Chapitre 35

694 20 15
                                    

On toque à ma porte et la tête de mon père apparaît un instant après.

— Mon ange. Je peux entrer ?

— Oui.

Je pose mon téléphone et papa vient s'asseoir sur le lit.

— Maman m'a parlé de votre discussion de tout à l'heure.

Je soupire.

— Si c'est elle qui t'as dit de venir pour me raisonner, ou si c'est pour prendre sa défense...

— Je viens de mon propre chef. Je veux juste te raconter pourquoi ta mère n'a pas pu faire ce qu'elle aurait aimé faire.

Je me redresse un peu, prête à l'écouter.

— Ta mère avait commencé ses études de médecine. Et pendant sa deuxième année, on a appris qu'elle avait fait un déni de grossesse à cause de sa fausse couche. Elle est rentrée par la suite dans une phase de dépression et elle n'a pas pu continuer d'étudier, c'était compliqué mentalement et elle a perdu le rythme et tu te doutes bien qu'aux examens...

Il laisse sa phrase en suspens. Oui j'ai bien compris...

— Ça s'est arrangé au fil du temps, j'étais là pour elle, notre famille était là pour elle, et elle s'en est peu à peu sortie. Ce n'était pas une dépression sévère, mais tu vois ça a suffit à faire basculer son avenir.

J'acquiesce tristement. Je comprends mieux pourquoi maman est si...elle. Fermée, sur notre dos et stricte. Elle veut en quelque sorte nous protéger.

— J'entends bien, commencé-je. Et ça explique beaucoup de choses, notamment pourquoi elle est comme ça. 

— Elle ne l'a pas toujours été, précise papa, un sourire triste aux lèvres. Elle s'est refermée sur elle-même quand s'est arrivé. On réagit chacun à sa manière, mais l'important c'est d'être entouré.

— Et tu étais là toi.

— Bien sûr.

Je souris. J'ai toujours trouvé mignon l'amour que mes parents se vouent l'un à l'autre, malgré le fait qu'ils ne le montrent pas forcément devant nous. C'est très subtile, mais moi je l'ai discerné.

— Mais c'est pas parce que maman n'a pas pu continuer à faire ce qu'elle voulait pour décrocher un "beau métier" comme elle le dit, que c'est à moi de prendre la relève. Moi seule décide de mon avenir papa.

— Je sais chérie...

— Tu peux lui parler ? S'il te plaît ? 

Papa n'ose pas s'opposer aux décisions de maman, mais j'ai vraiment besoin de lui sur le coup.

— Je vais essayer. Mais je te garantie rien tu sais comment elle est.

— Oui, marmonné-je.

Il pose une main réconfortante sur mon épaule et se lève. Avant qu'il ne quitte la pièce, je dis:

— De toute façon, je ferai ce que je veux. C'est ma vie, mes choix.

~ Point de vue de Pete ~

Je tire une dernière fois sur ma clope et la jette par terre. Je l'écrase avec mon pied, la ramasse et vais la jeter dans la poubelle la plus proche. Je détruis mes poumons mais pas la nature au moins. Non, je n'essaye pas de me trouver d'excuses si c'est ce que vous pensez.

Je prends un chewing-gum et souffle bruyamment. Vinnie est en retard. En plus ce con m'a rendu nerveux en me déclarant hier qu'il avait une surprise pour moi aujourd'hui.

𝐅𝐀𝐓𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant