Être Défenseur 3/6

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L'horlogerie était plongée dans un calme mortuaire

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L'horlogerie était plongée dans un calme mortuaire. Seul l'incessant cliquetis des centaines d'horloges à vendre, de toutes les dimensions et formes, donnait un semblant de vie à cette échoppe des plus singulières. Le comptoir de bois, où dormait une énorme caisse enregistreuse, était vide. La cloche d'entrée n'avait pas éveillé le moindre vendeur, ni même employé.

Tout brillait en ces lieux : des montres à gousset aux cadres dorés pendaient au plafond, suspendus sur des fils de mailles, telle une coulée d'étoiles. Draval dut même jouer de ses réflexes pour éviter l'une d'elles qui allait le heurter au front. Milléïs, elle, poussa une montre du doigt en souriant ; son mouvement rappelait celui d'un balancier.

Derrière le guichet, posé au mur, il y avait une plaque métallique où il était inscrit : « Avec le temps, le possible a déjà été réalisé. L'impossible est en cours, mais pour les miracles, il faudra repasser dans quelques jours. »

Pas un seul centimètre de mur n'était laissé à l'abandon, tant et si bien que sa couleur d'origine n'en était plus identifiable. Cette place représentait parfaitement Leodore ; encombrée, peu conventionnelle, mais si énigmatique. Afin de signaler sa présence, Icencia s'élança, d'une voix assurée :

— Il y a quelqu'un ?

Aucune réponse. Au fond, derrière le comptoir, il y avait une porte. Icencia se dirigea vers elle d'un pas curieux, poussant le binôme à la suivre. Elle ouvrit le passage qui menait à l'arrière-boutique, dans un espace noyé de lumière. Attirant leur regard vers le haut, la tour dévoilait un habitat en longueur, montant sur plus de vingt mètres. Plusieurs étages se dévoilaient en demi-cercle, comme si le parquet de bois caramel était coupé de moitié, donnant ainsi une vue en mezzanine sur ses trois niveaux. Le plafond étourdissant, soutenu par de puissantes solives, dessinait une magnifique astérie. Les trois fenêtres superposées en cadran solaire transportaient la lueur du jour dans la totalité de cet étrange logis.

Éberluée, Milléïs s'émerveilla.

— Waouh, quel endroit... vertigineux !

— Visiteur ! Visiteur ! Visiteur !

Leur offrant un sursaut de surprise, un petit volatile de métal traversa le rez-de-chaussé tapissé de cartons et autres bureaux ensevelis par des pièces de fer. Celui-ci, avec une voix stridente et exagérément forte, braillait sans s'arrêter jusqu'à poser son corps lourd sur une étagère. C'était un hibou mécanique avec d'immenses yeux oranges.

Lorsqu'il se tut enfin, une tête dépassa du deuxième étage afin de s'enquérir de cette annonce. Icencia vit alors l'immense sourire écarté de son partenaire, Leodore. Dans un cri perçant de joie, l'homme aux mèches ocre disparut aussitôt. Il réapparut alors lorsqu'il bondit de tout son élan sur l'épaisse chaîne accrochée au plafond, lui permettant de descendre. Avec élégance, il glissa le long du fil en tourbillonnant avant de retomber sur sa jambe artificielle, dans une posture digne d'un comédien à l'apogée de son spectacle.

𝐌𝐈𝐋𝐋𝐄𝐈𝐒 𝐆𝐀𝐙𝐄𝐑𝐆𝐑𝐀𝐘, T1 : La Voie des DéfenseursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant