15 | Hayden

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"Maybe one day, you'll understand how I felt that night"

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Elle commence par parler de son enfance. La plus banale qui soit. Sa mère s'est occupée d'elle jusqu'à qu'elle soit en âge d'aller à l'école. Son frère passait pas mal de temps à l'embêter à ce moment-là, il n'a jamais arrêté jusqu'au divorce. Il remplissait son rôle de grand frère à merveille.

Un sourire s'affiche sur ses lèvres quand elle y repense.

Céliane a essayé plusieurs activités extrascolaires, danse, gymnastique, chant, piano, etc. Aucunes n'a jamais réussi à la captiver assez pour continuer. Sauf les sciences, c'est ce qui l'a toujours passionné. Elle ajoute que ce n'était pas plus mal car ses parents ne pouvaient pas se permettre de lui offrir quelque chose de trop coûteux. Ils n'ont jamais été richissime, ce n'était pas un secret.

Toutefois, elle continue de parler mais les mots se font de plus en plus faible et mettent plus de temps à s'enchaîner. Elle s'endort en plein milieu d'une phrase. Jusque-là, j'ignorais que c'était possible. Je pose ma tête dans le creux de ma main pour mieux l'observer. Elle est mignonne comme cela. Blottis contre moi, la respiration tranquille.

Je passe délicatement deux doigts sur son visage pour remettre une mèche derrière son visage. Je dois avouer que le vieux avait raison. Elle traverse une période difficile. Cela ne doit pas être vraiment simple pour elle. Le pire, c'est qu'elle la surmonte toute seule. Et comme un connard, je lui ai retiré son frère. Sans compter son père qui n'est jamais présent, et sa mère qui ne semble pas prendre de nouvelle.

A son âge, j'avais encore mes deux parents, et on n'avait pas de problème. J'ai du mal à me mettre à sa place. A comprendre ce que ça fait de ne pas avoir ses parents présents pour toi. Et puis, ce n'est pas comme si elle allait bientôt devenir majeure. Punaise, elle n'a que 17 ans.

A la surface, elle semble plutôt bien le gérer mais quand on creuse un peu. On voit que ce n'est pas si simple que ça. J'ai pu voir sa détresse dans son regard lorsque j'ai suggéré que je parte. Elle a besoin de personne autour de soi. Même si elle semble le nier et vouloir se débrouiller seule.

Je fais glisser ma main de son oreille à sa joue et la caresse tendrement. Sa peau est si douce, je vais devenir addicte à ce rythme-là. Était-ce une bonne idée de venir me faufiler dans son lit pour la réchauffer ? Je ne crois pas, je commence à avoir du mal à me passer d'elle. Son odeur, sa présence, sa chaleur. J'ai l'impression d'être constamment attiré vers Céliane.

J'ai commencé par m'en méfier. Puis j'ai voulu tout connaître sur elle. Et maintenant, je veux en apprendre d'elle-même. Pas d'information sur de vulgaires papiers. Je veux l'entendre de sa propre bouche, de ses propres lèvres.

Que j'aimerais tant embrasser...

Je me rends compte de ce à quoi je viens de penser au moment où mon pouce s'attarde sur ses lèvres. Les caressants lentement, pour décrire leur courbe, m'imprégnant de leurs textures. Je ne peux réprimer un frisson.

Je dois cesser cela.

Pourtant je n'y arrive pas. Ma tête se penche incontrôlablement vers la sienne, jusqu'à poser mon front contre le sien. D'une respiration tremblante, je retiens l'envie de l'embrasser, de sentir ses lèvres sur les miennes. Mais contre toute attente, d'un mouvement inconscient, elle se blottit encore plus contre moi, rapprochant dangereusement la tentation vers moi.

Je ferme les yeux, respirant son odeur avant de m'éloigner d'elle en me tournant sur le dos. Je pose une main sur mon torse et sens mon cœur palpiter sous la pulpe de mes doigts.

Qu'est-ce qui se passe ?

Je n'ai jamais ressenti cela. Je tourne ma tête pour l'observer, et une vague d'une émotion nouvelle me submerge. Surpris, je bondis en dehors du lit pour m'éloigner le plus possible d'elle, de peur... de peur de quoi ? Je me passe la main dans les cheveux, une sueur froide me parcourt la colonne vertébrale. Mon envie de la rejoindre dans le lit me prend par les tripes.

Pourquoi est-ce que je réagis comme ça ?

Serait-il possible que ce soit cela ? Ce n'est pas possible. J'aurais dû le savoir bien avant. Mais c'est une humaine, peut-être que c'est différent. Peut-être que cela arrive plus tard... Je ne sais pas, je ne sais pas.

- Putain, crié-je en chuchotant tout en me repassant la main dans les cheveux.

Je commence à faire les cent pas dans sa chambre à la recherche de réponse. Le problème, c'est que je ne suis pas assez renseigné sur le sujet.

Les âmes-sœurs.

Merde. J'aurais dû y prêter plus d'attention quand les autres en parlaient autour de moi. En même temps, c'est tellement rare de trouver son âme-sœur de nos jours. J'aurais dû le savoir beaucoup plus tôt, lors de notre première rencontre.

Je me souviens que son odeur m'avait perturbé. Elle était, et est, toujours aussi enivrante. Si bien que j'ai du mal à m'en passer. Mais il y a quelques semaines, je ne cherchais qu'à avoir des réponses. Alors que maintenant...

Soudainement, je sens une autre vague me submerger et je suis obligé de m'appuyer à son bureau pour ne pas tomber. Cependant, un bruit désagréable, un grincement, me vrille les oreilles. Je regarde ma main, et remarque le début de ma transformation. Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à me contrôler ? Je prends de grandes inspirations pour essayer de faire disparaître mes griffes de Loups-garous.

Heureusement, elles commencent à disparaître, mais quand je jette un coup d'œil à Céliane, mon envie revient à la charge.

- Putain de merde.

Dans un élan de lucidité, je me débarrasse de mon caleçon avant que je ne me transforme totalement. Ma vue devient plus claire et plus basse, mon corps plus grand, plus robuste. Je me trémousse pour bien prendre possession de mon second corps. Puis d'un bon, je monte sur le lit. Délicatement, je me remets à côté d'elle en m'allongeant, ma tête posée sur mes deux pattes de devant.

Je l'observe, réfrénant mon envie de la marquer.

Toujours aussi paisiblement endormie. D'un souffle, je fais bouger les mèches de ses cheveux pour les retirer de son visage. Elle n'a pas bougé, elle ne s'est pas réveillée malgré le boucan que j'ai fait. Je souris.

Céliane.

Lune.

Elle est ma lune.

Ma petite lune à moi.

Et si, il se trouve que tu es mon âme-sœur.

Tu m'appartiens tout entière. 

I am not yoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant