29 janvier 2024-Eléna
Assise sur une chaise d'un café londonien, Olivia à côté de moi, je sirote mon chocolat chaud, qui n'est, à présent, plus si chaud qu'il devrait l'être. Dehors, de gros flocons de neige tombent, laissant une couche assez épaisse de neige sur le sol. Mon téléphone prend place sur la table, et je vérifie une fois de plus qu'il ne m'a pas envoyé d'autres messages.
Le message qu'il m'a envoyé, hier après midi, m'a remplit d'une telle joie. Mais surtout, j'ai enfin pu m'assurer qu'il ne lui était rien arrivé. Qu'il était en sécurité. Où, je ne sais pas, mais en sécurité. Et c'est tout ce que m'importe. Je n'attendais que ça. Mais je penses que ce n'est une surprise pour personne.
Toutes les peurs, enfin presque, que j'avais, se sont évaporés, et le sommeil m'est revenu. Tout comme mon sourire, et ma joie de vivre habituelle. Je n'avais peut-être pas pris conscience des conséquences que cette situation avait eu sur moi. Sur mon humeur. Peut-être aussi sur mes compétences. Pourtant, une dernière question, qui me semble importante, ne veut pas quitter mon esprit, malgré mes tentatives désespérées.
« J'avais une question...
- Je t'écoute!»
Depuis que je suis ici, donc presque un long mois, je n'ai que très rarement parlé. En réalité, pratiquement pas. Des formalités, même avec les patients, et ça s'arrêtait là. De toute façon, ça me suffisait. Je n'avais pas la tête à ça. Je fixais mon téléphone toutes les secondes, dans l'espoir d'y voir quelque chose. Un message, un vu, une annonce. Ou même quelque chose d'anodin pour certains, d'important pour moi.
Mais maintenant, je sais que j'ai moins à m'inquiéter. Je m'inquiète toujours, c'est évident, mais bien moins. Je sais qu'il va bien, qu'il lit mes messages. Alors le reste m'importe bien moins. Voire pas. Et je crois que le fait que je me décide enfin à parler, enchante Olivia. Alors, maintenant, je m'en veux d'avoir fait la muette, parce qu'elle ne le mérite pas. C'est une femme en or, et d'une douceur sans nom.
« Comment tu as fait pour me connaître? Je veux dire, savoir comment je «travaille»?»
Ses sourcils, parfaitement épilés, se froncent, et elle me regarde, sans vraiment comprendre où je veux en venir. Pourtant, c'est bien simple. Je me suis toujours interrogée sur ça. Parce que je trouve ça quand même bizarre que Kiara et Esteban aient parlé de moi, comme ça, sans trop de raison. Je trouve ça vraiment bizarre.
« Je crois que je comprends pas...»
Elle me regarde, ses sourcils toujours froncés. Je ne pensais pas que ma question était si dure à comprendre. C'est simple, elle a pourtant juste à me répondre.
« Je te l'ai déjà dit, Kiara et Esteban, avec qui j'avais parlé, m'ont contacté. Kiara, principalement, a vendu tes mérites. J'étais vraiment surprise et étonnée, car je ne pouvais pas croire. Du moins, pas sans l'avoir vu Donc, comme elle me l'a demandé, je t'ai prise. Pourquoi?»
C'est à mon tour, de froncer les sourcils, et d'entrouvrir la bouche. Visiblement très étonnée. Elle m'avait déjà dit que c'était les kinésithérapeutes du club catalan, qui lui avaient parlé de moi. Pourtant, je ne savais pas pourquoi. Ni comment. Je ne trouvais pas de liens possibles, et encore moins logiques. Et même maintenant, ça me semble vraiment bizarre. Qu'ils se connaissent, pourquoi pas, mais de là à se contacter, pour moi? Pour la première fois, j'ai de gros doutes. Mais pas spécialement sur Olivia. Parce que je la crois. Cette femme est trop pure, pour mentir sans que je puisse le remarquer. Ou sinon, elle est très très forte.
« Pourquoi Kiara t'aurait parlé de moi?
- Je n'en sais pas plus que toi, je t'avoue. Apparemment, un joueur de Barcelone, aurait aussi vendu tes mérites. C'est sûrement pour ça qu'elle s'est décidée à me contacter. Je ne peux pas t'aider sur ce coup-là, Eléna.»
Un joueur? Je suis certaine, même sans en avoir de preuves, que ça n'est pas Pablo. Il n'aurait pas fait ça, sans mon consentement. Et il n'aurait pas pu savoir que Kiara était en contact avec Olivia. De toute façon, il suffit juste de voir sa réaction, vis-à-vis de mon départ, pour savoir qu'il en aurait été incapable. Pas s'en m'en avoir parlé, et s'être préparé. Sinon, il m'aurait donné des nouvelles comme si de rien était.
Pourtant, je ne dois pas savoir qui n'a pas parlé à Kiara, mais plutôt qui l'a fait. Il y a tellement de joueurs dans cette équipe, que ça pourrait être n'importe qui. Alors, je ne sais pas. Je ne sais pas qui c'est. Si c'était une bonne intention, ou non. Si c'était pour mon bien, ou non. Je n'en sais strictement rien.
« Tu connais Kiara depuis quand?
- Le lycée. En seconde. On était dans la même classe, on voulait faire les mêmes études, alors on est vite devenues copines.»
J'étais pourtant persuadée qu'elle m'avait dit qu'elles se connaissaient depuis l'université. En première année. J'étais persuadée que Kiara m'avait dit ça. Je pourrais me tromper, mais j'en suis tellement certaine, que c'est presque impossible. C'est ce qu'elle m'a dit mais... Mais il y a quelque chose qui ne va pas.
« Et tu l'as connais bien?
- Je ne dirais pas vraiment ça, non. Mais on a passé beaucoup de temps ensemble, donc un peu, oui. Mais je suis pas sûre de comprendre... Qu'est-ce qu'il se passe?»
J'en sais rien. Strictement rien. Mais j'ai une mauvaise intuition. Je ne saurais pas comment l'expliquer. Mais j'ai beau chercher, encore et encore, je ne trouve rien. J'essaie de me remémorer le nom de chaque joueurs du club, et leur lien avec Kiara, mais ça ne m'aide pas vraiment.
J'ai l'impression que mon cerveau n'arrive pas à correctement réfléchir, et que c'est pour ça que je ne trouve pas. Mon cerveau n'est qu'un brouillard d'information, toutes indéchiffrables. A moins que...
Elle n'aurait pas fait ça, quand même?
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En un regard||P.G
RomanceÉléna Gomez, une jeune femme au tempérament paisible, avait toujours eu pour ambition de poursuivre ses études de kinésithérapeute dans la vibrante ville catalane. Là-bas, elle espérait trouver un havre de paix pour se consacrer à sa passion pour la...