La fleur du mal

Chapitre 22

Nous sommes au mois de décembre, un mois et demi s'est écoulé depuis sa proposition. Je ne l'ai plus croisé,  il a arrêté le cours de littérature. C'est probablement mieux comme ça, notre histoire était vouée à l'échec. On est trop différent.
Je fréquente Bryan, tout se passe merveilleusement bien, j'ai beaucoup d'affection pour lui. On se voit très souvent.

Pour les fêtes, on retourne dans nos familles respectives , on se croisera en ville, nos mères fréquentent la même paroisse. Je boucle ma valise,  Chad passe me récupérer, nos relations se sont nettement améliorées. On fait chacun des efforts.
Il m'arrive de penser à Exton, ses phrases provocatrices, ses baisers, ses caresses. Puis je me reprends et chasse ces pensées du diable.

Nous sommes bientôt arrivés, on est ravi de pouvoir passer du temps en famille, mon foyer rassurant me manque.  Ma mère nous accueille sur le pas de la porte, je me jette dans mes bras pendant que Chad s'occupe de nos affaires. On se met à table et on lui conte ses trois mois passés loin d'elle. Elle est au courant pour Bryan, il voulait faire les choses bien. Elle est aux anges, elle ne fait que des éloges sur sa mère.

Plus tard dans la soirée, je décide d'aller faire un tour en ville, j'achète une boisson chaude à emporter et je marche dans ces nuits fraîches de décembre. J'entends le boucan d'une moto qui s'arrête à ma hauteur.
Exton. Mon cœur bat la chamade, il enlève son casque, je pose mes yeux sur son regard hypnotisant.

— Ça va bébé?
— Ex! Où étais-tu passé?
— En voyage.
— Ah. Tu es de retour en ville?
— Oui.

Il me reluque et s'humidifie les lèvres, ce geste est tellement sexy, je suis émoustillée.

— Tu montes?
— Quoi?
— Allez bébé!

Je fais ce qu'il me dit, je monte, il démarre à toute vitesse.  On s'arrête devant un bâtiment défraîchi, il ouvre la porte sur un magnifique loft.

— C'est chez toi?
— Oui. Tu aimes?
— Beaucoup.

Il me tire à lui et m'embrasse, je me laisse aller , ce baiser est destructeur. Je ressens toute la souffrance de cet éloignement. Je le ramène à moi, il approfondit son baiser, je suis toute chose dans ses bras. Je me ressaisis, je repense à Bryan et me détache de lui.

— Un problème bébé?
— Ex, je suis en couple.
— Avec ton gentil camarade.
— Oui.
— Soyons amis!
— C'est ridicule!
— Je me tiendrai à carreau!
— J'en doute.
— Laisse-moi essayer.
— D'accord, mais plus d'ambiguïté.
— D'accord mon ange.

Il me raccompagne chez moi, à quelques pâtés de maisons, je ne voulais pas être vu en sa compagnie.
Allonger dans le lit, je repense à Ex, il veut être mon ami. J'ai du mal à le croire. On a franchi une limite, l'amitié  je n'y crois pas une seconde. D'ailleurs pourquoi il n'est pas à New-York en famille pour les fêtes. Il va les passer seul, ça me fend le coeur.

Le matin, je me réveille avec Exton comme  première image, je n'ai pas pensé une seule fois à Bryan, je me fais peur. Je dois le rejoindre à la paroisse. Nos mères seront aussi là , il va me présenter officiellement, je suis anxieuse. J'ai peur de ne pas être à la hauteur. J'ai déjà commis un péché la veille au soir en me laissant aller au baiser de Ex.

Je rejoins Chad et ma mère en train de petit déjeuner. L'ambiance est joviale, on se chamaille comme au bon vieux temps. Une fois le déjeuner avalé, je remonte dans ma chambre pour une lecture spirituelle pour chasser mes pensées obsédantes envers Ex.

Mon téléphone sonne, je pose mes yeux sur l'écran, c'est Ex, je souris comme une gamine.

— Allo Ex.
— Ça va bébé?
— Oui. Que puis-je faire pour toi?
— Je suis devant la maison de Mme Anderson, je t'attends.
— Quoi? Je ne peux pas, je dois me rendre à la paroisse ce soir.
— Tu seras déjà de retour.
— Je vais sûrement le regretter, mais d'accord.

Je me change, je me dirige vers la maison de Mme Anderson. Il est en voiture, je reconnais son Range Rover.  Je monte, ses yeux se posent sur les miens, je sens une douce chaleur m'envahir. Seigneur! Comment peut-il me faire autant d'effet juste en me regardant.

Sa voiture démarre, on roule une vingtaine de minutes jusqu'à un lac. La voiture s'arrête, je le regarde avec incompréhension.