10 mars 2024-Pablo
Terminant de lasser mes crampons, je regarde Fermin, qui vient tout juste d'arriver, en retard pour ne pas changer, l'air toujours aussi joyeux. Si je pensais que le fait qu'il ait son permis, du premier coup, et donc qu'il puisse se déplacer seul, ferait en sorte qu'il arrive à l'heure, c'était une grossière erreur. Depuis deux semaines, il arrive systématiquement en retard. Plus qu'on ne l'était avant. Et donc, fait systématiquement des tours de terrain.
« Coucou, Pablito!
- Dépêche-toi, tu as deux minutes, Xavi va te tuer si tu continues.
- Quel rabat-joie que tu fais mon cher Pablo. On prend des nouvelles des gens, en général, on ne les engueule pas.»
Je souffle fortement, en attrapant ma gourde d'eau, et en lui rappelant de se dépêcher. Il est vrai que depuis que Xavi nous a annoncé partir à la fin de la saison, il est moins sévère, et n'est plus si exigeant quant aux retards répétés de mon meilleur ami.
La nouvelle de son départ a été un énorme choque pour tout le monde. J'étais revenu depuis deux pauvres semaines, et les victoires se faisaient maigres, mais nous gagnions quand même. Pourtant, notre coach a bien annoncé que le trente juin, il ne ferait plus partit de la famille, et qu'il partirait pour une destination encore inconnue.
Maintenant, l'équipe n'a qu'un seul objectif: le rendre fier le plus de fois possible. Notre objectif est de lui faire obtenir un maximum de trophée, et de le rendre fier dans tous les cas. Pour qu'il voit que, même si son départ nous impacte tous, on fera toujours de notre mieux. Notre jeu sur le terrain se fait difficile, je l'avoue, mais on se bat quand même. Parce que le plus important est de ne jamais perdre espoir.
« Pablo! Tu sais où est Fermin?
- Dans les vestiaires. Il vient d'arriver.»
Je l'entends souffler, et marmonner des mots incompréhensibles en marchant. Si j'ai dit que ça ne le dérangeait pas tant que ça, il n'empêche qu'il est d'une humeur détestable, en voyant Fermin arriver comme si de rien n'était. Sur ce coup-là, j'avoue qu'il abuse, parce qu'il sait pertinemment qu'il se fera tuer. Mais Fermin reste Fermin. Et il n'en aura quand même rien à faire.
« Robert! Comment tu vas?
- Prêt à me faire engueuler. Et toi?
- Prêt aussi.»
Même si j'ai finis par être nommé MVP du match, j'aurais largement pu mieux faire. Robert sait pertinemment que son jeu au dernier match a été catastrophique. Pourtant, l'équipe entière sait que Robert est un de nos meilleurs éléments, et qu'on peut difficilement se passer de lui, alors quand son jeu est mauvais, le notre aussi.
« Sinon, avec Eléna? Elle revient bientôt, non?
- On se parle tous les jours, et on essaie de s'appeler un maximum. Après c'est pas vraiment facile, puisqu'elle revient dans deux semaines, elle travaille encore plus.
- Dit-toi que ce n'est qu'une question de jours, et que tu verras ton amoureuse pour-
- FERMIN!»
Tout le monde s'arrête immédiatement de parler, devant l'éclat de voix de Xavi. Il s'énerve rarement comme ça, mais je crois que cette fois-ci, Fermin aurait du se dépêcher. Son visage se décompose, me faisant doucement pouffer.
« De quoi l'énerver encore un peu plus.»
J'hoche la tête, conscient que Frenkie a raison, et qu'encore une fois, Fermin a réussi à encore plus l'énerver. Je souffle à mon tour, en me rappelant que j'ai oublié de répondre aux messages d'Eléna, me racontant sa journée d'hier, ne voulant pas être en retard.
« Bon, pendant que l'autre fait ses cinquante tours de terr-
- Mais c'est trop...
- Soixante tours de terrain, je vais vous rappeler quelques petites choses, qu'il me semble que vous avez oublié.»
Fermin souffle, en se plaignant que c'est trop, et qu'il va «mourir». Xavi lui dit, enfin lui hurle, que si il ne s'y met pas immédiatement, ce n'est pas soixante, mais soixante-dix tours qu'il devra faire. Mon meilleur ami commence donc à courir, tout en soufflant et en râlant.
« Ai-je besoin de vous dire à quel point vous avez été nul au dernier match? Certes, nous avons gagné, mais contre Las Palmas, nous devions nous montrer plus fort. Ce n'est pas une grosse équipe, et pourtant, ils se sont montrés dominant tout le match. Pablo, tu as été homme du match, et c'est bien, mais je veux que tu arrêtes de sans cesse être dans tes pensées sur le terrain, ou tu iras rêver sur le banc.»
Ce n'est pas de ma faute si je pense à Eléna toute la journée...
« Robert, tu te réveilles? Frenkie, tu penses que c'est parce que tu es père, et que tes nuits sont courtes, que tu as le droit de dormir sur le terrain? Les gars, si vous ne vous ressaisissez pas tout de suite, cette fin de saison est morte. Vous voulez remporter la Ligue des Champions, je me trompe? Alors réveillez vous, merde. Nous sommes deuxième de la Liga, qualifiez pour les quart de finale. Rien n'est encore perdu, et j'y crois. Mais pour ça, il vaudrait mieux enfin s'y mettre, et ne pas rester sans bouger sur le terrain.»
Sa voix est froide, témoignant de sa vive colère. Je le comprends. Nous jouons dans le meilleur club du monde, à mes yeux, alors nous devons montrer que nous méritons notre place dans ce club. Nous devons montrer que, malgré un mois de janvier moyen, et quelques points de différences avec Girona, rien n'est encore perdu. Xavi ne veut que notre bonheur, et c'est avec ses mots tranchants qui nous le montre. Il nous explique, avec plus ou moins de délicatesse de quoi nous sommes capables.
« Alors ne me forcez pas à en mettre certains sur le banc. Montrez de quoi vous êtes capables. Montrez qui sont les meilleurs. Qui joue dans le meilleur club du monde. Ne vous laissez pas abattre par quelques défaites, sans trop d'importance. Vous êtes devant le Réal, les gars, alors montrez pourquoi! Montrez l'entièreté de votre talent, et plus tard, vous en serez fiers.»
Être devant notre plus grand rival, et déjà une forme de victoire. J'accepte que Girona remporte cette Liga, parce qu'ils le méritent et qu'ils font une saison hors du commun, mais certainement pas que ces joueurs soient devant nous. Je veux montrer à tous les supporteurs madrilènes qui nous huent, de quoi nous sommes capables. Qui nous sommes. Quel club est meilleur que.
Je veux surtout rendre Eléna fière.
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Bonsoir!!!
Comment vous allez?
On reprend doucement les jours de post habituels!
Enfin, Pablo est de retour à l'entraînement!
Fermin reste Fermin, et ses retards sont de retour aussi!
Un conseil, ne vous en réjouissez pas très (je suis sadique, je sais).
Enfin, on se retrouve mercredi!!
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En un regard||P.G
RomanceÉléna Gomez, une jeune femme au tempérament paisible, avait toujours eu pour ambition de poursuivre ses études de kinésithérapeute dans la vibrante ville catalane. Là-bas, elle espérait trouver un havre de paix pour se consacrer à sa passion pour la...