La fleur du mal

Chapitre 19

— Tu sais maman, c'est la vie d'étudiante. Rien de bien glorieux.
— Et ta confrérie? Tu t'es fait des amies?
— Oui, j'ai une amie.
— Super ma chérie.

Je termine mon déjeuner, je rejoins ma chambre. Je me sens enfin chez moi quelque part. Je parcours des yeux les différentes photos des événements où j'ai participé. Les photos prisent aux réunions de la paroisse,  mon sourire était pur et sincère. Je regarde par la fenêtre, Chad est assis sur la balançoire. Il se balance comme nous le faisions des années auparavant. Je sors de la chambre rejoindre le jardin. Je m'assois sur la balançoire d'à côté. On se balance en silence, aucun de nous ne semble rompre le silence. On continue de longues minutes sans prononcer un mot.

— Je t'avais dit de t'éloigner de lui.
— Je suis ta grande sœur, je n'ai pas besoin que tu me protèges.
— Tu ne sais pas quel genre de type, il est.
— Dis-le-moi! Tu crèves d'envie de le faire!
— Un enfoiré. Il obtient ce qu'il veut des filles et il leur brise le cœur. Tu n'es juste qu'un défi pour lui.
— Je suis ravie de l'apprendre!
— Ce n'est pas quelqu'un de bien. N'espère pas le sauver. C'est toi qui risques d'y perdre plus. Reste dans ta paroisse en attendant de trouver quelqu'un digne de toi.

Il descend de la balançoire et s'en va. Qu'est-ce que j'espérais le plus? Que le méchant au contact de la gentille se métamorphose. Il est ce qu'il est, je ne ferai pas exception à la règle. Je remonte dans ma chambre et me plonge dans la lecture spirituelle. Je lis sans m'arrêter, j'ai besoin de lire pour retirer le mal qui a commencé à envahir mon coeur.
Je passe le reste de la journée collée à ma mère. En fin de journée, elle me pose une tasse de thé, elle semble nerveuse.  Je me redresse et tente de savoir la cause de son état.

— Maman? Un souci?
— Non, non Bella.
— Tu as quelque chose à me demander?
— Oui. J'ai rencontré une charmante dame à la paroisse.
— Oui?
— Son fils étudie dans ta faculté et.
— Et?
— Je t'ai proposé. Il ne connaît personne. Je me suis dit que tu pourrais essayer d'être son ami.
— Tu m'as organisé un rendez-vous galant?
— Non, c'est purement charitable.

Elle semble gênée, elle s'est mise dans une situation délicate, sa gentillesse la perdra.

— Bien donne-moi ses coordonnées.
— Oh merci ma chérie. Tu ne le regretteras pas.

Je rejoins ma chambre, j'avais réussi à ne plus penser à Exton mais la solitude me ramène à lui. Il n'a pas tenté de m'appeler, il me rejette à sa façon. Je me couche avec l'espoir de reprendre le cours de ma vie juste avant d'avoir posé les yeux sur lui.

Le lendemain, je rentre à la faculté. Laura m'attend devant la salle. On doit s'installer le soir même dans notre colocation. Je regarde chaque recoin dans l'espoir de revoir Ex. Mais il n'est pas là, il me fuit.
A la pause déjeuner, je contacte le numéro que ma mère m'a donné. Il décroche.

— Allo Bryan.
— Oui?
— C'est Bella, ma mère et ta mère ont fait connaissance à la paroisse.
— Ah oui? Ma mère m'en a parlé. Tu es sur le campus?
— Oui.
— On se retrouve devant la bibliothèque à 17h.
— D'accord.
— Super!

Je regagne mes cours de l'après-midi. Je me concentre, je ne veux pas que mes études en pâtissent. Fin de journée, je m'excuse auprès de Laura et je rejoins la bibliothèque. J'ai dix bonnes minutes de retard. Quand j'arrive devant la porte, je tombe sur un jeune homme charmant, blond, les yeux bleus, habillé convenablement. Il me gratifie d'un sourire chaleureux.

— Bryan enchanté.
— Bella.

On se fixe en souriant quand j'entends une voix que je reconnais distinctement. Je n'en crois pas mes yeux.

— Comme vous faites un joli couple!

Exton se tient devant moi, un sourire narquois aux lèvres. Il passe de l'un à l'autre en nous reluquant. Je l'ignore, saisit Bryan par le bras et le conduit vers la cafétéria. On s'installe à une table, mais Exton n'a pas dit son dernier mot. Il entre et s'installe à notre table. Bryan le regarde avec curiosité.

— Un ami à toi Bella?
— Ne fais pas attention à lui. Il a des problèmes de personnalité.
— Ah d'accord.

Exton change de comportement, il regarde Bryan avec un air mauvais. Il nous observe, c'est une situation extrêmement gênante. Aucun de nous parle puis il se lève brusquement et quitte la cafétéria. La situation s'apaise, la langue de Bryan se délie. Il étudie la médecine, il est en 5ème années. Il a mon âge. Plus il se livre, plus se dessine le plan machiavélique de nos mères, je souris intérieurement. Il me raccompagne devant ma voiture.

— Est-ce que tu aimerais qu'on aille boire un verre?
— Oui pourquoi pas.