Être Défenseur 1/6

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— Joya ! Ferme-la un peu, veux-tu ?

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— Joya ! Ferme-la un peu, veux-tu ?

— Non, je ne la fermerai pas ! Combien de fois devrais-je pleurer devant toi pour que tu cesses ?

Un poing furieux se cogna contre le mur de la forge. Ce fut si puissant que les parois en tremblèrent, tout comme le corps moelleux de Joya. La nuit se proclamait souveraine à l'extérieur. Malgré l'heure tardive et les habitations mitoyennes au couple, Sullivan n'eut guère le respect et la décence de diminuer le son de sa voix.

— Ton fils a été absent durant un an ! Et toi, tu ne prends même pas le temps de lui souhaiter la bienvenue, ni même de l'accueillir ! Tu pourrais faire un effort, il semblait si heureux et fier de te montrer son insigne, pleura la mère de Draval.

— Combien de fois va-t-il falloir que je te le dise ? Il m'a trahi, il a bafoué l'honneur de notre famille. Il a voulu choisir sa voie comme un grand garçon, eh bien, parfait ! Qu'il reste seul dans sa voie de justice, je m'en contrefiche ! rugit Sullivan, noyé dans une haine impérissable.

— Sullivan, je t'en prie. C'est ton fils ! Tu ne peux pas le renier pour si peu. Vas-tu le rejeter comme tu me rejettes, moi aussi ?

— Ça suffit, je commence à en avoir ras-le-bol de ces accusations ! Je sors. Mieux vaut que je parte d'ici avant de faire un carnage.

Tout en vociférant, le forgeron dépassa son épouse à grandes enjambées. Celle-ci se plaqua devant lui pour l'empêcher de fuir.

— Tu n'iras nulle part, je n'en ai pas fini avec toi !

— Écarte-toi, Joya ! lui ordonna-t-il, sèchement.

— Je t'en prie, Sullivan, je veux savoir ! Tu n'es plus comme avant. Tu es ailleurs, tu t'énerves pour des broutilles, tu ne fais que partir à longueur de journée. Est-ce à cause de moi ? De notre train de vie ? Ou d'une autre femme ? Je t'en prie, parle-moi ! Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le au moins pour Draval. Il souffre de te voir agir ainsi.

— Je n'ai rien à te dire et encore moins à ce fils indigne. Maintenant, pousse-toi !

À l'étage, enfermé dans sa chambre minuscule, Draval écoutait sans problème le combat opposant ses parents. Seul, il avait l'occasion de se perdre dans ses propres réflexions. Cette pièce entièrement boisée et trouée par les mites n'avait pas bougé depuis son enfance, toujours le même espace dérisoire. Les mêmes jouets dans un coin : un train en bois où il manquait un wagon, un bilboquet à la corde usée et une vieille peluche difforme, le tout recouvert d'une robe de poussière. Draval n'avait jamais eu le cœur de les jeter, tout comme les dessins de bateaux accrochés au sommet de sa commode, où son diplôme avait trouvé sa place due.

Avachi sur ses draps, il commençait à en avoir marre de toutes ces disputes. Il avait tant espéré un retour sur des bases meilleures, celles d'une famille renouée par les liens d'un amour vrai. Or, sa chère mère périclitait à chaque minute à cause du stress et son père n'en était que plus impossible. Sa victoire et son mérite auraient été vains, rien ni personne ne pourrait satisfaire le despote qui régentait leur domicile.

𝐌𝐈𝐋𝐋𝐄𝐈𝐒 𝐆𝐀𝐙𝐄𝐑𝐆𝐑𝐀𝐘, T1 : La Voie des DéfenseursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant