La poursuite du bonheur

Prologue

       Ce jour-là, il faisait si chaud. Le ciel était bleu comme l'océan se reflétant sur l'espace un jour d'été. Pour Yuri, c'était le jour parfait pour jouer dehors avec ses amis. Il en rêvait. Pourtant ce même jour il n'avait pas pu jouer avec ses amis, puisqu'il n'en avait pas. Personne ne voulait jouer avec lui, personne ne voulait de lui.
      — S'il vous plaît, moi aussi je veux jouer !
     Le petit Yuri avait les larmes aux yeux, tenant un ballon tout abîmé entre ses doigts frêles.
        — Dégages, Yuri ! On ne veut pas jouer avec toi.
     Devant lui se tenait plusieurs garçons, tous le regardaient avec des yeux peureux, comme ci il n'était qu'un vilain monstre.
      — Pourquoi pas ? Je veux jouer avec vous !
     Une larme coula sur sa joue rosée. Au fond il savait pourquoi mais il voulait l'entendre une bonne fois pour toute.
   — Mon papa a dit que si on t'approchait, on allait avoir des problèmes à cause de ton père. Donc va t'en ! On ne joue pas avec les méchants.

     Au fond de son petit cœur, le garçon d'à peine huit ans savait pourquoi personne ne voulait jouer avec lui. La réputation de sa famille faisait frémir de peur beaucoup de cette école, ou même de cette ville. Peut-être que Yuri n'était pas assez grand pour vraiment comprendre, mais ce jour-là il comprit une chose.
         Le soir en rentrant chez lui, Yuri pleura en courant jusque dans sa chambre. Peinant à le rejoindre, une bonne ramassa le sac à dos qu'il lâcha dans sa lancée, sachant qu'elle ne pouvait pas le consoler. Elle n'était pas sa mère, elle n'était qu'une petite servante qui n'allait pas tenir longtemps dans cette maison de fou.
         Yuri avait tellement pleuré ce soir-là. Son père était venu le voir, se posant sur son lit à essayer d'arrêter qu'il pleure pour une énième fois.
       — Dis moi ce qu'il s'est passé, Yuri ?
      La voix grave de son père le fit se redresser. Yuri sauta dans les bras de son père en pleurant d'avantage, ayant du mal à gérer ses émotions:
        — Je ne veux plus aller dans cette école ! Je déteste comment les gens me traitent ! Je n'ai rien fait.. mais ils pensent tous que je suis méchant.
    Il renifla.
       — Je voulais juste jouer au ballon mais tout le monde me fuit à cause de toi.
Le petit releva la tête vers son père, les yeux rouges et humides.
    — Papa... dis moi pourquoi tout le monde me traite de méchant.
    Le père de Yuri le regarda quelques secondes, puis lui envoya un léger sourire en posant la main dans ses cheveux doux:
    — Yuri... n'écoute pas ces personnes, elles ne savent rien. Tu dois être fort. Ne crois pas que je suis le méchant, notre famille est gentille, ne t'inquiète pas.
Face à ses paroles, le corps de Yuri se détendit. Ses pleurs s'arrêtèrent. Avec une pointe d'espoir, le petit garçon sourit alors à son père, mais se sourire s'arrêta vite, face à la dure réalité de la situation.
    — Yuri, mon garçon, dis moi qui t'as dit des choses méchantes à l'école. Amène les moi, je m'en débarrasserai.
    Soudain, les paroles du père de Yuri lui donnèrent mal au ventre. Ses yeux étaient vides d'amour, et il savait, même à son jeune âge, que son père n'éprouvait aucune humanité. Le garçon se détacha alors de son père lentement, et c'est là qu'il comprit réellement pourquoi tout le monde avait peur de lui à l'école.
Ce jour là fut le dernier jour où Yuri appela son père Papa, comprenant qu'il était bel et bien le méchant.