— Avez-vous déjà entendu parler des Maximus Ultors, Monsieur DeGrance ?
En glissant ses doigts dans sa barbichette, le vieillard réfléchit un millième de seconde avant de répondre :
— Bien évidemment que j'en ai entendu parler. Avec le bazar qu'ils forment, ces derniers temps, c'est normal d'en avoir eu vent. Déjà dans ma jeunesse, ces galopins faisaient assez parler d'eux...
— Maximus Ultors existait déjà de votre temps ? s'étonna Lascan, les sourcils rabattus sur ses yeux.
— Bien évidemment, mon garçon. Ils sont apparus voilà des années, je ne sais plus combien exactement ; mais ses membres attaquaient déjà les cargaisons nomades pour leur dérober leurs marchandises et leurs métaux. Ils étaient des voleurs à la petite semaine, ils prônaient la propagande et dégradaient parfois les bâtiments, mais... En mille huit cent trente-trois, leurs agissements ont empiré le jour où l'attaque du gisement de fer de Koltshore, à Galdoroc, a coûté la vie à près de vingt-cinq mineurs innocents. Dès lors, en voyant la peur qu'ils infligeaient aux gens, leur confiance a augmenté et ils ont même commencé à instruire des petits orphelins dans leur cause immorale...
— C'est ce que je pensais, ils les enrôlent très tôt pour leur enseigner les ficelles de leur confrérie. Ça doit être pareil avec ceux arrachés dernièrement à leurs familles, avertit Milléïs, en direction de Laliza.
— En effet. Voyez-vous, c'est exactement ce qu'il se passe ces temps-ci. Des enfants ont été enlevés et nous essayons de les retrouver, continua l'ingénieure.
— C'est terrible...
Manfred venait de murmurer ces mots avec une lenteur hors d'âge. Le son rayé de sa voix sembla presque essoufflé sous le ronflement de son chien, Furdinand. Laliza reprit :
— Pouvez-vous nous en dire plus ?
— Eh bien... Ces derniers jours, j'ai été en vadrouille près des bois environnants de Kettlesbarrow. Par là-bas, on peut y trouver de magnifiques fougères et des jonquilles sauvages. J'y ai d'ailleurs trouvé l'un des plus beaux spécimens d'arcmuliers que je n'ai jamais vu. C'est en rentrant que j'ai croisé un étrange véhicule... Une sorte de bateau-voiture volante en cuivre...
— Un Vapo-Jet ? questionna Draval, comme une certitude.
— Si vous le dites. À son bord, il y avait trois hommes louches et très mal habillés qui sont partis en direction de la Forêt de Liesel. L'un d'eux a été assez impoli avec moi. Il m'a traité de vieux croulant !
Laliza s'impatienta.
— Et en quoi cela peut nous être utile ?
— Je crois avoir vu sur le bras de ce malotru... Le tatouage des Maximus Ultors.
Tous se figèrent d'effroi suite à ces paroles. Milléïs échangea un œil avec Sielle et Draval, pendant que Lascan arborait une mine inébranlable, à l'image de sa supérieure. Laliza sentait l'oppression de l'évidence qui nimbait son entièreté. Celle-ci, d'ailleurs, se redressa, les mains fermement serrées à ses genoux.
VOUS LISEZ
𝐌𝐈𝐋𝐋𝐄𝐈𝐒 𝐆𝐀𝐙𝐄𝐑𝐆𝐑𝐀𝐘, T1 : La Voie des Défenseurs
Viễn tưởngArchipel d'Enkkorag, 1877. Dans un monde où les engrenages côtoient les énergies solaires et les cités homériques, Milléïs évolue. Dès son plus jeune âge, elle nourrit une ambition : protéger les autres, servir la justice et lutter contre le mal. Dr...