28 | Aveu

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"Il est difficile de dire la vérité, car il n'y en a qu'une, mais elle est vivante et a par conséquent un visage changeant"

Franz Kafka

Mercredi 21 décembre

On a finalement trouvé un cadeau. Ça n'a pas été simple. Andrew et moi nous sommes souvent trouvés en désaccord. Soit ce n'était pas assez bien, soit cela ne lui correspondait pas. Pour être honnête, on a passé les trois premiers jours de la semaine en ville. Toutes les vendeuses ou vendeurs des magasins de la rue commerçante ont dû nous voir plusieurs fois. La plupart du temps, on ressortait bredouille du magasin car on n'avait rien trouvé. Mais on y retournait quand même le lendemain pour être sûr qu'on avait tous vu. Oui on est débile, cependant on a trouvé et c'est le principal.

Le cadeau est un foulard en laine, donc plus une écharpe. Elle est bleu clair avec des carré bleu marine, gris ou noir. C'est un peu aléatoire, ce qui fait tout son charme. On a beaucoup hésité avec un pull en cachemire. Il était à bouton d'un violet pastel. C'était dans ses tons mais on a eu un coup de cœur pour l'écharpe. Surtout connaissant sa capacité à tomber malade car elle ne porte jamais de foulard.

C'est l'occasion de lui offrir.

Dans ce tourbillon de boutique, j'ai pu trouver un présent pour Andrew. Il a failli me cramer mais heureusement il n'y a vu que du feu. J'ai fait en sorte que l'on se perde dans la foule pour vite me faufiler dans la boutique où j'avais vu le futur cadeau. Il m'a retrouvé au moment où je sortais de la boutique. Heureusement, j'avais déjà mis son bienfait dans mon sac. Je lui ai expliqué que j'avais pensé voir quelque chose dans la boutique pour Maman justement mais je me suis trompé.

Il m'a gentiment grondé après pour la frayeur que je lui ai faite. Plus de peur que de mal.

- Tu m'as quand même fait super peur, me rappelle Andrew allongé la tête à l'envers sur le canapé du salon.

Il continue de pianoter sur son téléphone.

- Je me suis excusé, et je croyais t'avoir prévenu, répliqué-je assise à table en train d'emballer le cadeau pour Maman.

- Mouai, rétorque-t-il en faisant la moue.

Je soupire. Cette petite frayeur valait bien le coup pour son présent. D'autant plus que cela n'a pas l'air de le déranger plus qu'autre chose, car il ne lâche pas son téléphone. Soudainement, j'entends le bruit d'une clé qu'on tourne dans une serrure. Andrew et moi nous regardons, et dans la seconde qui suit, je lui lance le cadeau commun dans la gueule pour qu'il le jette à son tour dans son sac. Il en tombe même du canapé tandis que je cours mettre le papier cadeau à sa place dans le meuble du salon.

Lorsque notre mère franchit le palier de la porte, Andrew se redresse précipitamment et je me retourne avec un grand sourire.

- Bonsoir Maman, tu rentres plus tôt ce soir ?

Elle nous regarde tour à tour avec un visage soupçonneux avant de soupirer de fatigue.

- Oui, ils m'ont lâché plus tôt aujourd'hui. C'était plutôt calme. Je suis crevée, déclare-t-elle en retirant son manteau et ses chaussures. Ça vous dit que l'on commande quelque chose ?

- Pourquoi pas !

Je jette un coup d'œil à Andrew qui hoche la tête. Après quelques minutes de débat, on finit par choisir des pizzas qui ne mettent qu'une vingtaine de minutes à arriver. Une fois les pizzas coupées en part, on s'installe dans le canapé pour regarder un film.

Andrew me jette de nombreux regards appuyés. Il veut retenter. Depuis que nous sommes arrivés, chaque soir nous essayons d'en savoir plus sur ce que sait Maman à propos de Papa. Mais à chaque tentative, elle arrive à s'en échapper. Je ne pense pas qu'elle le fait exprès. Soit elle est fatiguée et va direct se coucher. Soit elle oublie un truc dans le four et fuit la conversation.

I am not yoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant