Chapitre 11

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Je suis devant la salle de littérature, je suis seule. Personne ne souhaite se mélanger aux filles vertueuses. J'en profite pour relire le cours précédent.

Un homme semble,
Souvent trompeur.
Mais si je tremble,
Belle, ayez peur.

Je relève les yeux sur Exton.

— Victor Hugo.
— Tu aimes aussi la littérature française, Bel?
— Oui.

On pénètre dans la salle de cours, il s'assoit à côté de moi, ses yeux posés sur moi, je me sens mise à nu. Je détourne le regard, les joues empourprées. Il passe le cours entier à essayer de me perturber, il étouffe plusieurs rires exaspérants. Je le fusille du regard à plusieurs reprises. Je sors à toute vitesse une fois le cours achevé, j'essaye de mettre de la distance. Il me suit, je tente de le semer devant les toilettes des filles, j'y reste de longues minutes pour être sûr qu'il soit bien parti. En sortant, on me saisit le bras, Exton me plaque au mur. Je le repousse, il affiche un sourire triomphant.

— Lâche-moi Ex!
— Tu es sûr c'est ce que tu veux Bella ?

Quand ses mains se posent sur moi, j'ai l'impression qu'il franchit toutes mes frontières internes. Son parfum emplit mes narines, son odeur est suave, virile et sensuelle à la fois. Mes yeux se posent sur ses lèvres, c'est la première fois que je pense à ce genre de choses. Je prie le Seigneur de me sortir de cette situation. Je ferme les yeux pour ne plus voir ce démon réincarné dans un visage d'ange. Quand j'ouvre les yeux, j'ai froid, mais la sensation de ses mains n'a pas quitté ma peau. Elles ont marqué ma peau au marqueur indélébile. Je jurais les sentir, si cette chaleur ne m'avait pas quitté.

Je cours rejoindre ma voiture, je démarre en trombe. En rentrant, je m'écroule en larmes, je me sens tellement mal d'avoir aimé son contact sur ma peau. J'ouvre la bible et me plonge dans une lecture purificatrice. Avant de me coucher, je me mets à genoux pour une prière. Je prie sa sainteté de l'éloigner de moi, non d'en faire un croyant. J'arrête la prière, elle n'a ni queue ni tête. Le sommeil ne semble pas m'emporter, je descends à la cuisine récupérer un verre d'eau, je trouve Laura qui mange une glace. Elle me tend une cuillère, je m'assois à ses côtés.

— Tes parents t'ont obligé à venir ici?
— Oui. S'il savait que cet endroit n'est que débauche et fausses apparences.
— Qu'est-ce que tu as vu?

Elle regarde la porte pour être sûre qu'on soit seule.

— Elisabeth faisait une pipe à un type dans une voiture.

Je suis choquée par le mot aussi cru et par l'acte en lui-même. Je fais le signe de la croix et touche mon médaillon.

— Seigneur! Le diable l'a touché! Je ne vois que ça. Elle porte la marque du diable.
— Bella, alors elles le sont toutes!

On passe l'heure suivante à décrypter tout ce que les autres filles font et qui est bien loin du bon comportement d'un croyant. Plus Laura se livrait, plus je ne me sentais pas à ma place. J'en regrette presque ma camarade de chambre nymphomane.
On finit par rejoindre notre chambre, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. J'avais l'impression de dormir dans le berceau de l'enfer. Je rejoins Laura dans la cuisine, cette conversation nous a rapprochés. Certaines personnes portent un regard désapprobateur sur nous. Mais je ne souhaite pas en tenir compte, je préfère les ignorer.

Les jours suivants, nous passons le reste de notre temps libre ensemble. Les masses basses s'intensifient. L'atmosphère est étouffante. Je ne rentre que pour dormir, le reste du temps, je le passe à la bibliothèque, bien loin de l'agitation de la confrérie. J'ai revu Chad, il semble toucher le fond. J'aimerais l'aider, mais je souhaite qu'il se débrouille seul cette fois. Il faut le responsabiliser, j'en ai touché un mot à ma mère. Je n'avais plus le choix, elle l'a convoquée ce week-end. Il m'en veut.

Je sors de la bibliothèque, je trouve Exton adossé à ma voiture. J'étais à deux doigts de sourire, mais je me reprends. Il affiche un sourire malicieux. Il s'approche de moi, je sens chaque particule dans l'air se charger d'électricité. Sa façon de me regarder suffit à faire renaître en moi une multitude de sensations.

— Tu viens avec moi , cette fois-ci, tu ne m'échapperas pas.

Mes yeux se posent sur son tatouage, je frissonne.

La fleur du malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant