Archipel d'Enkkorag, 1877.
Dans un monde où les engrenages côtoient les énergies solaires et les cités homériques, Milléïs évolue. Dès son plus jeune âge, elle nourrit une ambition : protéger les autres, servir la justice et lutter contre le mal.
Dr...
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À leur sortie du pensionnat, les élèves avaient été informés qu'avant le début de leur service, ceux-ci allaient recevoir une semaine sabbatique. Ils allaient pouvoir récupérer et profiter de leurs familles. Milléïs et Draval ne réchappaient pas à cette règle. Le surlendemain matin, ils avaient reçu une missive de félicitations envoyée par le MAJE, leur donnant ensuite rendez-vous au Défensariat de Solécendre pour entamer leur première mission test. C'était un passage obligatoire après la sortie de formation, afin de vérifier l'étendue des capacités des jeunes diplômés en conditions réelles.
Ce rendez-vous était calé pour le six octo, soit dans trois jours. Milléïs avait hâte d'y être pour faire ses preuves. Avec la lettre était joint un colis, celui plus qu'attendu : l'uniforme de service, la représentation même du Défenseur. Dans sa chambre avec Spoon, Milléïs le regardait avec une indicible admiration. En bas, Icencia l'attendait, impatiente de la voir. L'adolescente redescendit quelques minutes plus tard, forçant sa mère à lever les yeux vers l'escalier.
L'uniforme était constitué d'une chemise noire au col haut. Un gilet beige cintré, portant des galons d'or et des rayures sur le torse, se mettait par-dessus. Une cape courte, brodée dans un tissu noble, noire et aux liserés beiges achevait le haut. Le bas était une robe beige bouffante, arrivant aux genoux, décorée de fines coutures de dentelle noire vers le bas. Malgré son épaisseur, elle était très légère et fluide, ainsi qu'accompagnée de collants opaques. De hautes bottes terminaient l'ensemble, dans un cuir sombre.
À sa poitrine, Milléïs portait fièrement son insigne ailé. D'un bond, Icencia se décolla de sa chaise, pétrifiée par cette vue.
Incertaine, Milléïs tentait d'ajuster sa veste, jurant qu'elle était tordue. L'ancienne Défenseure songea que cet uniforme était un petit peu trop grand pour sa fille, mais avec les années, il lui irait encore bien mieux. Redoutant le verdict, Milléïs osa finalement poser la question fatale à son interlocutrice médusée :
— Qu'est-ce que tu en penses ?
Le simple sourire de sa mère la conforta dans la positivité.
— Tu es magnifique, ma fleur.
Au bord des larmes, Icencia marcha jusqu'à sa fille. Elle replaça elle-même le col de la veste de Milléïs et déposa une caresse sur sa joue. Elle était si fière de son accomplissement. Milléïs n'était plus cette petite chenille fragile avec la tête bourrée de rêves dont elle assurait constamment la protection. En peu de temps, elle s'était extirpée de sa chrysalide pour se transformer en une superbe demoiselle au courage exemplaire.
À cet instant, elle venait de le réaliser.
Finalement, toutes deux décidèrent de mettre les voiles. Aujourd'hui, Icencia avait décidé d'emmener Milléïs voir son ancien partenaire, Leodore Grimgormaro, à Kettlesbarrow. Depuis leur rencontre inattendue, l'ancienne Défenseure lui avait promis qu'elle passerait chez lui lorsque Milléïs serait rentrée de son apprentissage. C'était l'occasion rêvée.
