De par l'ouverture de la toile, Milléïs et Draval passèrent leur temps à admirer les différents paysages s'offrant à eux. Après avoir quitté Solécendre et ses facettes modernes et métalliques, Lumènia était une île à la verdure luxuriante, aux villages ruraux et pittoresques renfermant d'humbles travailleurs cultivant légumes, céréales et tabac. La nation beige était d'ailleurs connue pour être le siège de la plus grande production céréalière et tabagique de l'archipel.
Des champs de blé émergeaient de chaque côté du chemin de terre, cognés par le soleil. Le ciel dégagé se revêtait d'un bleu unique. Un oiseau de fer passait au loin, flirtant en rythme avec les courants de hautes altitudes. Milléïs et Draval reconnaissaient les courbes acérées d'un sublime Méca-Condor ; sa vitesse était subjuguante, la précision de ses détails également.
Les heures défilaient, tout au même point que les riches forêts de feuilles jaunes. À chaque éclat de joie, une grimace déformait le visage de Lascan, à l'avant. Pas moyen de se reposer avec de telles pipelettes ! songeait-il, alors qu'il tentait de rattraper un brin de sommeil. Cette attitude faisait doucement glousser la délicate Sielle.
— Milléïs, regarde ! montra Draval, le nez par la fenêtre.
Rapidement, l'appelée engouffra sa tête sous le bras de son meilleur ami, pour voir ce qu'il pointait si ardemment. À cet instant, ses yeux rencontrèrent une masse énorme peignant majestueusement le val à l'horizon ; un château. Un immense château de roches ocres, gardé par une barrière de lances pointues et sécuritaires. La divine égérie de l'île se dévoilait enfin.
Prise d'un bonheur incommensurable, Milléïs s'écria :
— C'est le pensionnat, Draval ! On est arrivés ! Tu as vu comme il est beau ?
Sous les claquements des sabots synchronisés des chevaux, les futurs élèves passèrent tous par delà les orifices, afin d'admirer l'endroit qui allait être leur fief d'adoption. Sielle sortit Lascan de sa transe d'un bon coup de coude dans l'épaule ; il ne devait pas manquer ça. Les navettes dépassèrent le portail de fer forgé, pénétrant dans l'auguste structure du jardin. L'allée de gravier blanc était magnifiquement décorée de deux haies de buissons taillés avec élégance. De majestueux saules pleureurs entouraient presque maternellement la bâtisse.
Au centre de cette cour faramineuse, une fontaine à l'eau limpide et à la margelle de galets y reposait. La bouche béante de fascination, les apprentis furent chahutés par une secousse. Le cocher venait d'immobiliser son véhicule devant l'entrée du monument.
— Terminus, les enfants !
Après avoir délogé son fessier du siège, l'homme au chapeau haut-de-forme déverrouilla la portière, permettant aux premiers adolescents de sortir pour s'imprégner de l'aura prestigieuse des lieux. Draval se leva et saisit la main d'une Milléïs pétillante et intenable. Or, Lascan lui coupa la route vers la sortie, avant de partir avec sa jumelle. Le fils de forgeron grommela, mais ne répliqua rien.
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𝐌𝐈𝐋𝐋𝐄𝐈𝐒 𝐆𝐀𝐙𝐄𝐑𝐆𝐑𝐀𝐘, T1 : La Voie des Défenseurs
FantasyArchipel d'Enkkorag, 1877. Dans un monde où les engrenages côtoient les énergies solaires et les cités homériques, Milléïs évolue. Dès son plus jeune âge, elle nourrit une ambition : protéger les autres, servir la justice et lutter contre le mal. Dr...