Chapitre 33

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— Vous l'avez fait avec vos pieds ?
— Seigneur! Si vous n'êtes pas content, allez le faire vous-même!

Il écarquille les yeux. Depuis Exton, je ne veux plus me laisser marcher sur les pieds, j'ai trop souffert.

— Vous dites?
— Levez votre petit minois et montrez-moi comment le faire!

Il se redresse sur son siège.

— Vous avez de la chance que j'aime votre franc parlé, d'autres patrons, vous auront mise à la porte.
— Quelle chance, vous l'avez dit.
Il explose de rire, je souris timidement.

— Je pense que j'ai bien fait de vous avoir bousculé.

Il me fixe intensément, je suis troublée. Il n'y a que Ex qui me regardait de cette façon. Il me donne les différents contrats que je vais devoir vérifier. Je referme la porte de son bureau en soufflant. Le reste de la journée, je me concentre sur mes contrats, je boucle le dernier, je corrige les erreurs. Je me rends au bureau de mon supérieur tyrannique Allan Smith, quand j'ouvre la porte, il pose ses yeux sur moi et me reluque.
Je lui donne mes corrections, il me souhaite une bonne soirée, il n'est pas si terrible. Je raconte à Laura ma première journée, la sienne était speed, sa responsable est une femme tout aussi despotique. On se soutiendra le soir en rentrant de nos emplois respectifs.

Je me saisis d'un bon livre et en commence la lecture, mon téléphone sonne, un numéro que je ne connais pas.

— Bella.

Je me fige, aucun son ne sort de ma bouche. Je ne m'attendais pas à ce qu'il m'appelle.

— Bella?
— Oui! Qu'est-ce que tu veux? Je t'ai dit d'oublier mon existence.
— Laisse-moi te parler et tu pourras juger de la situation.
— Je n'en ai plus envie.
— Mon ange, accorde-moi cette faveur, tu me le dois.

Je souffle fort, je ne suis pas du tout emballée par son envie soudaine de vouloir me parler. Je sais comment ça va finir. Bella va se remettre à espérer pendant qu'Exton se joue d'elle.

— Je ne sais pas Exton. C'est toi qui voulais que je garde mes distances. Et tu n'avais pas tort sur ce point.
— Une discussion.
— D'accord.
— Je passerai te chercher vendredi soir, envoie-moi ton adresse par texto.
— Bien.

Je raccroche, je me jette sur mon oreiller et étouffe un cri de frustration. Je n'arrive toujours pas à lui dire non. Je me sens si vulnérable à ses côtés. Je n'ai plus de cœur à lire, je tente de trouver le sommeil, demain réveil matinal.

Les jours suivants ont été éprouvants, c'est un dictateur, il me reprenait sur chaque dossier, correction. Sans compter ses appels intempestifs, je suis à deux doigts de craquer, mais j'ai un record à battre de deux semaines. Alors, je prends mon mal en patience. Il vient de m'appeler une énième fois, car la police que j'ai utilisée lui a endommagé sa rétine. Oh seigneur, accordez-moi la patience de ne pas le réduire en miette.
Je frappe à son bureau.

— Allan.
— Bella mets-moi des gouttes dans les yeux.
— Pardon?
— Tu as bousillé mes yeux à cause de ton choix de police d'écriture.

Je me dirige derrière son bureau, me saisis du sérum et inonde son œil, il émet un râle de surprise, je fais de même pour le deuxième. Il cligne des yeux plusieurs fois, puis me regarde. Il me fixe intensément, je me sens gênée par cette proximité, je retourne de l'autre côté de son bureau.

— Merci Bella. Tu peux disposer.

Je n'en reviens pas, il m'a remercié, je sors en souriant. C'est une petite victoire qui a le mérite de se fêter. Je travaille sur le reste de mes dossiers en faisant attention à la police d'écriture. Je ne veux pas que ça se reproduise.
Je quitte mon bureau, je rejoins les ascenseurs, j'y entre, Allan me rejoint. L'ambiance est électrique, il me fixe sans sourciller, j'ai envie de fuir cette situation malaisante. Allan n'est pas un vieux patron tyrannique. Il est très charmant, la trentaine, très classe, mais il est cinglé. J'ai déjà donné avec les phénomènes. La porte de l'ascenseur finit par s'ouvrir, je fuis littéralement mon supérieur. Plus qu'une semaine à tenir.

Le soir, je me prépare pour le tête-à-tête avec Exton. Je fouille dans mes nouvelles tenues. Je mise sur une robe, je boucle mes cheveux et me maquille plus que d'ordinaire. Je vais lui faire regretter de m'avoir rejeté comme une paria. Et puis en y réfléchissant, j'ai dépassé tout ça v'est puéril. Je ne veux plus quoi que ce soit venant de lui. J'attends qu'il me demande de descendre.

Au bout d'une demi-heure, il m'appelle. Je rejoins sa voiture. Quand je monte je suis envahie par son parfum boisé, sensuel, envoûtant. Il est beau, le mot est faible, il y a un an, j'étais attirée par son magnétisme. Aujourd'hui sa beauté est à couper le souffle. Ce n'est plus le jeune homme de 19 ans que j'ai voulu sauver. Aujourd'hui, il dégage une telle masculinité.
Il démarre la voiture, je ne sais pas vers quoi je vais. Ses rendez-vous étaient tout sauf normaux.
Il s'arrête une dizaine de minutes plus tard dans un restaurant, ce qui est étonnant. Il m'ouvre la portière et me dirige vers l'intérieur. On s'assoit et passons commande. Aucun de nous deux ne baisse le regard, on se fixe comme deux cœurs égarés.

La fleur du malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant