien préviens le bureau, tu n'as pas de passe-droit.
— Bien.

Je raccroche. Allan n'a pas l'air de m'en vouloir, il semble s'être calmé, pendant que je suis chez mon ex, je me sens horrible.

— Je te raccompagne chez toi ma Bel!
— Bien.

On rejoint sa voiture, je regarde par la vitre la pluie qui tombe en trombe sur la chaussée. Une journée qui donne envie d'être emmitouflée dans une couverture devant une comédie romantique. Mais la réalité me rattrape, je suis avec Exton dans sa voiture et il est indifférent.
Il s'arrête devant mon immeuble, il souffle fort.

— Bella, éloigne-toi de moi! Je ne peux pas être plus explicite!
— Éloigne-toi de moi, Exton! De ma tête, de mon cœur, de mon âme!

Je claque la porte de sa voiture.  Il en sort et m'arrête, il pleut à torrent, je suis trempée. Il m'embrasse, je réponds à son baiser. Cette scène semble romantique, elle est loin de l'être. Elle est prosaïque, dénuée de sens. Elle n'a pas lieu d'être. Deux minutes plus tôt, on s'est craché au visage ce désir d'éloignement mutuel. Nos bouches ne devraient pas être scellées par la passion. On se détache comme deux fanatiques incapables d'aller au bout de notre raisonnement.
Il remonte dans sa voiture et il disparaît et je prie cette fois pour que ce soit pour de bon, car Bella est brisée, mais pas assez pour abandonner.

Le lendemain, je retourne au travail sous les reproches d'un Allan tyrannique. Est-ce là le prix de mes péchés? Je fais abstraction de ses remarques, je fais mon travail. Je reçois un appel de Chad.

— Allo le plus moche.
— Allo la plus bête.
J'éclate de rire.

— J'aimerais t'annoncer quelque chose. Tu es disponible?
— Oui, je t'écoute?
— J'ai demandé Lizzy en mariage, on se marie dans six mois.
— Waw c'est fantastique, je suis tellement heureuse.
— Dans deux mois, on s'envole tous à Hawaï pour les fiançailles.
— Je suis fière de toi petit frère.

Il semble ravi de ma réaction, je raccroche encore euphorique par la nouvelle. Ma mère doit être dans tous ses états. Je retourne à mes tâches.

Le lendemain, ma mère m'appelle pour me l'annoncer, je fais bonne figure, je sens une pointe d'agacement dans sa voix. Je ne suis pas à la hauteur,elle aurait rêvé mieux pour moi. Je sors du travail et me dirige dans une église. Je n'y avais plus mis les pieds depuis des semaines, voire des mois. J'allume un cierge et je rejoins un banc pour prier.
Pendant la prière, j'ai comme une révélation, je dois voir la mère d'Exton, pour essayer de comprendre son mal-être.
Je me rends devant sa résidence, je me vois qu'un an et demi en arrière avec Ex. La gouvernante m'ouvre la porte, elle ne me reconnaît pas. Je lui explique qui je suis. Elle va chercher l'hôte de la maison. La mère d'Ex, me reconnait au mauvais regard qu'elle me jette. J'entre dans le salon, et je m'assois. Elle prépare du thé.

— Vous êtes la petite amie de mon fils, je me rappelle de vous.
— Je ne sais pas ce que je suis, mais je suis loin d'être sa petite amie.
— Il recommence avec vous! Une ne lui a pas suffi.
— Je ne comprends pas bien.
— Exton ne vous a rien dit je suppose?
— Non.
—  Je pense que vous êtes une bonne jeune fille, éloignez-vous le plus possible de lui. C'est mon fils, je l'ai mis au monde, mais je préfère qu'une vie soit épargnée.

Sur ces mots, elle me congédie. Je ressors tout autant perdu. Qu'est-ce qu' Exton a pu bien faire pour effrayer sa propre mère?
Je dois savoir, il me fait des réponses, m'éloigner de lui ne me suffira pas. Je fais plusieurs recherches sur des réseaux sociaux, mais il semble ne pas y prêter attention. Il est propriétaire d'une boîte dans le digital, qui est florissante. Je ne trouve que des informations liées à son activité professionnelle. Le reste est sans intérêt. Je n'aurais pas mes réponses de cette manière.
Je baisse les bras si près du but.

Je rentre chez moi, des questions plein la tête. Il m'éloigne pour une raison qui lui est propre, je ne suis que les conséquences. Je me sens oppressée chez moi, j'ai besoin de sortir, m'aérer l'esprit.
Ex m'appelle, je suis surprise.

— Allo.
— Pourquoi es-tu allée chez ma mère?

Il crie, je m'attendais à cette réaction.

— Je voulais avoir des réponses.
— Tu veux avoir des réponses? Je n'aurais jamais dû te toucher, ça a été une grossière erreur.

Je suis abattue, usée par ses va-et-vient incessants entre la réalité et mes désirs. Exton n'existe que pour une seule chose: faire de moi son défouloir.

— Bien Ex, cette fois c'est clair.
— Putain Bel, je ne voulais pas dire ça!
— Pourtant tu l'as fait et cette fois le message a bien été reçu.

Je raccroche, en tournant la page définitivement de cette relation qui n'a ni queue ni tête.

La fleur du malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant