Mission de Sauvetage 1/9

8 3 2
                                    

Assise à la terrasse d'une boulangerie, Laliza avait décidé d'aller déjeuner avant d'entamer la première patrouille de ses élèves

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

Assise à la terrasse d'une boulangerie, Laliza avait décidé d'aller déjeuner avant d'entamer la première patrouille de ses élèves. En vingt-cinq ans de vie, elle n'avait jamais loupé un repas. C'était un moment sacré pour elle ; le souvenir doux-amer des pique-niques en forêt avec ses parents. Les sourires de sa mère, ses cheveux bruns battus par la douceur du vent. L'adoration de son père pour le vin blanc de Prisme. Une passion qu'il lui avait transmise et qu'elle avait à son tour transmise à Silver.

C'était le moment propice pour se remémorer quelques fantômes supplémentaires. Ainsi renaissaient les journées ensoleillées de son enfance, perdue dans les hauteurs d'Hagueroux, le village où elle était née. Sans peine, elle revoyait les frondaisons rougeoyantes de la forêt, le territoire des renards. Comme dans un rêve, elle écoutait fuser le rire de son petit frère, Maltior. Sa voix se répandait sous l'averse des feuilles d'automne qui frôlait ses joues rebondies, tels des baisers maternels. Elle revoyait leurs doigts couverts de boue et leurs cheveux envahis de brindilles. Ces douceurs d'antan, entrelacées de nostalgie, lui avaient presque fait oublier sa position actuelle.

Les rayons chauds et nourriciers de l'astre les cognaient. Il faisait doux même si l'automne était sur le point de renaître, suite à son absence presque interminable. Sans surprise, la cité mécanique se prélassait au soleil. Elle exhibait les banderoles des quatre nations, battues par une vapeur légere et bercées de festivités. Au loin, la mélodie entraînante des musiciens acclamait l'arrivée de cet événement si longtemps attendu. Les élus passaient encore inaperçus dans ce bric-à-brac bruissant et urbain, mais cela changerait bientôt.

Sirotant son thé glacé sans saveur à petites gorgées, Lascan fixait d'un œil abasourdi Milléïs et Draval qui avalaient leurs sandwichs garnis en forme de triangle. La surface de la boisson brunâtre frémit sous les mouvements contrôlés de son détenteur, ondulant comme les soupirs de celui-ci. Son œil de glace se plissa d'indignation lorsque la sauce à l'odeur répugnante coula sur le menton de Draval. Écœuré, l'héritier ne put se retenir d'exclamer sa pensée :

— Comment faites-vous pour avaler ce genre de choses ?

Cette déclaration nuement jetée attira l'œil arrondi du binôme qui gardait la bouche pleine. Sielle, surprise et comblée par cette nourriture si différente, se tourna vers son frère en essuyant le coin de sa bouche fine à l'aide d'une serviette de table. Elle lui sourit tout en reprenant une bouchée, puis lui lança :

— Je trouve ça très bon, moi. Ça change de ce que l'on peut manger au manoir. Tu devrais goûter.

Lascan avait du mal à s'imaginer en train de déguster une telle immondice. Lui, si distingué, si exigeant jusque dans le choix de la forme de ses boutons de manchettes. Ses goûts allaient au delà. Ce fut donc sans ménagement qu'il cracha, d'un air blasé :

— Il en est hors de question ! Je préfère passer mon tour et éviter cette pitance de mendiant.

— Tu devrais pourtant t'y habituer, Lockspear. Quand tu seras en mission très loin d'ici, il n'y aura pas ta cuisinière avec toi, ni même de grands restaurants à ta disposition, grimaça Milléïs, agacée de son attitude capricieuse.

𝐌𝐈𝐋𝐋𝐄𝐈𝐒 𝐆𝐀𝐙𝐄𝐑𝐆𝐑𝐀𝐘, T1 : La Voie des DéfenseursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant