Chapitre 8

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23 septembre 2023-Pablo

« Mais tu vas l'envoyer, ce message?»

Cette phrase, ça doit être la centième fois que Fermin me la dit, aujourd'hui. Et à chaque fois, je souffle. Il a eu la merveilleuse idée de prendre le numéro de téléphone d'Eléna. Alors, en plus de l'avoir enregistré dans son téléphone, il l'a fait dans le mien, sans même prendre le temps de me demander mon avis. Donc, depuis ce matin, il veut à tout prit que je lui envoie un message, et que je l'invite à venir prendre un café avec moi, aujourd'hui.

Ce n'est, certes, pas l'envie qui me manque. J'ai bien apprécié sa compagnie, c'est vrai. Mais le problème, c'est bien que je penses mettre assez fait passé pour un fou. Un débile. Et peut-être même un psychopathe. Elle a donné son numéro à mon meilleur ami, pas à moi, alors il est normal qu'elle trouve bizarre le fait que je veuille lui envoyer un message. Elle doit déjà me trouver bizarre, de toute façon.

« Mais Pablo! On a qu'une vie bon sang! Peut-être que le feeling passera avec elle, peut-être pas. Mais si tu n'essaye pas, si tu ne prends pas le temps de la connaître, tu ne sauras jamais. Et je peux te le dire de source sûre, tu passerais à côté de quelqu'un d'important.»

Mais ce n'est pourtant pas ça, le problème. Le problème, c'est que ce serait beaucoup trop bizarre, de se revoir. Je ne saurais pas quoi dire, et elle non plus. En plus de ça, je risque de me faire reconnaître, et la situation sera encore plus gênante qu'elle ne l'est déjà.

« Je sais à quoi tu penses, Pab'. Et honnêtement, je comprends. Mais il ne faut pas que ça te bloque. Sincèrement, je penses qu'elle n'en a rien à faire.

- Tu penses, mais tu ne sais pas. Je me suis déjà fait passer pour un débile plusieurs fois. Trop de fois même.»

C'est à son tour de souffler, avant de se mettre à me fixer durement. Il va me répéter que je ne me suis pas fait passer pour un débile, que ça peut arriver à tout le monde, et j'en passe. Sauf que non, il n'y a que moi que ça arrive.

« Roh, mais tu m'énerves quand tu t'y mets!»

D'un geste brusque, il attrape mon téléphone, avant d'écrire quelque chose. Je n'ai pas le temps de le reprendre, puisqu'il s'éloigne un peu de moi. A en voir le sourire qu'il a, je sais que ce n'est pas quelque chose qui va me plaire. Très vite, il me tend mon téléphone, un énorme sourire scotché au visage. Je le déteste.

« Dans quelques mois, tu pourras me remercier.»

Je fronce les sourcils, ne voyant pas où il veut en venir, et mes yeux se posent sur l'écran de mon téléphone.

A Eléna:

Salut! C'est Pablo! Le mec relou qui adore te bousculer. Je voulais savoir si tu étais libre cet après-midi, pour venir boire un café avec moi? Promis, cette fois, je ne te bousculerais pas!

Le mec relou qui adore te bousculer? Je ne suis pas relou, et je n'aime absolument pas la bousculer. Pour qui il va encore me faire passer? En plus de ça, ce n'est pas ma façon d'écrire. Parfois, je me demande vraiment à quel moment je me suis dit que c'était une bonne idée d'être ami avec Fermin. Il me fout toujours dans une merde monumentale.

[...]

Assis sur une des tables du café, ma capuche sur la tête, je fixe la porte du regard, espérant y voir une silhouette brune la passer. Elle m'avait simplement répondu qu'elle verrait si elle peut passer, ou non. Et honnêtement, j'ai peu d'espoir qu'elle vienne. C'est vrai, rien ne l'y oblige. Encore moins moi.

