La fleur du mal

Chapitre 18

— Bel.

Je continue de l'ignorer. Je sors la bible et me concentre pour entamer ma lecture.

— Putain Bel regarde-moi!

Je ne fais pas attention à lui. Je repère Laura qui rejoint l'amphi. Je range mes affaires, attrape Laura par le bras et l'emmène loin d'Ex. Je ne veux pas poser mes yeux sur lui. Il a honte de moi quand il est avec son groupe d'amis. Il ne me parle que quand je suis seule. On attend quelques minutes, puis on regagne notre salle. J'ai été incapable de suivre les cours, mes pensées étaient destructrices. A peine quelques semaines qu'il est dans ma vie et je me sens dépérir. Tout ce qui le concerne me détruit. C'est peine perdue, je suis bien loin du cours. Laura me passe ses notes. Avant de rejoindre l'appartement d'Ex, je discute avec elle.

— Que se passe-t-il avec Exton?
— Rien, c'est juste un ami de Chad.
— Juste un ami?
— Oui.
— Pourquoi étais-tu dans cet état tout à l'heure?
— Rien d'important.

Je rejoins l'appartement d'Exton, j'appréhende la confrontation. Je sonne, il m'ouvre et se tourne pour rejoindre la salle de séjour. J'avance à reculons. Quand je pénètre dans le salon, des dizaines de bouteilles d'alcool sont disposées sur la table et sur le sol de la cuisine.

— Ex!

Il se tourne vers moi, ses yeux sont injectés de sang, il semble bien éméché.

— Qu'est-ce qui t'a pris de boire autant!
— Je bois si j'ai envie.
— Alors c'est ça? Dès que tu es frustré, tu te saoules!
— Tu ne sais rien de moi putain!
En criant.

Je suis choquée par son comportement, je ne le reconnais pas.

— Alors, je te plais toujours miss parfaite?

Je garde le silence, je ne veux pas dire des mots qui risquent de dépasser mes pensées.

— Je te plais ?
En criant.

— Tu as trop bu Exton.

Je lui enlève la bouteille des mains. Il sanglote, ça me brise viscéralement de le voir dans cet état. Qu'est-ce qui lui est arrivé dans sa vie pour être aussi brisé? Je le prends dans mes bras, il s'apaise.

— Ne me quitte pas! Mon expiation.

Je l'aide à s'allonger au lit, je le couvre de la couette, je l'entends marmonner dans son sommeil. J'entends un prénom, Hilary. Je retourne dans le salon, je range et me débarrasse des bouteilles d'alcool en les vidant dans l'évier de la cuisine. Je prépare à manger, je suis affamée. La réaction d'Exton à la cantine m'avait coupé l'appétit. Je mange seule, il ne s'est pas réveillé. Une fois le repas avalé, je rejoins le salon pour regarder la chaîne spirituelle.
Je m'assoupis.

— Bébé.

J'ouvre les yeux sur Exton, il semble aller mieux, il a déssaoulé. Il m'embrasse le front et m'aide à me relever, il me conduit dans sa chambre . On s'installe dans le lit, il se colle à moi, je ne ressens plus cette gêne. Je lui fais confiance sur ses intentions. Ce soir, il a besoin de moi d'une tout autre façon, ma présence l'apaise, chasse ses vieux démons. Je récite une prière à haute voix, il s'est endormi, j'en fais de même.

Quand j'ouvre les yeux, je suis seule. Je me redresse pour regarder son lit de fortune, il n'y est pas.
Je me lève et me dirige vers le salon, il n'est pas là. Je prends mon téléphone, j'ai un message en non lu.

— Reste autant de temps que tu le souhaites. Je te laisse l'appartement. Ex

Je le relis plusieurs fois, j'ai du mal à saisir son comportement. Il me fuit, je ne vois que ça. Il n'assume pas le peu qui s'est passé entre nous. Je me sens soudainement sali. Je me dirige vers ma chambre, je range mon sac et je quitte cet appartement. Ma vie va de pire en pire. Il y a quelques semaines, je menais une existence simple, loin de toute agitation. Tout va de travers. Je me rends devant la confrérie, je récupère ma voiture et je prends la direction de chez ma mère pour rejoindre Chad. Je roule trois bonnes heures sans faire de pause, j'ai besoin de retrouver un environnement rassurant. La voiture de Chad est stationnée juste devant. J'ouvre la porte, je les trouve attablés pour le déjeuner. Ma mère explose de joie, des semaines qu'on ne s'était pas vues. Chad n'apprécie pas ma surprise. Il se lève brusquement et sort de la cuisine, ma mère le regarde avec incompréhension. Elle me dresse mes couverts et me sert à manger. Une chaleur de bien-être se diffuse dans mon cœur.

— Raconte-moi tout!