Chapitre 56

6.8K 873 19
                                    

— J'ai survécu et pas elle.
— Oh mon dieu, tu l'as fait.
— Je pensais l'aimer, plus rien ne me rattachait à cette vie.

Je fonds en larmes, il a vécu toutes ces années avec cette culpabilité. Il n'avait que 16 ans, un adolescent mal dans sa peau. Je le prends dans mes bras, il m'embrasse, son baiser est plein de remords, de complexité.

— Est-ce que Bella déteste Exton?
— Non, Bella a de la peine pour Exton.

On reste enlacé quelques minutes, on se relève et on quitte le cimetière. On rejoint son appartement, pour sa dernière soirée en ville. Nul ne sait s'il reviendra, et je ne sais pas si Bella restera sans Exton.
Il me porte jusqu'à son lit, il pose mes béquilles près du lit, se déshabille et regagne le lit. Il s'allonge à mes côtés, sa respiration est lourde.

— Tu as dit que tu pensais l'aimer?

Il se tourne vers moi et me fixe avec une intensité qui me coupe le souffle. J'approche mon front du sien, nos lèvres s'effleurent.

— Le soir du réveillon, dans cette ruelle, j'ai fait plus que te donner un orgasme.
Je rougis, il sourit avec tendresse.

— Je t'ai donné une partie de moi.
— Quand tu me dis ce genre de chose, je me remets à espérer. J'ai peur de souffrir encore.
— Dans cette chapelle, je t'ai donné mon cœur.

Mes larmes coulent de plus belle. Tous ces mots sont un appel à l'amour.

—,Dans cette chambre d'hôtel, je t'ai donné mon corps, mon ange.
— Ne dis pas ça Ex. S'il te plait.
— Et sous cette pluie, je t'ai donné mon âme.

J'éclate en sanglots, j'en ai trop entendu, pour que Bella se construise sans Exton. Il m'amène à lui, je sanglote dans ses bras, qui me manquent tant.

— Tu n'es pas elle mon ange, elle m'a donné la mort, quand toi tu m'as insufflé la vie.

J'émets un râle de douleur, c'est trop dur à écouter. J'ai l'impression de perdre la tête, toute cette déclaration me brise de l'intérieur. C'est évident que Bella aime toujours Exton et qu'Exton a toujours aimé Bella. Je finis par m'endormir dans ses bras.

Le matin, je me lève, il n'est plus dans le lit, je rejoins la salle de bain, je me rafraîchis et je me dirige vers l'escalier. Il prépare ses affaires, pour son retour à New-York, je le regarde plier ses vêtements. Il pose ses yeux sur moi, il s'avance vers moi et m'amène à lui .

— Tu vas me manquer Ex.
— Je t'ai gravé dans mon cœur.
— Moi aussi, je t'ai gravé dans mon cœur. Un jour peut-être que Bella retrouvera son Exton.

Il hoche la tête.
Il se reconcentre sur son départ. Une question me trotte en tête, je ne m'étais jamais posé la question. Pourquoi avoir fini dans cette petite ville de San Francisco, il aurait pu voyager dans le monde, ​ s'installer dans des villes qui font rêver.

— Exton?
— Oui bébé?
— Pourquoi t'es-tu installé ici?
— Le pur hasard.
— C'est-à-dire?
— J'ai joué aux fléchettes.

Il sourit.
Rien n'est le hasard dans notre histoire. C'était notre destin de se rencontrer et de vivre une histoire aussi prenante. Exton devant faire partie de la vie de Bella. Il me raccompagne chez moi, les adieux sont déchirants. Habituellement, il s'en va sans me prévenir. Il disparaît et réapparaît quand il en ressent le besoin. Mais aujourd'hui, c'est un départ qui sonne tout autrement. Bella n'a pas besoin de son Exton, et Exton est libéré de Bella. On s'embrasse passionnément. Je sors de la voiture et regarde sa voiture s'éloigner, je ferme un nouveau chapitre de notre histoire.

Ma mère est à la maison, elle prépare le déjeuner. Je la rejoins dans la cuisine.

— Tu étais avec ce Exton?
— Oui.
— Il n'est pas fait pour toi.
— Pas encore.

Elle me regarde avec chagrin, je me dirige vers elle, elle ne comprend pas ce que je fais, je me jette dans ses bras, elle resserre la prise et éclate en sanglots. Elle déverse toutes ses années de souffrances dans mes bras. Je ne lui en veux plus, elle a fait ce qu'il fallait pour sa famille. C'est une femme forte, qui a pensé au bonheur de ses enfants avant le sien.

— Tu as fait ce qu'il fallait.
— Oh ma chérie, c'est tellement dur de vivre avec ce poids sur la conscience.
— Papa aurait été fier de toi. Tu nous as épargné bien des choses.
— Si c'était à refaire, je le referais.
— Il ne faut pas que Chad le sache.
— Nous sommes d'accord sur ce point. Tu as faim?
— Oui je meurs de faim.

On s'installe pour manger, la rancœur est mise à plat, on peut avancer dans notre relation. On portera ensemble ce lourd secret, sa charge sera moins lourde à deux.
En fin de journée, je prends ma voiture, je me rends en ville. Une heure plus tard, je stationne devant le salon de ce tatoueur.

J'entre dans le salon, le tatoueur vient vers moi.

— Je peux vous aider?
— Non, je sais ce que je veux.

La fleur du malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant