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17 octobre 2019,
Maison de Karim et Maria, Madrid

Maria Aguayo

Allongée au fond de notre lit, incapable d'en sortir depuis deux jours, les yeux rivés sur le plafond je ne cesse de me perdre dans mes pensées. Je n'ai plus la force de rien faire, même les taches les plus essentielles me sont difficiles. Je sens le regard de Karim sur moi, même lorsque je ferme les yeux. Il ne cesse de faire des allers-retours dans la chambre dans l'espoire que j'arrive à me sortir de là. Il pense que je ne l'entends pas, mais je perçois ses soupirs chargés d'inquiétude qui s'échappent de ses lèvres. Sa présence bienveillante, pourtant, ne parvient pas à dissiper l'obscurité qui m'enserre le coeur, m'empêchant de retrouver ne serait-ce qu'un semblant de paix. Je ne dors plus. Je ne mange plus. La coquetterie qui me caractérisait semble s'être évanouie dans les méandres de ma détresse intérieure. Je n'ai plus le goût de rien, et le traitement ne semble rien y changer. Je sens le bout du lit s'affaisser sous le poids de karim.

Karim Benzema

L'état de Maria se dégrade de jour en jour, malgré tous nos efforts rien de s'arrange. Elle ne le sait pas mais je l'entends se lever la nuit pour se faire vomir. Je ne sais pas quand cette horrible habitude a commencé mais tout ce que je sais c'est que cela m'inquiete énormément. Je me sens impuissant face à tout ça. Je voudrais la secouer pour qu'elle se réveille et qu'elle redevienne la Maria que j'ai connu ; cette femme toujours souriante, heureuse, blagueuse, taquine, coquette, elle est mon rayon de ciel et depuis qu'elle est tombée en dépression mon monde s'est assombri. C'est comme si une part d'elle s'était éteinte.

Maria Aguayo

- Maria, je t'entends la nuit, tu sais. Sa voix résonne dans l'obscurité oppressante de notre chambre à coucher. Je reste immobile, silencieuse, sentant le poids de ses mots s'enfoncer dans les fissures déjà béantes de mon être. Te faire vomir n'est pas la solution, ça ne fera que te détruire davantage. En plus, tu ne permets pas a ton traitement de faire effet si tu le régurgite.

- Tu n'as pas à te mêler de ça, Karim. Ma voix, éraillée par les nuits sans sommeil, se glisse hors de ma gorge sèche. Je me déteste, d'accord ? Il n'y a rien que tu puisses faire pour changer ça.

Mon coeur se brise un peu plus de savoir que je peux le blesser dans ma tristesse mais je n'y peux rien, tout ça est plus fort que moi. Je pensais avoir été discrète pour ne pas l'inquiéter plus qu'il ne l'est déjà mais apparement je vais devoir apprendre à être plus silencieuse.

- Maria, je t'aime. Son aveu, empreint de désespoir, fend l'armure que j'ai patiemment construite autour de mon cœur meurtri. Je ne vais pas te laisser tomber, peu importe les obstacles. Quel homme je serais si je te laissais tomber dans un moment pareil.

Les mots qu'il me chuchote pénètrent ma conscience, mais ils semblent se perdre dans le tumulte de mon esprit.

- C'est trop tard, Karim. Les larmes s'échappent de mes yeux, silencieuses comme une pluie froide d'automne. Les gens parlent, tu sais. Ils ne parlent plus seulement de nous, mais aussi de ma santé mentale. Ils me traitent de folle. Tu ne devrais pas être moi. Je ne suis pas une personne pour toi, je ne fais que te trainer vers le bas.

- Si je suis là c'est parce que je l'ai choisi. Je veux t'aider Maria mais je ne peux pas tout faire seul.

- Je ne suis pas sure qu'il y ait encore de l'espoir pour moi. Je ne suis même pas sur de vouloir encore m'en sortir. Laisse moi s'il te plaît j'ai besoin d'être seule.

différents ; karim benzema Où les histoires vivent. Découvrez maintenant