Perdant espoir, je sors mon téléphone de ma poche, et commence à regarder Instagram. Plus les minutes passent, plus je me rends compte qu'elle ne viendra pas. Et je la comprends. Venir voir un parfait inconnu, dans un endroit pas trop fréquenté, ça fait peur. C'est comme ça que beaucoup de films d'horreurs commencent, après tout.

« Salut!»

Je sursaute en entendant sa voix, et relève très vite la tête vers elle. Elle se trouve là, un faible sourire sur le visage, et ce qui s'apparente à son sac de cours sur le dos. Très vite, je l'invite à s'installer, et prends de ses nouvelles.

Je n'ai pas l'habitude de sortir avec des filles. Je veux dire, je n'ai pas l'habitude d'aller prendre un café avec des filles. Je ne sais donc pas quoi dire, ni faire. Fermin m'a simplement dit d'être «moi même». C'est bien facile à dire. Moi même... C'est à dire un mec coincé, qui ne sait jamais quoi dire? Si c'est ça, être soit même, ce n'est pas très dur.

« Tu veux boire quelque chose? Je te l'offre!»

Si ma mère m'a bien apprit quelque chose, c'est à être galant. Et puis, je la dérange, alors je lui dois bien ça. Au moins ça. Je hais Fermin de me mettre dans des situations si gênantes. Ce n'est pas elle le problème, mais c'est moi.

« Je ne peux pas rester longtemps. J'ai quelques devoirs à rendre cette semaine, et j'aimerais m'avancer un maximum.

- Pas de problème!»

Pendant quelques minutes, on se regarde dans le blanc des yeux, sans jamais rien dire. C'est une fois de plus, extrêmement gênant. Mais aucun de nous parle. On ose à peine respirer, de peur de faire trop de bruit. Doucement, je tourne ma tête vers la fenêtre extérieur, ne sachant toujours pas quoi dire. Je sursaute une fois de plus lorsqu'elle parle.

« D'ailleurs, Fermin ne m'a pas dit! Enfin, je ne crois pas... Vous faîtes quoi comme travaille?»

Mes yeux s'ouvrent en grands, et je manque de m'étouffer avec mon café. Ce n'est pas forcément à cette question que je m'attendais. Enfin, pas au début. Mais après tout, elle a vu une partie de l'équipe, et doit se douter de quelque chose. Ce n'est pas habituel, d'être ami avec quelqu'un de trente ans, lorsque tu en as dix-neuf. Pourtant, je ne sais pas si Fermin veut que je lui dise, ou non. Je n'en sais rien. Et même si habituellement, j'aurais été capable de deviner, aujourd'hui, mon cerveau ne répond plus de rien. C'est comme si mon cerveau ne voulait plus réfléchir.

« Oh, hum... Dans le milieu sportif!

- Oh, cool! J'avais une amie quand j'étais à Madrid qui voulait aussi travailler là-dedans.»

J'examine son visage pendant plusieurs secondes, mais elle semble me croire. Après tout, je travaille bien dans le milieu sportif, non?

« Donc toi, tu veux être kiné?

- Exactement! Depuis toute petite. C'est un peu une passion.»

Et pendant de longues minutes, on parle de tout et de rien, oubliant toute la gêne qui nous animait au début. On parle, comme le ferait deux personnes normales. On apprend à se connaître, comme le ferait des personnes normales. On rigole même de temps à autre.

Si bien que lorsqu'elle doit partir, je suis tout de même un peu déçu. J'espérais qu'elle resterait tout de même un peu plus longtemps, avec moi.

Je ne déteste peut-être pas tant Fermin que ça...

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Bonsoir, bonsoir!

Comment vous allez?

Ralala, Fermin joue vraiment le Cupidon...

N'oubliez pas ce que j'ai écris dans le prologue, ça peut être important!

Tout est toujours important.

Parce que vous n'êtes pas à l'abris de quelques surprises...

En tout cas, ces deux-là se sont enfin revu, et sans se foncer dedans!

Vos avis pour le moment?

Des idées pour la suite?

On se retrouve mercredi!

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